Aung San Suu Kyi: Nous avons besoin d’aide et d’investissements pour renforcer la démocratie au Myanmar

Aung San Suu Kyi met l’accent sur les problèmes d’emploi des jeunes, demande de l’aide pour renforcer la démocratie et plaide en faveur d’investissements socialement responsables au Myanmar.

Actualité | 14 juin 2012
GENÈVE (Nouvelles de l’OIT) – Dans un discours historique à l’OIT, Aung San Suu Kyi a demandé aux bailleurs internationaux et aux investisseurs de venir au Myanmar pour contribuer à l’édification d’un meilleur avenir; elle a aussi mis en exergue les problèmes du chômage des jeunes.

«Il faut encourager les investissements directs étrangers qui aboutissent à la création d’emplois. Les investisseurs doivent adhérer aux codes de bonne conduite. Nous devons faire un bilan au regard des normes du travail reconnues au plan international et de la responsabilité environnementale», a-t-elle déclaré aux délégués réunis pour la Conférence internationale du Travail (CIT) à Genève.

«Ce que je veux pour mon pays, c’est une croissance et un développement qui soient respectueux de la démocratie. Je voudrais plaider en faveur d’une aide qui renforcera le processus démocratique en suscitant des progrès économiques et sociaux qui favoriseront les réformes politiques.»

Ce n’est pas tant le chômage que le désespoir qui est une menace pour notre avenir."
 
Evoquant les récents changements intervenus au Myanmar, elle a affirmé qu’en plus des réformes politiques «des efforts considérables avaient été déployés pour obtenir des changements positifs dans le secteur économique».

Aung San Suu Kyi a également mentionné le drame des jeunes sans emploi.

«Ce n’est pas tant le chômage que le désespoir qui est une menace pour notre avenir. Les jeunes sans emploi perdent toute confiance dans la société qui a été incapable de leur donner une chance de se réaliser pleinement.»

Elle a souligné la nécessité de doter les jeunes des compétences requises pour entrer dans le monde du travail. «La formation professionnelle doit impérativement être liée à la création d’emplois si nous voulons sauvegarder l’avenir en donnant à notre jeunesse les moyens d’endosser efficacement les responsabilités qui leur incomberont inévitablement un jour», a-t-elle précisé.

Dans son allocution, saluée par de chaleureux applaudissements, elle a fait référence à la longue coopération qu’elle et son parti avaient entretenue avec l’OIT.

«Nous avons coopéré au mieux de nos possibilités avec l’OIT et d’autres organisations ou personnalités intéressées par les questions du travail forcé et des enfants soldats.»

«La Conférence internationale du Travail est un pionnier et un modèle en matière d’intégration. Des délégués des travailleurs et des employeurs, ainsi que des gouvernements, réunis ensemble pour trouver de véritables solutions à des problèmes complexes, illustrent la valeur de ces échanges approfondis entre les acteurs concernés», a déclaré Aung San Suu Kyi.

La CIT, qui se déroule du 30 mai au 14 juin, a levé les principales restrictions sur le Myanmar en reconnaissance des progrès accomplis.

Cette décision a mis fin aux restrictions qui avaient exclu le gouvernement du Myanmar de l’assistance technique de l’OIT et a invité le Myanmar à lui faire rapport de l’évolution de la situation dans un an.

Le gouvernement du Myanmar et l’OIT se sont mis d’accord sur une stratégie commune pour éradiquer le travail forcé dans le pays. Le gouvernement du Myanmar a reconnu la nécessité de prendre des mesures immédiates afin d’appliquer cette stratégie avant l’échéance fixée à 2015.

Après sa visite à Genève, Aung San Suu Kyi se rendra en Norvège, en Grande-Bretagne, en Irlande et en France.

Elle est Présidente de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et membre du Parlement du Myanmar, autrefois appelé Birmanie.