L’impact de la financiarisation de l’économie sur les entreprises et sur les relations de travail

Cette étude a été réalisée par Olivier Favereau, Professeur émérite de sciences économiques. Elle couvre la période qui va des deux chocs pétroliers à la période présente, incluant la crise mondiale de 2008.

Ce Rapport a été rédigé avec le soutien financier du Bureau International du travail. Il n’engage que ses auteurs, et sa publication ne signifie pas que le BIT souscrit aux opinions qui y sont exprimées. Il couvre la période qui va des deux chocs pétroliers (qui marquent la fin des Trente Glorieuses ou du Rapport Salarial Fordiste) à la période présente, incluant la crise mondiale de 2008.

A travers deux listes de huit faits stylisés, on caractérise séparément ce que l’on entend par financiarisation, et les tendances lourdes concernant l’évolution des relations de travail au sein des entreprises.

Ensuite, on étudie dans quelle mesure il est plausible de lier causalement les deux ordres de phénomènes. On montre que s’est mis en place un nouveau régime d’intersubjectivité et de normativité, débouchant sur une « grande déformation » des entreprises, à travers ses deux piliers juridiques : le contrat de société, le contrat de travail. S’agissant du premier, les actionnaires ont été vus abusivement comme les propriétaires de l’entreprise, ouvrant la voie à la domination normative de la finance, sur tous les plans : intellectuel, institutionnel et culturel. S’agissant du second, un management-type s’est généralisé, qui a dissous les protections collectives du travail salarié, pour lui substituer une autonomie trompeuse, régulée par les nombres et instaurant une société individualiste de défiance généralisée. L’expérience historique ayant définitivement prouvé, avec deux crises mondiales, l’insoutenabilité de la marchandisation du travail et/ou de la finance, on suggère qu’il n’y a que trois issues au piège de la marchandisation, deux définies par le contenu a priori de l’avenir désirable, une troisième par sa procédure d’invention.