Déclaration

Le Directeur général du BIT exprime son émotion devant l'opération de sauvetage des mineurs chiliens

Le Directeur général du BIT, Juan Somavia, a publié une déclaration exprimant son émotion devant les opérations de sauvetage des 33 mineurs bloqués sous terre depuis plus de deux mois dans la mine de San José, au Chili.

Déclaration | Geneva | 13 octobre 2010

Déclaration du Directeur général du BIT à l'occasion du sauvetage des mineurs chiliens

En ces moments d'exaltation que nous vivons devant le sauvetage des mineurs chiliens, après les épreuves qu'ils ont endurées, un sentiment de soulagement, de paix et d’admiration a gagné le monde entier. En tant que Directeur général du BIT et en tant que Chilien, je partage l’émotion de millions de personnes à travers le monde à la vue de ces héros revenus des entrailles de la terre.

Au-delà de l’exploit, ce qui frappe c’est la sérénité, le courage, la capacité d’organisation et l’amour de la vie de ces 33 mineurs. Leur force d’âme nous a tous impressionnés et a inspiré l’équipe de sauvetage. Ils forcent le respect.

On ne peut que saluer aussi la ténacité, la compétence et l’efficacité de tous les efforts des Chiliens ou étrangers, acteurs publics ou privés qui ont uni leurs forces et, avec persévérance, ont pu mener à bien ce sauvetage collectif.

Félicitations au Président Piñera, à l’équipe gouvernementale et à tous les Chiliens. Dans l’adversité, toutes les ressources financières, techniques et humaines nécessaires ont été mobilisées pour que triomphe la vie.

Mais par-dessus tout, c’est la solidarité, l’espoir des familles et de tout un peuple convaincu que l’impossible était réalisable qui ont assuré le succès de l’entreprise.

Ce sont des enseignements qui nous donnent matière à penser.

Nous ne pouvons oublier comment a débuté cette dramatique histoire: les mineurs sont restés pris au piège sous terre parce que les mesures de sécurité étaient insuffisantes.

C’est une réalité que l'OIT connaît bien.

Au Chili, la sécurité au travail fait partie de l'agenda commun du gouvernement, des employeurs et des travailleurs. Nous continuerons à collaborer avec eux, en nous appuyant sur les principes du travail décent.

Ce sera l’occasion, pour le Chili, pour la société chilienne, de rendre hommage au courage de ces 33 mineurs et à la mobilisation qui s’est ensuivie, en devenant chef de file en matière de sécurité au travail, en se saisissant de cette cause qui fait honneur au Chili et à tous les Chiliens.

Car malheureusement, de partout dans le monde nous parviennent quotidiennement des dépêches signalant de nouveaux cas de mineurs morts ou disparus.

D’après nos estimations, le secteur minier emploie près d’un pour cent de la main-d'oeuvre dans le monde, mais compte, à lui seul, huit pour cent des accidents mortels.

Dans de nombreux pays où sont exploitées des mines, la profession de mineur est la plus dangereuse si l’on tient compte du nombre de personnes confrontées à des situations potentiellement dangereuses.

Chaque jour, 6 300 personnes meurent dans le monde des suites d’un accident ou d’une maladie liés au travail, soit plus de 2,3 millions de décès par an. De surcroît, 337 millions d’accidents se produisent chaque année sur le lieu de travail.

La tâche reste immense. Le travail dans des conditions dangereuses est une tragédie humaine, comme nous l’avons souligné à l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, le 28 avril dernier.

Aujourd’hui, plus que jamais, il nous faut être vigilants et nous assurer que les stratégies de relance et de reprise menées en réponse à la crise ne prennent pas des voies tortueuses risquant de mettre en péril la vie humaine et la sécurité des travailleurs.

On parle peu de cette réalité qui frappe chaque année des millions de personnes dans le monde: ce sont des nouvelles éphémères qui ne suscitent pas la mobilisation.

Ce qu’ont vécu ces 33 mineurs chiliens aura peut-être avant tout servi à cela: que le monde entier se pose la question de savoir comment assurer plus de sécurité, plus de protection, plus de prévention, comment créer davantage de travail décent, en particulier là où le danger rend cet impératif d’autant plus urgent.

Merci du fond du cœur. Merci pour cet appel à la conscience universelle en faveur de la sécurité au travail.

Juan Somavia

Directeur général du BIT