Transition de l’économie informelle vers l’économie formelle

Un atelier sous-régional de partage d’expériences sur la transition vers l’économie informelle en Afrique francophone s’est ouvert le mardi 27 octobre 2015, à La Somone (à 77 Km de Dakar, capitale du Sénégal). Durant, quatre jours, les participants auront des échanges profonds sur ce sujet et verront comment mettre en œuvre la Recommandation 204 concernant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, adoptée lors de la Conférence internationale du Travail de juin 2015.

Organisé par le Centre international de formation de l’OIT, le Département des Politiques de l’Emploi de l’OIT à Genève et l’Equipe d’Appui technique au Travail Décent (ETD/BP-OIT) basée à Dakar, cet atelier se déroule dans un contexte sous régional marqué par une vulnérabilité au travail croissante. Aussi, de plus en plus, les Etats perçoivent la transition vers l’économie formelle comme un enjeu économique et social majeur.

Les statistiques fournies par M. Moussa Oumarou, représentant du Directeur général de l’OIT à cette rencontre, illustrent l’ampleur du phénomène. En Afrique  sub-saharienne,  l’emploi informel représente 65% de l’emploi non agricole. Cette donne combinée avec l’emploi informel agricole, fait présumer que le phénomène augmente. En Asie du Sud, l’Economie informelle représente 82% de l’emploi non agricole et 47% en Amérique latine ; et  91% des petites et moyennes entreprises dans le monde relèvent de l’économie informelle.

« Ces statistiques nous interpellent, dira M. Oumarou, parce que  les recherches montrent que la  majorité des travailleurs et unités économiques de l’économie informelle perçoit des revenus inférieurs à la moyenne des revenus de tous les travailleurs. Ils sont privés de travail stable et sécurisé. Ils manquent de couverture sociale, sont exposés à des conditions de travail médiocres – avec des risques de santé et sécurité au travail  plus élevés - et sont souvent incapables d'exercer leurs droits fondamentaux, ni d’accéder à la liberté d’expression et de représentation au travail ». 

Face à cette situation, se pose le besoin de reformuler les interventions politiques de façon à ce que ces dernières facilitent la transition vers la formalité, en vue de réduire la pauvreté et favoriser un développement économique durable, par la création d'emplois formels, des gains de productivité élevés, des conditions de travail justes, un accès équitable aux emplois de qualité, des rentrées fiscales en hausse.

L’adoption en juin 2015 de la Recommandation 204 concernant la transition de l’économie informelle à l’économie formelle par les Mandants de l’OIT donne une nouvelle dimension au plaidoyer en faveur de la formalisation. Ladite recommandation prévoit que chaque pays fasse le diagnostic de son économie informelle et que le cadre d’intervention qui sera mis en œuvre pour redresser les  inégalités se base sur une bonne connaissance des causes, conséquences et complexités du phénomène dans chaque pays.

Au Sénégal où se déroule cet atelier, les autorités se disent convaincues de la nécessité de mettre en œuvre des actions intégrées ou spécifiques pour promouvoir la formalisation de l’emploi et des entreprises de l’économie informelle. 

En effet, selon M. Amath Camara, Directeur de Cabinet, représentant le ministre sénégalais en charge du Travail : « le Sénégal s’est fixé un agenda de transformations économiques et sociales, qui s'inscrit dans une dynamique à long terme en vue d’atteindre l'émergence économique à l’horizon 2035.  Pour y parvenir, le Gouvernement mise sur le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui vise, à terme,  à mettre en place un ensemble de projets structurants à fort contenu de valeur ajoutée et d’emploi ». L’axe 2 de ce plan, intitulé « Capital humain, protection sociale et développement durable » place la protection sociale au cœur des priorités définies dans ce document. A cela s’ajoutent plusieurs initiatives d’extension de la protection sociale à l’économie informelle parmi lesquelles on peut citer l’élaboration de deux lois, l’une portant sur le développement des PME et la modernisation de l’économie ; et l’autre sur l’entrepreneuriat ; en plus de l’élaboration du projet du Régime simplifié pour les Petits contribuables.

Ce sont des expériences de ce genre en faveur de la formalisation de l’économie informelle que vont partager des délégations tripartites (gouvernements, patronats, syndicats) venant du Sénégal, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Mali, du Cameroun, du Togo et du Tchad. Participent également à cette rencontre, des représentants de l’ONUFEM et de l’ONUDI. La participation des agences sœurs des Nations Unies à cet atelier rentre dans le cadre de la mobilisation pour la transition vers l’économie formelle. Cette transition contribue aux Objectifs du développement durable numéro 8 « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous » en particulier  la cible  8.3. Cette dernière vise à « Promouvoir des politiques axées sur le développement qui favorisent des activités productives, la création d’emplois décents, l’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation et stimulent la croissance des microentreprises et des petites et moyennes entreprises et facilitent leur intégration dans le secteur formel, y compris par l’accès aux services financiers. »