Politiques macroéconomiques de l’OIT

Quand les jeunes travailleurs sont laissés pour compte: les coûts macroéconomiques du chômage et du sous-emploi des jeunes

Kee Beom Kim, spécialiste des politiques macroéconomiques et de l’emploi à l’OIT, explique pourquoi aider les jeunes à accéder à un emploi de qualité est essentiel non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour la stabilité macroéconomique globale d’un pays, à un moment où les économies traversent des périodes de changement et d’incertitude.

19 décembre 2025

Teenage students in uniform © Unsplash/ Fajar Herlambang STUDIO
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    Kee Beom Kim
    Spécialiste des politiques macroéconomiques et de l’emploi

Le récent Forum international du travail co-organisé par la province coréenne Gyeonggi et l’OIT, qui vient de s’achever, a réuni des décideurs politiques, des organisations d’employeurs et de travailleurs, ainsi que des jeunes du monde entier pour examiner les opportunités et les défis auxquels sont confrontés les jeunes sur un marché du travail transformé par le télétravail, la transition écologique, l’intelligence artificielle, l’automatisation et l’économie numérique.

Alors que les marchés du travail ralentissent à l’échelle mondiale[1], le coût personnel d’un début de carrière en période de ralentissement est considérable, et les implications macroéconomiques peuvent être tout aussi graves. Le chômage et le sous-emploi persistants des jeunes menacent la productivité à long terme, la soutenabilité budgétaire et la croissance économique. Une nouvelle dimension préoccupante émerge également : l’intelligence artificielle pourrait de plus en plus remplacer précisément les emplois d’entrée de gamme qui ont traditionnellement servi de tremplin vers un emploi stable. [2] 

Les stigmates, largement documentés, qui frappe les jeunes entrant sur le marché du travail pendant une récession — avec des pertes de salaire de 10 à 15 % pouvant persister pendant une décennie ou plus — n’est pas seulement une somme de difficultés individuelles.[3] À grande échelle, il devient un frein macroéconomique. Lorsque de larges cohortes de jeunes travailleurs sont piégées dans des emplois de mauvaise qualité ou exclues de l’emploi, elles ne parviennent pas à accumuler les compétences, l’expérience et l’adéquation à l’emploi qui sous-tendent la croissance de la productivité. Parallèlement, un chômage élevé des jeunes crée une double charge fiscale : il réduit les contributions fiscales sur toute une vie tout en augmentant les dépenses publiques pour le soutien du revenu et les services associés.

Ces effets s’aggravent avec le temps, réduisant le potentiel de croissance à long terme d’une économie. Une génération « marquée » par des perspectives de revenus plus faibles, des résultats de santé moins bons et une formation tardive des ménages contribue moins à la demande globale et à l’innovation. En retour, une demande atone peut affaiblir davantage les marchés du travail, renforçant un cercle vicieux. Comme ces impacts touchent de manière disproportionnée les jeunes défavorisés, ils aggravent aussi les inégalités, sapant la cohésion sociale et la croissance durable.

Lutter contre le chômage et le sous-emploi des jeunes n’est donc pas seulement un impératif social, mais aussi un investissement macroéconomique. La politique macroéconomique elle-même a un rôle central à jouer en soutenant la stabilité des prix, en maintenant la demande globale et en favorisant les conditions d’un emploi plein et productif — afin que les jeunes d’aujourd’hui puissent devenir les moteurs de la croissance de demain.

 

*The views and opinions expressed in this article are those of the author and do not necessarily reflect the official policy or position of ILO.

A propos de l'auteur

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    Kee Beom Kim
    Spécialiste des politiques macroéconomiques et de l’emploi

Kee Beom Kim est le spécialiste des politiques macroéconomiques et de l’emploi au sein du Département des politiques de l’emploi, de la création d’emplois et des moyens de subsistance du Bureau international du Travail (BIT), basé à Genève, en Suisse. Au cours de ses vingt années de carrière au BIT, il a également été en poste à Bangkok et Jakarta. Ses travaux portent sur la recherche concernant les principales questions macroéconomiques et d’emploi ainsi que sur l’appui technique à la conception et à la mise en œuvre des politiques économiques, de l’emploi et du marché du travail.

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