Crise de l’emploi des jeunes

Des garanties-jeunes à l’échelle européenne: l’OIT est prête

L’OIT va coopérer avec la Commission européenne pour remédier à la crise de l’emploi qui frappe les jeunes, notamment avec des mécanismes de garanties-jeunes.

Actualité | 4 avril 2013
GENÈVE (OIT Info) – Tandis que les jeunes sont toujours frappés de manière disproportionnée par la crise de l’emploi, l’Organisation internationale du Travail (OIT) s’est dite prête à s’associer à la Commission européenne pour soutenir les Etats membres de l’UE qui mettent en œuvre des garanties pour les jeunes.

Cela fait suite à l’approbation, en février 2013, par les ministres européens des Affaires sociales et de l’Emploi d’une recommandation invitant au lancement de ces mécanismes à travers l’Europe.

«Les garanties-jeunes peuvent être efficaces pour réduire le chômage et le découragement parmi les jeunes gens», déclare Azita Berar Awad, Directrice du Département des politiques de l’emploi de l'OIT.

Dans le cadre de cette initiative, les Etats membres vont mettre en place des mesures garantissant aux jeunes de moins de 25 ans qu’ils se verront offrir un emploi, une formation continue, un apprentissage ou un stage de bonne qualité dans les quatre mois suivant leur inscription au chômage.

Les garanties-jeunes peuvent être efficaces pour réduire le chômage et le découragement parmi les jeunes gens.»
Chaque pays doit maintenant déterminer comment appliquer ces mesures en fonction de son propre contexte national. La vitesse à laquelle les programmes et les services du marché du travail seront mis sur pied pourra, par exemple, dépendre du niveau et de la nature du chômage des jeunes ou du degré de difficultés budgétaires que connaît le pays à titre individuel.

Environ sept millions et demi de jeunes Européens ne sont actuellement ni au travail ni en formation (les NEETs en anglais). Les garanties pour les jeunes peuvent jouer un rôle considérable pour les aider à se reconnecter au marché du travail, explique Mme Berar Awad: 

«L’analyse par l’OIT des différentes garanties-jeunes existantes montre le potentiel de ces dispositifs à pallier les manques, jusqu’à ce que la croissance économique se renforce et que le marché du travail se redresse.»

Les pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège et Suède) furent les premiers à instaurer des garanties pour les jeunes dans les années 1980 et 1990. L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et la Pologne ont également lancé des programmes similaires.

«Ces expériences sont riches d’enseignements. Si elles sont bien conçues et ciblées, les garanties-jeunes peuvent atteindre les jeunes défavorisés et les maintenir en contact avec le marché du travail», ajoute Mme Berar Awad.

En Suède, une étude conduite en 2011 a montré que les jeunes chômeurs âgés de 24 ans qui avaient bénéficié de la garantie trouvaient du travail plus rapidement que les autres.

La Finlande a elle aussi connu un recul du chômage des jeunes, soit par des emplois aidés soit par des formations supplémentaires débouchant sur un emploi.

En Autriche, 63 pour cent des jeunes qui ont pris part à un dispositif de cette nature en 2010 ont trouvé un emploi dans l’année de leur participation à ce programme relatif au marché du travail.

Selon des estimations de l’OIT, les garanties-jeunes peuvent être mises en œuvre pour un coût annuel d’environ 0,5 à 1,5 pour cent du PIB, en fonction de la situation du pays et du nombre de jeunes éligibles.

«Si l’on considère que les effets économiques et sociaux du chômage et de l’inactivité des jeunes sont très élevés à court et à long terme, les bénéfices escomptés des garanties-jeunes peuvent l’emporter sur les coûts», ajoute Mme Berar Awad.

Pourtant, alors que davantage de pays sont sur le point d’expérimenter ces garanties pour les jeunes, un suivi et des études d’impact supplémentaires de ces dispositifs sont sans doute nécessaires.

L’OIT et la CE vont s’employer à trouver des modes de coopération pour passer en revue ces mécanismes de garantie pour les jeunes, ainsi que toute une série d’autres mesures politiques en faveur de l’emploi des jeunes. Les leçons tirées de cet exercice seront diffusées à grande échelle et constitueront une nouvelle étape du suivi de l’Appel de l’OIT à agir en faveur de l’emploi des jeunes qui fut lancé en juin 2012.


L'Appel à l’action de l’OIT

Lors de sa Conférence annuelle en juin 2012, l’OIT a adopté une résolution appelant à mener une action ciblée et immédiate pour combattre la crise de l’emploi des jeunes. La résolution propose un éventail de mesures testées et éprouvées dans cinq domaines: politiques macroéconomiques, employabilité, politiques du marché du travail, entreprenariat et droits des jeunes. Elle rappelle la nécessité d’adopter des mesures équilibrées, cohérentes et complémentaires (Lire le communiqué de presse).

L'appel de l’OIT à agir en faveur de l’emploi des jeunes invite les gouvernements et les partenaires sociaux à:
  • Favoriser une croissance riche en emplois et la création d’emplois décents grâce à des politiques macroéconomiques, à l’employabilité, à des politiques du marché du travail, à l’entreprenariat et aux droits des jeunes pour traiter les conséquences sociales de la crise tout en assurant la stabilité financière et budgétaire.
     
  • Promouvoir les politiques macroéconomiques et les incitations fiscales qui soutiennent l’emploi, renforcent la demande globale, améliorent l’accès au financement et accroissent l’investissement productif – en prenant en compte la diversité des situations économiques des pays.
     
  • Mobiliser des moyens budgétaires durables pour adopter des mesures ciblées, telles que des mesures anticycliques et des interventions de relance de la consommation, des programmes d’emploi public, des régimes de garantie de l’emploi, des programmes d’infrastructures à haute intensité de main-d’œuvre, des subventions pour les salaires et la formation et d’autres interventions spécifiques pour l’emploi des jeunes. Ces programmes devraient garantir l’égalité de traitement pour les jeunes travailleurs.