Ni travail, ni études: le sort de millions de jeunes dans le monde

Des millions de jeunes dans le monde ont pratiquement cessé de chercher du travail depuis le début de la crise, illustrant le détachement grandissant de la jeunesse vis-à-vis du marché du travail.

Actualité | 17 mai 2012
GENÈVE (Nouvelles de l’OIT) – Des millions de jeunes dans le monde ont pratiquement cessé de chercher du travail, met en garde l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans un nouveau rapport.

Le taux de chômage des jeunes (12,6 pour cent en 2011) serait d’un point de pourcentage plus élevé s’il intégrait les nombreux jeunes gens qui ont renoncé au marché du travail, affirme l’OIT dans son édition 2012 du «Rapport sur les tendances mondiales de l’emploi des jeunes» (www.ilo.org/getyouth).

Le retrait du marché du travail lié à la crise est particulièrement fort dans les économies développées, selon le rapport.

Particulièrement préoccupante est la situation des jeunes gens qui ne sont ni au travail ni à l’école (ni en formation) – désignés par l’acronyme anglais NEET dans de nombreux pays, appelés «jeunes désengagés» aux Etats-Unis et «ni-ni» dans les pays hispanophones.

Cette catégorie a pris de l’ampleur depuis que la crise a éclaté, illustrant le détachement grandissant de la jeunesse vis-à-vis du marché du travail, note le rapport.

Si les jeunes sont économiquement inactifs parce qu’ils poursuivent leurs études ou leur formation, ils investissent dans les compétences susceptibles d’améliorer leur future employabilité, mais les NEETs risquent à la fois la marginalisation sociale et l’exclusion du marché du travail.

 

Quelques chiffres régionaux et nationaux concernant les NEETs

  • En 2010, 15,6 pour cent des jeunes aux Etats-Unis n’étaient ni au travail, ni à l’école, ni en formation.
  • En Nouvelle-Zélande, le taux de NEETs était de 13,1 pour cent et de 9,7 pour cent au Japon, alors que la moyenne de l’OCDE se situe à 12,8 pour cent.
  • Dans l’Union européenne, le taux a augmenté de 1,9 point de pourcentage par rapport à son niveau d’avant la crise de 10,9 pour cent; il dépassait les 15 pour cent en Bulgarie, Espagne, Irlande, Italie, Lettonie et Roumanie.
  • Selon les données relatives à 24 économies développées, le taux moyen de NEETs est de 12,4 pour cent pour les jeunes hommes et de 28,1 pour cent pour les jeunes femmes.
  • Dans le monde développé, les NEETs ont tendance à avoir un faible niveau d’instruction, un faible revenu familial ou des origines immigrées. Par contraste, les jeunes gens qui reportent leur recherche d’emploi en se maintenant dans le système éducatif, ont tendance à avoir un niveau d’instruction initial plus élevé.
  • Dans les économies en développement, d’un autre côté, les NEETs sont généralement moins pauvres que des jeunes gens qui ont un travail, parce que l’emploi est souvent motivé par la pauvreté et que de nombreux jeunes gens n’ont d’autre choix que de travailler.

Des outils pour relever le défi


Plusieurs pays cherchent à résoudre le problème grâce à des mesures concernant l’éducation, l’emploi et la transition école-travail.

Dans l’Union européenne, beaucoup de pays ont mis sur pied des initiatives offrant une chance aux décrocheurs de revenir dans le système scolaire, souvent en lien avec une formation pratique.

En Bulgarie et en Roumanie, où le retrait de l’école est souvent causé par la pauvreté, l’Etat propose des programmes d’aide qui fournissent gratuitement des collations, des cahiers et le transport.

Plusieurs pays offrent des incitations, comme des allègements fiscaux, pour encourager les entreprises à recruter et former les jeunes et, si possible, à créer des emplois supplémentaires.

En début d’année, l’administration américaine a lancé une initiative conjointe avec des dirigeants d’entreprise et des représentants des communautés afin de fournir des jobs d’été à des centaines de milliers de jeunes «désengagés», à faibles revenus, pour les aider à acquérir de l’expérience professionnelle, des qualifications et des contacts.

Les politiques qui s’appuient sur des partenariats avec des acteurs situés hors du secteur public se sont aussi révélées particulièrement efficaces.

Le rapport de l’OIT est publié en amont du Forum mondial de l’OIT sur l’emploi des jeunes (www.ilo.org/yef) qui se tiendra à Genève du 23 au 25 mai et rassemblera des jeunes venus du monde entier.