Crise en Ukraine

Comment des syndicats soutiennent les Ukrainiens

Depuis le début de l'agression russe et avec l'aide de l'OIT, les membres des syndicats du secteur de la construction ont multiplié les initiatives pour aider la population ukrainienne.

Actualité | 19 juillet 2022
BUDAPEST (OIT Infos) – Alors que 90 pour cent des travailleurs de la construction sont sans emploi en Ukraine, le Syndicat des travailleurs de l'industrie de la construction et des matériaux de construction (PROFBUD) a trouvé de nouveaux moyens d'aider ses compatriotes à survivre aux hostilités.

Depuis le début de l'agression russe, PROFBUD s'est mobilisé pour soutenir ses membres et les travailleurs ukrainiens: il a lancé de nouveaux services, dont l'assistance humanitaire, et a fourni un abri et un soutien médical aux personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI), offrant 505 000 nuitées dans des locaux du syndicat depuis le début du mois de mars. Ils ont également apporté une aide financière aux travailleurs syndiqués, 30 000 d'entre eux n'ayant pas reçu de salaire depuis la fin du mois de février.

Dans ces circonstances difficiles, les membres de PROFBUD comme Oleh, Galyna et Kateryna ont donné un nouveau sens à leur vie en servant leur communauté.

© OIT – Abri pour les personnes déplacées à Khmelnytskyi, Ukraine
Oleh, le responsable de PROFBUD dans la région de Khmelnytskyi, dans l'ouest de l'Ukraine, l'une des plus grandes régions de transit pour les personnes déplacées, a réalisé dès le deuxième jour du conflit qu'il fallait fournir un abri aux travailleurs et à leurs familles qui fuyaient les zones attaquées. Avec l'aide de PROFBUD, qui a rapidement mobilisé des syndicats étrangers, des organisations caritatives et des particuliers désireux de faire des dons, il a transformé le centre de formation du syndicat local «Pobuzhzhyia» en résidence provisoire. Oleh a pu créer 145 espaces de vie temporaires pour les familles, et 100 autres logements temporaires, et leur a fourni de la nourriture.

© OIT – Galyna Bondarchuk trouve des médicaments vitaux pour ceux qui en ont besoin
Lorsque la guerre a éclaté, Galyna Bondarchuk, responsable de PROFBUD dans la région de Kiev, est restée dans un village en dehors de la capitale avec sa famille. Lorsqu'il est devenu évident qu'il n'était pas sûr pour eux de rester là, les troupes russes avançant rapidement, la famille a pris le risque de traverser la ville et a passé trois jours sur la route, dormant dans leur voiture. À leur arrivée à Lviv, la famille s'est installée dans l'appartement d'un collègue d'une usine locale.

Après cette expérience éprouvante, Galyna a décidé de venir en aide à ses collègues syndicalistes qui étaient plus mal lotis. Elle s'est mise à la recherche de médicaments qui n'étaient pas disponibles dans les régions occupées et a appris à les connaître, devenant ainsi un «pharmacien personnel» pour les syndicalistes de toute l'Ukraine. Son aide a été essentielle pour ceux qui n'auraient pas survécu sans leurs médicaments.

© OIT – Kateryna Zubova, grutière à Kiev, travaille maintenant comme concierge
Kateryna Zubova, syndiquée et opératrice de grue à tour, vit et travaille dans la banlieue de Kiev, à quelques kilomètres de Bucha, une ville détruite par les troupes russes. En raison des menaces constantes de raids aériens et d'attaques de missiles, travailler sur une grue à tour est devenu trop dangereux. Elle ne pouvait pas travailler mais ne pouvait pas non plus quitter son emploi pour s'inscrire au chômage ou trouver un autre emploi chez son employeur.

Elle se sent impuissante. De la fenêtre de son appartement situé au 17e étage, Kateryna a vu comment les roquettes détruisaient les immeubles résidentiels. Pendant plus de trois semaines, elle a passé ses nuits au sous-sol.

Tous les concierges de son immeuble étant partis, Kateryna a peu à peu repris leurs fonctions. Elle s'est assise dans la petite pièce où ils travaillaient et l'a transformée en centre de messages où des centaines de personnes venaient chaque jour, poser des questions ou laisser des messages. «Notre armée fait tellement pour nous protéger, mais tout le monde ne peut pas être un soldat, nous devons faire notre part. La conciergerie est mon avant-poste», dit Kateryna.

De nombreux Ukrainiens fuyant l'agression russe ont également cherché refuge dans la République de Moldavie voisine. Avec l'aide de l'OIT, la Confédération nationale des syndicats de Moldavie (CNSM) s'est mobilisée et a mis en place des abris pour les réfugiés, leur fournissant logement et nourriture. Depuis le début des hostilités, ils ont fourni plus de 28 500 nuitées dans différentes installations, comme le Sanatoriul Bucuria-Sind, à environ 40 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine, ou dans leur centre de formation dans la capitale moldave, Chisinau.