Diminuer les salaires peut entraver la croissance

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), diminuer les salaires tend à augmenter la compétitivité mais aussi à ralentir la croissance économique en réduisant la consommation.

Actualité | 10 août 2012
GENÈVE (OIT Info) – L’OIT prévient qu’en sacrifiant les salaires pour relancer la compétitivité et lutter contre le chômage, on risque l’effet inverse.

Cette mise en garde fait suite à la publication par la Banque centrale européenne (BCE) de son rapport mensuel d'août dans lequel la BCE réclame à la fois plus de flexibilité dans la fixation des salaires – voire l’abaissement des salaires minima – et plus de compétitivité.

Selon les experts de l’OIT, diminuer les salaires pourrait en effet entraîner une augmentation des exportations, mais risque également de peser sur la demande intérieure, ce qui pénaliserait la croissance. Compte tenu de la conjoncture économique incertaine, rien ne permet d’assurer que des réductions salariales suffiraient à doper les investissements.

Selon Patrick Belser, économiste au département Conditions de travail et d’emploi de l’OIT et auteur principal du Rapport mondial sur les salaires 2012/13, «Dès lors que la baisse des salaires diminue davantage la consommation intérieure qu’elle n’accroît les exportations et l’investissement, la croissance économique du pays s’en ressent.»

«Voilà pourquoi, en période de crise, la baisse des salaires peut déclencher un engrenage de baisses – baisse de la consommation et déflation des prix – au lieu de la reprise économique rapide escomptée.»
Si tous les pays réduisent simultanément les salaires pour rester compétitifs, l’avantage concurrentiel disparaît."


Le BIT avertit également que les tentatives pour relancer la compétitivité en abaissant les coûts de l’unité de travail – en amputant les salaires ou en laissant la productivité augmenter plus vite que les salaires –seraient intenables au niveau mondial.

«Si tous les pays réduisent simultanément les salaires pour rester compétitifs, l’avantage concurrentiel disparaît et le poids des diminutions de salaires pratiquées à travers le monde sur la consommation risque d’induire une dépression de la demande globale et de l’emploi à l’échelle mondiale», affirme M. Belser.

Une augmentation des salaires systématiquement supérieure à l’augmentation de la productivité du travail n’est pas viable. Mais l’inverse ne l’est pas non plus. M. Belser conclut: «Ce qu’il faut, c’est une augmentation parallèle des salaires et de la productivité.»


Contact:
Les journalistes désireux d’obtenir des informations supplémentaires sont invités à joindre le porte-parole de l’OIT, M. Hans von Rohland, tél.:+4122/799-7916 ou à son adresse électronique: rohland@ilo.org