Nouvelle étude

Plus de 52 millions de travailleurs domestiques dans le monde

Des millions de travailleurs domestiques dans le monde demeurent exclus de la protection dont jouissent les autres travailleurs, selon un nouveau rapport de l’OIT.

Actualité | 9 janvier 2013
Martin Oelz, expert à l'OIT, présente les points clés du rapport sur les travailleurs domestiques dans le monde (en anglais).
GENÈVE (OIT Info) – Au moins 52 millions de personnes dans le monde – essentiellement des femmes – sont employées en tant que travailleurs domestiques, selon la première étude du genre conduite par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Le travail domestique représente 7,5 pour cent de l’emploi salarié des femmes dans le monde et une part bien plus grande dans certaines régions, en particulier en Asie et dans le Pacifique, en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Entre le milieu des années 1990 et 2010, il y a eu une hausse de plus de 19 millions de travailleurs domestiques dans le monde. Beaucoup d’entre eux se sont expatriés pour trouver du travail. Il est probable que les chiffres contenus dans ce rapport sous-estiment la réalité du travail domestique dans le monde qui pourrait en fait concerner des dizaines de millions de personnes supplémentaires.

Les chiffres excluent également les enfants employés comme travailleurs domestiques âgés de moins de 15 ans qui ne sont pas pris en compte dans les enquêtes utilisées par le rapport. Leur nombre avait été estimé par l’OIT à 7,4 millions en 2008.

Travailleurs domestiques – chiffres mondiaux (2010)
  • 52,6 millions dans le monde
  • 83 pour cent sont des femmes
  • 29,9 pour cent sont exclus de la législation nationale du travail
  • 45 pour cent n’ont droit à aucun repos hebdomadaire ni congé annuel payé
  • Plus d’un tiers des travailleuses domestiques n’ont aucune protection de la maternité
Malgré la taille du secteur, de nombreux travailleurs domestiques endurent des conditions de travail médiocres et une protection juridique insuffisante.

«On attend souvent des travailleurs domestiques qu’ils travaillent davantage d’heures que les autres travailleurs et dans de nombreux pays ils ne jouissent pas des mêmes droits au repos hebdomadaire que les autres travailleurs. Outre ce déficit en matière de de droits, l’extrême dépendance vis-à-vis d’un employeur et la nature isolée et dépourvue de protection du travail domestique peuvent les rendre plus vulnérables à l’exploitation et aux abus», déclare Sandra Polaski, Directrice générale adjointe de l’OIT.

Appliquer les normes internationales

Le rapport, Les travailleurs domestiques dans le monde, suit l’adoption en juin 2011 d’une nouvelle convention et d’une recommandation de l’OIT sur le travail domestique. Ces nouvelles normes internationales ont pour but de garantir des conditions de travail et de rémunération décentes aux travailleurs domestiques à l’échelle mondiale.
 
La convention a jusqu’à présent été ratifiée par trois pays. Trois autres pays ont achevé les procédures nationales de ratification et de nombreux autres les ont initiées.

Les conclusions de la recherche serviront de références à l’aune desquelles seront mesurés les progrès accomplis dans l’extension de la protection juridique.

Aperçu régional
  • Asie et Pacifique: 21,4 millions;
  • Amérique latine et Caraïbes: 19,6 millions
  • Afrique: 5,2 millions
  • Pays développés: 3,6 millions 
  • Moyen-Orient: 2,1 millions
VulnérablesSeuls dix pour cent de l’ensemble des travailleurs domestiques sont couverts par la législation générale du travail au même titre que les autres travailleurs. Plus d’un quart d’entre eux sont exclus de la législation nationale du travail.

Plus de la moitié des travailleurs domestiques n’ont aucune limite à la durée hebdomadaire du travail aux termes de la loi nationale et environ 45 pour cent n’ont aucun droit à une période de repos hebdomadaire. A peine plus de la moitié des travailleurs domestiques ont droit à un salaire minimum équivalent à celui des autres travailleurs.

L’absence de protection juridique accentue la vulnérabilité des travailleurs domestiques et rend plus difficile pour eux la recherche de solutions. De ce fait, ils sont souvent rémunérés moins que les travailleurs exerçant des métiers comparables et travaillent davantage.

Le statut juridique précaire des travailleurs domestiques immigrés et leur manque de connaissance de la langue et de la législation locales les rendent particulièrement vulnérables à des pratiques abusives, telles que les violences physiques et sexuelles, les abus psychologiques, le non-paiement des salaires, la servitude pour dette, et des conditions de vie et de travail abusives.

Les travailleurs résidant chez leur employeur sont particulièrement vulnérables à l’exploitation parce qu’ils touchent souvent une modeste rémunération forfaitaire, hebdomadaire ou mensuelle, quel que soit le nombre d’heures travaillées. En pratique, cela signifie qu’un travailleur domestique doit être disponible autant que l’exige son employeur.

«Les fortes disparités qui existent en matière de salaire et de conditions de travail entre les travailleurs domestiques et les autres travailleurs dans le même pays soulignent la nécessité d’agir au niveau national de la part des gouvernements, des employeurs et des travailleurs, afin d’améliorer la vie professionnelle de ces personnes vulnérables mais qui travaillent dur», souligne Mme Polaski.

Convention 189
Les travailleurs domestiques qui prennent soin des familles et des foyers doivent jouir des mêmes droits fondamentaux au travail que les autres travailleurs. Parmi ces droits figurent:
  • Une durée du travail raisonnable
  • Un repos hebdomadaire d’au moins 24 heures consécutives
  • Une limitation des paiements en nature
  • Une information claire sur les termes et conditions d’embauche
  • Le respect des principes et droits fondamentaux au travail, notamment de la liberté syndicale et du droit de négociation collective.