Évaluations de l'impact sur l'emploi du projet Great North Road Upgrading (GNRU) en Zambie

Pour un résumé du rapport et de ses principales conclusions, veuillez consulter la note d'information ci-dessous.

Le projet STRENGTHEN2 de l'OIT réalise des évaluations de l'impact sur l'emploi des investissements financés par l'Union Européenne (UE) en Afrique subsaharienne, afin de promouvoir la création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité. L'UE soutient le projet Great North Road Upgrading (GNRU) en Zambie à travers son plan d'investissement extérieur. Ce projet vise à promouvoir l'intégration régionale en développant le commerce entre les pays d’Afrique, en renforçant la croissance, et en réduisant le temps et le coût de transport le long du corridor. En outre, le projet entend contribuer à faire passer la Zambie d'un pays enclavé à un pays bien connecté. Le projet consiste en la réhabilitation, l'élargissement et l’alignement marginal d'environ 372 km de route entre Mpika et Nakonde dans le nord-est de la Zambie, à la frontière avec la République-Unie de Tanzanie. Le projet est actuellement au début de sa mise en oeuvre et la phase de construction du projet devrait commencer en 2023. Le budget total du projet est de 435,9 millions d'euros et la contribution de l'UE est de 73,7 millions d'euros via la Banque Européenne d’Investissement.

Une évaluation ex-ante de l'impact du projet GNRU sur l'emploi est réalisée en effectuant des simulations à l'aide du Modèle Structurel pour le Développement Durable de l'OIT. Le modèle s'appuie sur les données et la structure de la Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) produite conjointement par l'OIT et l'Agence Statistique de Zambie, et il contient des informations détaillées sur la production, la génération de revenus ainsi que la distribution et l'utilisation des produits. Le modèle est calibré sur la MCS ainsi que sur d'autres statistiques au niveau du pays et est caractérisé par des mécanismes d'ajustement au niveau sectoriel qui reflètent les caractéristiques d'une économie à faible revenu dépendante des produits de base. La simulation est réalisée pour évaluer l'impact temporaire sur l'emploi de la mise en oeuvre (construction) du projet ainsi que les impacts permanents sur l'emploi générés par l'expansion de la capacité du secteur des transports suite au projet GNRU.

L'évaluation ex-ante indique que le projet GNRU peut générer un impact temporaire non négligeable de 36 222 emplois, la majorité d'entre eux provenant du secteur de la construction et beaucoup appartenant à la catégorie professionnelle de l'artisanat et des métiers connexes. Les impacts temporaires sur l'emploi tendent à favoriser des profils d'employés tels que les hommes, les travailleurs âgés et les travailleurs formels. Certains effets macroéconomiques temporaires du projet comprennent également une croissance réelle du Produit Intérieur Brut et de l'emploi accompagnée d'inflation et d'une légère détérioration de la balance des comptes courants. De plus, tous les ménages bénéficieraient d'une croissance du revenu réel d'environ 0,9 pour cent.

Une fois le projet achevé et la route construite, l'économie bénéficie d'un "effet de capacité" dans le secteur des transports qui a des retombées sur le reste de l'économie. L'effet de capacité réduit la contrainte de production dans le secteur des transports, ce qui pousse l'économie vers une trajectoire de croissance plus élevée avec une production poussée et des emplois supplémentaires. L'effet sur l'emploi généré par l'expansion de la capacité est "permanent" car il ne dépend pas directement de la demande de travail générée par la mise en oeuvre du projet lui-même. En utilisant les Ratios Incrémentiels de Production de Capital, l'effet permanent sur l'emploi du projet GNRU est estimé à 6 813 emplois, la plupart appartenant à la catégorie professionnelle des "opérateurs informels d'usine, mécaniciens et assembleurs", suivie des "professionnels formels" et des "travailleurs informels des métiers de service et des ventes". Si l'emploi permanent généré présente toujours un biais à l'encontre des femmes, des jeunes et de l'emploi informel, l'ampleur de ce biais est considérablement moindre, et le biais en faveur de l'emploi formel est nettement plus important. Enfin, les effets de l'augmentation de la capacité sont plus diffus dans l'économie et les groupes de revenus.

En résumé, on estime que le projet GNRU aura des effets positifs considérables sur l'emploi. Bien que les effets sur l'emploi générés par la mise en oeuvre du projet soient considérés comme "temporaires", cela ne signifie pas que les travailleurs perdront leur emploi à la fin du projet. Il est également probable que ces travailleurs profiteront de l'expérience acquise dans le cadre de ce projet et continueront à travailler ailleurs pour d'autres projets. En d'autres termes, il pourrait y avoir un effet de capacité dans le renforcement des compétences qui n'est pas modélisé, de sorte qu'une grande partie des emplois ainsi que les effets économiques associés devraient rester dans l'économie après la fin du projet GNRU. L'impact sur l'emploi permanent est également encourageant car ces emplois à long terme et relativement formels sont plus susceptibles d'être des emplois décents. Le biais de genre estimé à l'encontre des femmes dans les emplois temporaires et permanents est cependant très préoccupant, bien qu'il ne soit pas extrêmement surprenant étant donné que la plupart des emplois générés seront dans la construction et le transport, qui par nature sont traditionnellement plus masculins. Il est néanmoins possible de remédier à ce déséquilibre en rendant le processus d'embauche plus favorable aux femmes et le lieu de travail plus favorable aux questions de genre, ce qui, en fin de compte, orientera la composition par sexe des emplois générés vers davantage d'emplois féminins.

Ce rapport n'est disponible qu'en anglais: Employment impact assessment of the Zambian Great North Road Upgrading (GNRU) project