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7ème Baromètre OIT- Défenseur des Droits sur la perception des discriminations au travail
Les résultats de ce nouveau baromètre, effectué par sondage auprès de 500 salariés du secteur privé et 500 agents de la fonction publique, ont été rendus publics lundi 3 février. Il s'agit du septième baromètre réalisé par l'Ifop pour le Bureau de l'OIT pour la France et le Défenseur des Droits. Le contexte de crise marque de manière croissante au fil des 7 éditions les résultats. Quatre actifs sur cinq estiment en effet
que la crise économique et la hausse du chômage ont une influence sur la fréquence des discriminations. Près d'un tiers des salariés considèrent la discrimination comme un risque qui pourrait les toucher et les agents du secteur public s'estiment maintenant autant concernés par la discrimination que les salariés du secteur privé. Les principaux critères de discriminations cités par les victimes renvoient avant tout au genre : les femmes enceintes sont
considérées comme étant une des catégories les plus exposées aux discriminations (par plus de 80% des sondés). Il faut aussi souligner une augmentation et une diversification des critères de discrimination et l’apparition de nouveaux critères comme l'apparence physique. Le sentiment de résignation, l'absence de réaction de quatre victimes de discriminations sur dix n'empêchent pas les sondés d'accorder une grande place à la lutte contre
les discriminations (plus de 98% des personnes interrogées la jugent nécessaire) et de privilégier le dialogue social à 90%.
Ce 7ème baromètre a porté une attention particulière aux discriminations dont sont victimes les jeunes dans le travail en s'attachant à la perception qu'ont les actifs des discriminations à l'égard des jeunes, mais aussi dans le regard que portent les jeunes actifs sur leur propre situation.
L'enquête souligne la moindre méfiance des actifs de moins de 35 ans par rapport à leurs aînés sur certaines caractéristiques potentiellement discriminantes comme, par exemple, le fait d'être syndiqué. Ce critère est reconnu comme un inconvénient pour 25% des agents de la fonction publique ayant moins de 35 ans contre 42% pour les plus âgés, 36%. Les jeunes actifs du public sont également plus sereins que leurs aînés concernant le handicap
(51% contre 65% pour les plus âgés) et la pauvreté (28% contre 43%). Quant aux jeunes actifs du privé, ils perçoivent moins de discriminations liées au fait d'être une femme (17% contre 27% pour les plus âgés), d'être obèse (47% contre 63%). D'autre part, ces derniers estiment davantage que leurs collègues plus âgés qu'être jeune présente un avantage (50% contre 40%).
Pour autant, les jeunes attestent subir des discriminations, notamment à l'embauche, et en particulier s'agissant des agents de moins de 35 ans (17% contre 5% pour les agents de la fonction publique lors d'un recrutement ou d'un concours de la fonction publique). Les jeunes agents de la fonction publique placent le jeune âge comme premier critère de discrimination (43% contre 4%). Pour les jeunes salariés du privé, il s'agirait plutôt de l'origine ethnique (41% contre 20% pour les plus âgés)
ou des convictions religieuses (38% contre 9%).
Comment réagissent-ils suite à la manifestation de la discrimination ? Les jeunes sont plus nombreux que leurs collègues à n'avoir rien dit ou rien fait. C'est notamment le cas des jeunes de la fonction publique : 54% disent n'avoir rien fait ou rien dit contre 30% pour les agents plus âgés. Les salariés du privé de moins de 35 ans se montrent plus optimistes que leurs aînés en particulier sur le fait que les syndicats sont efficaces en cas de discrimination
(54% contre 43%). Ils sont globalement plus nombreux à juger l'ensemble des mesures testées efficaces pour lutter contre ces discriminations – exception faite des mesures qui ne les ciblent pas directement : l'implication des organisations syndicales et patronales dans les actions de prévention ; la sanction financière de l'employeur ; l'obligation pour l'employeur de publier des données sur les écarts de rémunération).
En ce qui concerne le regard porté par l'ensemble des actifs sur les plus jeunes, un point ressort très fortement, celui du poids de l'apparence physique dans les discriminations. En effet, une apparence physique non conventionnelle (style vestimentaire, obésité…) est considérée par les actifs comme le principal inconvénient pour l'embauche d'un jeune à 71% pour des agents de la fonction publique et à 73% pour les salariés du privé. Ce
critère arrive en première position avant le handicap, l'appartenance à une organisation syndicale ou le fait de résider dans une zone urbaine sensible. « Cette référence à l'apparence physique englobe aussi la posture d'une personne, sa manière de se comporter et de s'exprimer. Or, dans une société de l'image comme la nôtre, les canons de la mode et de la beauté comptent énormément dans le lien social. A compétences
égales entre deux candidats pour un poste, le DRH ou le manager auront tendance à choisir celui qui selon eux, affiche la meilleure présentation », commente Jean-François Trogrlic, directeur du bureau en France de l'Organisation internationale du travail.
Dans l’affirmation et l’action pour les droits fondamentaux au travail, l’égalité et la lutte contre les discriminations sont toujours de première importance. La crise accentue la nécessité de porter une attention plus soutenue pour identifier et analyser ce que ressentent les salariés sur le terrain. Il faut pour cela affiner la perception de la discrimination, permettre aux responsables publics et aux responsables d’entreprise de mieux cerner ses nouvelles
dimensions : apparence physique, quartier,adresse,âge, afin de les prendre en compte pour élargir l’horizon de la diversité.
Présentation des résultats de l’enquête.
Note de synthèse des résultats.
Pour aller plus loin :
Convention sur l'égalité de rémunération (n°100, 1951)
Convention concernant plus largement la discrimination (emploi et profession) (n°111, 1958)
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