Au cours du siècle dernier, le travail est devenu non seulement un moyen de satisfaction matérielle, mais aussi un moyen essentiel de s’épanouir et de s’insérer dans la société. Le lien entre le travail et la société est indéfectible. La transformation du monde du travail perturbe ce lien, et l’on ignore quels en seront les effets.

D’une part, les relations professionnelles stables sur lesquelles se construit l’identité sociale risquent d’être remplacées par des relations laissant les individus dans une situation d’isolement, de précarité et de mise à l’écart. Dans certains pays, des générations entières d’adultes vieillissent sans avoir jamais occupé un emploi formel, avec toutes les conséquences psychologiques et les tensions sociales que cela comporte. D’autre part, le rythme et la dynamique du changement économique offrent aux travailleurs et aux entreprises des perspectives et des avantages sans précédent, du moins pour les personnes qui ont les compétences et la possibilité de profiter de ce changement.

Que feront les sociétés face à ces possibilités contrastées et leurs répercussions sur un monde où la diversité des personnes, qu’il s’agisse du genre, de l’âge, de l’éducation, du statut migratoire, des ressources financières et de nombreux autres éléments pose d’énormes difficultés? Ces possibilités se traduiront-elle par une aggravation des inégalités, de la ségrégation et de la polarisation? Rassembleront-elles ou éloigneront-elles les pays développés, les pays émergents et les pays en développement?