«Nous devons impérativement investir dans l'emploi pour les jeunes,(...)les politiques peuvent vraiment faire la différence.» J.M. Salazar-Xirinachs

WASHINGTON (OIT Info) – L'Organisation internationale du Travail (OIT) a lancé un appel à investir d'urgence pour créer des possibilités d'emploi pour les jeunes et relever le défi d'un chômage des jeunes qui s'amplifie.

S'exprimant lors de la Conférence mondiale sur les perspectives économiques pour la jeunesse à Washington, le Directeur exécutif de l’OIT en charge de l'Emploi, José Manuel Salazar-Xirinachs, a souligné l'importance d'une action collective forte après la publication des derniers chiffres du chômage qui montrent qu'à l'échelle mondiale 12,6 pour cent des jeunes gens sont sans emploi, soit 75 millions de jeunes hommes et femmes.

Il a déclaré aux délégués que ces chiffres inquiétants ne devaient pas être considérés comme «annonciateurs d'une catastrophe inéluctable».

«Au contraire, le message que je veux vous délivrer est qu'en effet la reprise a été faible et que de gros nuages continuent d'obscurcir l'horizon mais que nous devons impérativement investir dans des possibilités d'emploi pour les jeunes parce que nous savons aussi que les politiques et les interventions comptent et peuvent vraiment faire la différence.»

Au total, la population mondiale compte 1,2 milliard de personnes âgées de 15 à 24 ans, dont 90 pour cent vivent dans des pays en développement, 55 pour cent en Asie. En Afrique, l'âge moyen de la population est de 19 ans.

Aperçu du chômage des jeunes
75 millions de jeunes gens sont au chômage dans le monde Les jeunes courent trois fois plus de risques que les adultes de se retrouver sans emploi Plus de 200 millions de jeunes travailleurs vivent avec moins de 2 dollars par jour Au moins 10 pour cent des jeunes ne sont ni au travail, ni scolarisés, ni en formation (NEET en anglais)

«Cette réalité démographique signifie que pendant les prochaines décennies le problème général du chômage et du sous-emploi dans la plupart des pays africains sera véritablement un problème d'emploi des jeunes», a-t-il précisé. M. Salazar-Xirinachs a distingué cinq domaines clés d'intervention, contenus dans l'Appel à l'action qu'ont adopté les gouvernements, les travailleurs et les employeurs lors de la Conférence internationale du Travail en juin dernier: l’éducation et la formation, les politiques du marché du travail, l'entreprenariat des jeunes, les droits au travail des jeunes et les politiques macroéconomiques pour l'emploi des jeunes.

Une étude de l'OITpubliée le 4 septembre 2012 indiquait que les taux de chômage parmi les jeunes allaient encore s'aggraver à l'échelle mondiale à mesure que les retombées de la crise de l'euro se propagent des économies avancées vers les pays émergents. Le ralentissement des économies d'Asie de l'Est et d'Amérique latine et la réduction drastique des échanges commerciaux mondiaux se traduisent par un affaiblissement des marchés du travail.

M. Salazar-Xirinachs a ajouté qu'il fallait en faire davantage pour améliorer la qualité de l'éducation et de formation et pour renforcer leurs liens avec le monde du travail à travers l'apprentissage, des stratégies de qualification et un meilleur accès aux services d'emploi.

Les politiques du marché du travail devraient être orientées vers les catégories les plus défavorisées et les jeunes devraient recevoir un appui pour créer leur propre entreprise, grâce à des dispositifs pour l'entreprenariat des jeunes. Cependant, dans leurs efforts de promotion de l'emploi des jeunes, les politiques publiques et les employeurs ne devraient pas mettre de côté les droits au travail des jeunes travailleurs, tels que le salaire minimum, la santé et la sécurité au travail ou la protection sociale.

Une croissance forte et durable est indispensable, rappelle-t-il, et doit être encouragée par de vastes politiques économiques, par des secteurs agricoles, industriels et des services dynamiques, et par l'accélération de la transformation productive. 

L'Appel à l’action de l’OIT

Lors de sa Conférence annuelle en juin 2012, l’OIT a adopté une résolution appelant à mener une action ciblée et immédiate pour combattre la crise de l’emploi des jeunes. La résolution propose un éventail de mesures testées et éprouvées dans cinq domaines: politiques macroéconomiques, employabilité, politiques du marché du travail, entreprenariat et droits des jeunes. Elle rappelle la nécessité d’adopter des mesures équilibrées, cohérentes et complémentaires (Lire le communiqué de presse). L'appel de l’OIT à agir en faveur de l’emploi des jeunes invite les gouvernements et les partenaires sociaux à: Favoriser une croissance riche en emplois et la création d’emplois décents grâce à des politiques macroéconomiques, à l’employabilité, à des politiques du marché du travail, à l’entreprenariat et aux droits des jeunes pour traiter les conséquences sociales de la crise tout en assurant la stabilité financière et budgétaire.   Promouvoir les politiques macroéconomiques et les incitations fiscales qui soutiennent l’emploi, renforcent la demande globale, améliorent l’accès au financement et accroissent l’investissement productif – en prenant en compte la diversité des situations économiques des pays.   Mobiliser des moyens budgétaires durables pour adopter des mesures ciblées, telles que des mesures anticycliques et des interventions de relance de la consommation, des programmes d’emploi public, des régimes de garantie de l’emploi, des programmes d’infrastructures à haute intensité de main-d’œuvre, des subventions pour les salaires et la formation et d’autres interventions spécifiques pour l’emploi des jeunes. Ces programmes devraient garantir l’égalité de traitement pour les jeunes travailleurs.

La Conférence mondiale sur les perspectives économiques pour la jeunesse est un rassemblement annuel de bailleurs de fonds, de chercheurs, de professionnels, de responsables politiques, d'entreprises et de jeunes venus d'une cinquantaine de pays pour partager les leçons tirées de leurs expériences et leurs solutions pour promouvoir l'emploi des jeunes.