Sommet sur le monde du travail : Un avenir meilleur pour les femmes au travail

La Présidente du Népal: L’autonomisation des femmes constitue le fondement de sociétés équitables, justes et pacifiques

Les sociétés ne peuvent prospérer dans un contexte de discriminations et d’inégalités entre hommes et femmes, a déclaré la Présidente du Népal, Bidya Devi Bhandari, lors du Sommet de l’OIT sur le monde du travail de la 106e Conférence internationale du travail.

Communiqué de presse | 15 juin 2017


GENEVE (OIT Infos) – La première femme Présidente du Népal a affirmé que l’autonomisation des femmes dans les sphères économique, politique et sociale était indispensable pour établir la paix et la justice dans la société.

«Les sociétés ne peuvent longtemps reposer sur des bases précaires faites de discriminations et d’inégalités. La discrimination à l’encontre des femmes doit cesser et pour cela nous devons tous consentir des efforts substantiels», a déclaré la Présidente Bidya Devi Bhandari à l’occasion du Sommet de l’OIT sur le monde du travail, organisé comme chaque année pendant la Conférence internationale du Travail (CIT) à Genève.

«C’est un fait que sans l’émancipation politique, économique, sociale et culturelle des femmes, nous ne pouvons pas imaginer instaurer une société équitable, juste et pacifique», a-t-elle ajouté.

«Malgré des décennies d’efforts, la mise en œuvre des engagements internationaux reste insuffisante. La progression des femmes dans le monde du travail a été lente et entravée. Nous continuons de nous complaire dans la sous-utilisation du potentiel des femmes», a déploré la Présidente Bhandari.

Alors que les disparités entre hommes et femmes demeurent l’un des principaux défis à relever pour les marchés du travail, le Sommet sur le monde du travail était consacré cette année à la discussion sur les moyens d’assurer un meilleur avenir pour les femmes au travail.

La Présidente Bhandari était l’une des trois femmes cheffes d’Etat invitées à s’exprimer pendant ce Sommet pour mettre en lumière les mesures qu’elles avaient prises pour faire progresser l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail. Elle a pris la parole aux côtés de la Présidente de Malte, Marie-Louise Coleiro Preca, et de la Présidente de Maurice, Ameenah Gurib-Fakim.

Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a accueilli la Présidente Bhandari lors du Sommet en rappelant sa longue carrière d’activiste en tant que leader étudiante, militante des droits des femmes et syndicaliste.

«Vous êtes une militante infatigable des droits des travailleurs et en particulier des droits des femmes au travail. La lutte pour l’égalité entre hommes et femmes a été au cœur de votre engagement tout au long de votre vie pour ses valeurs et ses principes», a déclaré M. Ryder.

M. Ryder a rappelé comment, après avoir été élue au Parlement en 1994, Mme Bhandari avait été décisive pour l’instauration d’un quota d’un tiers pour la représentation des femmes dans toutes les instances élues des mécanismes étatiques et gouvernementaux. Il a aussi mis en exergue sa nomination au poste de ministre de la Défense en 2009 «qui allait à l’encontre des stéréotypes sexistes, et pas seulement au Népal».

La Présidente Bhandari a affirmé que le Népal avait réalisé de nombreux progrès pour l’émancipation des femmes.

«Le Népal a le plus fort taux d’activité féminin de toute l’Asie du Sud», a-t-elle précisé aux délégués présents au Sommet. «Il y a vingt-deux ans, le taux d’activité des femmes était proche de 66 pour cent et il a dépassé les 80 pour cent en 2015», a ajouté la Présidente népalaise, en mettant en évidence les réformes juridiques qui ont permis d’instaurer de meilleures conditions et une plus grande égalité des sexes sur les lieux de travail.

«Malgré les contraintes qu’impose une économie faible, et malgré une période de transition et des difficultés qui durent, le Népal a accompli des progrès notables en vue de l’égalité entre hommes et femmes. Cependant, cette réussite n’est pas le fruit d’une coïncidence. Nous avons mené une longue lutte pour parvenir au stade où nous en sommes aujourd’hui», a ajouté la présidente Bhandari.

L’allocution de la Présidente prend une résonance particulière quand on considère que le Népal sort de longues années de guerre civile et de deux séismes dévastateurs en 2015.

Malgré des périodes de difficultés politiques et économiques, le Népal s’est efforcé de placer la justice sociale au cœur de son développement et de l’agenda pour le travail décent, avec des avancées dans les domaines de la lutte contre le travail des enfants, la promotion de l’égalité entre hommes et femmes et la protection sociale, en réformant la législation du travail et en ratifiant les normes fondamentales de l’OIT.

En 2015, le pays a promulgué une nouvelle constitution qui met tout particulièrement l’accent sur les droits de l’homme et qui contient des dispositions relatives au travail décent qui concernent la liberté d’association, la négociation collective, des conditions de travail équitables et la protection sociale pour tous les travailleurs.

En décembre de l’an dernier, M. Ryder a effectué sa première visite au Népal depuis sa  prise de fonctions. La visite de M. Ryder coïncidait avec le 50e anniversaire du partenariat entre le Népal et l’OIT. Le Népal a rejoint l’OIT en 1966 et un bureau de l’OIT y a été ouvert en 1994. L’OIT a joué un rôle déterminant dans le pays pour la mise en place d’un partenariat constructif entre le gouvernement, les employeurs et les travailleurs.

Le Népal a ratifié sept des huit conventions fondamentales de l’OIT.

Cette année, les membres de l’OIT ont élu le Népal comme membre adjoint du groupe des employeurs de son Conseil d’administration.

Le Sommet sur le monde du travail s’était ouvert en début de journée avec une table ronde de haut niveau qui a abordé les principales difficultés auxquelles se heurtent les femmes pour accéder au travail décent et les mesures à prendre pour surmonter ces obstacles. Les intervenants ont abordé plusieurs thèmes comme l’équilibre travail-famille, l’économie du soin, la violence et le harcèlement faisant obstacle au travail décent des femmes, ainsi que les disparités salariales entre hommes et femmes.

Le Sommet coïncidait avec la publication par l’OIT du rapport «Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances de l’emploi des femmes 2017» qui a conclu que la réduction des écarts entre hommes et femmes serait vraiment bénéfique pour les femmes, la société et l’économie. Réduire les disparités entre les sexes de 25 pour cent d’ici à 2025 permettrait d’injecter 5 800 milliards de dollars dans l’économie mondiale et d’accroître les recettes fiscales, selon le rapport.