Protection sociale

Les pays sont encouragés à prendre des mesures en faveur de la protection sociale universelle

Une conférence internationale tenue à l’OIT a appelé les pays du monde entier à prendre cinq mesures en faveur de la protection sociale universelle afin de pouvoir éradiquer la pauvreté et garantir la protection sociale pour tous.

Communiqué de presse | 6 février 2019
© khym54
GENEVE (OIT Infos) – Les pays ont été invités à mettre en place des systèmes nationaux de protection sociale prévoyant des garanties élémentaires de sécurité sociale pour tous tout au long du cycle de vie, en vue d’assurer l’accès aux soins de santé ainsi que la sécurité de revenu.*

Un appel à l’action a été lancé par les membres du Partenariat mondial pour la protection sociale universelle (USP2030 en anglais), lors d’une conférence de haut niveau au siège de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Cet appel à l’action porte sur les engagements pris par les Etats Membres – notamment de mettre un terme à la pauvreté – dans le cadre de l’Agenda du travail décent.

La protection sociale universelle a pour objectif de veiller à ce que toute personne ayant besoin de protection sociale puisse y avoir accès en tout temps. Cela englobe les prestations à l’enfance, les pensions de vieillesse pour les personnes âgées et les prestations pour les personnes en âge de travailler en cas de maternité, d’invalidité, d’accident du travail ou de chômage.

«La Constitution de l’OIT énonce que la pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous. La protection sociale pour toutes les personnes qui en ont besoin, quel que soit leur âge, contribue à prévenir ce danger», explique Deborah Greenfield, Directrice générale adjointe pour les politiques du BIT.

Partout dans le monde, des pays sont parvenus à garantir une couverture universelle: Afrique du Sud, Bolivie, Cabo Verde, Lesotho, Mongolie, Namibie et Timor-Leste. La Mongolie, par exemple, est désormais en mesure de fournir des prestations universelles de vieillesse et d’invalidité, mais aussi de maternité ainsi que des prestations à l’enfance.

La protection sociale est à la fois un outil essentiel permettant de réduire la pauvreté et un droit fondamental de la personne humaine."

Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
Cependant, plus de la moitié de la population mondiale (4 milliards de personnes) n’a toujours pas accès à quelque prestation sociale que ce soit. Quarante-cinq pour cent ne bénéficient que d’une prestation sociale. C’est en matière de pensions de vieillesse que les plus grands progrès ont été accomplis, avec 68 pour cent de personnes âgées qui en bénéficient. Par-contre, seul un tiers des enfants du monde bénéficie de prestations à l’enfance et aux familles: 1,3 milliards d’enfants n’ont aucune protection sociale. Ce chiffre est encore plus alarmant pour les personnes handicapées, seules 28 pour cent d’entre elles bénéficiant de prestations sociales.

«La protection sociale est à la fois un outil essentiel permettant de réduire la pauvreté et un droit fondamental de la personne humaine», déclare Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. «Ce droit, consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme, protège les personnes en situation de vulnérabilité, notamment les personnes âgées, les chômeurs, les personnes souffrant de maladies, de lésions ou de handicap et celles qui nécessitent des soins de maternité, afin de leur permettre de préserver leur dignité fondamentale», ajoute-t-elle.

Dans de nombreux pays, il existe encore de graves déficits de couverture sociale et des niveaux de prestations insuffisants. L’un des enjeux, débattu par les participants à la conférence, est la bonne volonté et la capacité à long terme des gouvernements d’investir dans l’extension de la protection sociale pour tous, notamment en faveur des travailleurs du secteur informel et de l’économie des plates-formes numériques, ainsi que des femmes qui ne reçoivent aucune pension bien qu’elles aient travaillé toute leur vie.

«La protection sociale universelle est essentielle car elle permet d’améliorer le revenu, la consommation et l’épargne des ménages, de stimuler la demande globale et de renforcer la résilience des personnes face aux chocs que peuvent susciter par exemple le changement climatique ou les transformations structurelles à venir, notamment en lien avec les nouvelles technologies qui bouleversent le travail», explique Michal Rutkowski, directeur principal du Pôle mondial d’expertise en Protection sociale et emplois à la Banque mondiale.

Autre défi à relever: comment garantir le financement durable et équitable de la protection sociale. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays en développement consacrent seulement 7 pour cent de leur PIB à la protection sociale, tandis que les pays de l’OCDE y consacrent presque le triple.

Il est temps de faire de la protection sociale universelle une réalité."

Isabel Ortiz, directrice du Département de la protection sociale de l’OIT
«Il est temps de faire de la protection sociale universelle une réalité. C’est la clé d’une politique économique efficace», indique Isabel Ortiz, directrice du Département de la protection sociale de l’OIT. «A la question de savoir comment financer des prestations universelles, tous les pays, même les plus pauvres, disposent d’une marge de manœuvre budgétaire pour étendre la protection sociale, et certains ont mis en place diverses solutions de remplacement, soutenues par les organisations internationales», ajoute-t-elle.

Pour garantir une protection sociale universelle, il convient d’adopter des politiques et programmes nationaux visant à offrir un accès équitable à toutes les personnes et à les protéger durant toute leur vie contre la pauvreté et les risques encourus en termes de moyens de subsistance et de bien-être. Cette protection peut être fournie au moyen de tout un éventail de mécanismes, notamment des prestations en espèces ou en nature, des régimes contributifs ou non contributifs, et des programmes propres à renforcer le capital humain, accroître les moyens de production et améliorer l’accès à l’emploi. La fourniture d’un socle de protection sociale pour tous dans les pays en développement ne coûte en moyenne que 1,6 pour cent du PIB.

«La protection sociale est pleinement justifiée d’un point de vue économique. Nous devons investir dans la protection sociale pour favoriser le développement au lieu d’attendre que le développement la mette en place. D’autres moyens de financement peuvent provenir du secteur privé, des transferts monétaires et des gouvernements qui luttent contre l’évasion et la fraude fiscale», explique Gabriela Ramos, cheffe de cabinet et Sherpa de l’OCDE au G20.

Des mesures nationales s’imposent dans cinq domaines: la protection tout au long du cycle de vie; la couverture universelle; l’adhésion du pays; le financement durable et équitable, aux niveaux tant national qu’international; et la participation et le dialogue social.

Le Partenariat mondial pour la protection sociale universelle (USP2030) encourage les pays à accélérer l’élaboration de leur système de protection sociale. Tous les pays sont invités à rejoindre ce partenariat.

Pour plus d’information, veuillez consulter le site https://www.usp2030.org/.

* Les «socles de protection sociale» sont un ensemble de garanties élémentaires de sécurité sociale définies au niveau national visant à assurer au minimum à toute personne dans le besoin, tout au long de la vie, l’accès à des soins de santé essentiels et une sécurité élémentaire de revenu qui, ensemble, garantissent un accès effectif aux biens et services définis comme nécessaires à l’échelle nationale.