Le moment est venu de repenser les politiques de lutte contre la crise économique mondiale, a déclaré le Directeur général du BIT

Dans son allocution d’ouverture de la 101e Conférence internationale du Travail, le Directeur général du Bureau international du Travail (BIT), Juan Somavia, a mis l’accent sur la crise du chômage des jeunes, les socles de protection sociale, le Myanmar, la situation des travailleurs dans les Territoires arabes occupés, la crise de la zone euro et les droits fondamentaux au travail.

Actualité | 30 mai 2012
Directeur Général Juan Somavia
GENÈVE (Nouvelles du BIT) – «Nous avons un ordre du jour qui va droit au cœur des inquiétudes et des incertitudes de nos sociétés: l’emploi des jeunes, la protection sociale et les droits au travail», a déclaré Juan Somavia à des centaines de délégués, à savoir des représentants des gouvernements et des dirigeants d’organisations d’employeurs et de travailleurs, en provenance des 184 Etats Membres de l’OIT.

«Cette Conférence se réunit en des temps bien difficiles et incertains pour tous, et en particulier pour les travailleurs, les petites entreprises et les budgets des Etats», a-t-il ajouté.

L’OIT estime qu’au cours des cinq prochaines années le monde aura besoin de quarante-cinq à cinquante millions de nouveaux emplois par an, rien que pour revenir à la situation antérieure à la crise de 2008.

"Nous sommes à un moment clé où la crise nous donne l’occasion de changer de cap. J’y vois un rôle crucial à jouer pour l’OIT en se saisissant des opportunités qui s’offrent à nous", a poursuivi M. Somavia. Il a qualifié les politiques menées dans la zone euro d’extrêmement préoccupantes pour l’OIT.
(Voir Zone euro: «Des politiques extrêmes pourraient conduire à des réactions extrêmes», avertit le Directeur général de l’OIT)

Abordant les défis auxquels sont confrontés les jeunes du monde entier, Juan Somavia a déclaré: «Nous avons manqué à nos jeunes, hommes et femmes, depuis un certain temps déjà». Selon M. Somavia, «il n’y a guère de solidarité intergénérationnelle quand la génération des adultes qui formule les politiques fait peser sur la jeune génération la plus lourde part du fardeau des crises».

Faisant référence à la possible adoption par la Conférence d’une recommandation sur les socles de protection sociale, il l’a qualifiée d’engagement en faveur d’une société décente, de «plateforme qui permettra à des centaines de millions de femmes, d’hommes et d’enfants d’avancer sur des bases solides». Il a également rappelé les effets positifs sur l’économie d’un tel socle.

M. Somavia a averti qu’avec une reprise économique mondiale faible et fragile, le respect des principes et droits fondamentaux au travail était mis à rude épreuve; il a souligné le rôle que ces principes et droits fondamentaux au travail jouent pour maintenir le lien entre progrès social et croissance économique. Il a lancé un vibrant appel pour un meilleur respect de ces droits et principes qui «sont aujourd’hui universellement reconnues comme des règles du jeu fondamentales pour le monde du travail».

Le 14 juin, Mme Aung San Suu Kyi, présidente de la Ligue nationale pour la démocratie au Myanmar s’adressera à la Conférence.

«L’an dernier, elle nous avait envoyé une vidéo. Cette année, elle nous honore de sa présence. C’est l’illustration du changement politique en cours; nous devons le saluer et nous en emparer pour étendre les possibilités qu’il représente», a déclaré M. Somavia.

Le Directeur général s’est aussi engagé à continuer de «travailler avec [les] mandants palestiniens au travers de politiques et de programmes concrets qui les aideront à bâtir un Etat palestinien pleinement viable».

La Présidente du Costa Rica, S.E. Laura Chinchilla Miranda, a participé à la cérémonie d’ouverture de la Conférence internationale du Travail (CIT); elle a déclaré que le travail décent pouvait jouer un rôle primordial pour renforcer les économies frappées par la crise.

«Il est clair que le travail décent devrait être au centre des politiques macroéconomiques, financières et de croissance, en particulier dans ce contexte de crise et dans le cadre du pacte pour les emplois décents», a-t-elle ajouté lors de la session annuelle de la CIT à Genève.

La 101e session a débuté avec l’élection de son bureau. M. Rafael Francisco Alburquerque de Castro, Vice–président de la République dominicaine, a été élu Président. La Conférence a désigné comme Vice-présidents M. Blaise Matthey (employeurs) de Suisse, M. Francis Atwoli (travailleurs) du Kenya et M. Rajab Sukayri (gouvernements) de Jordanie. Près de 5000 délégués ont demandé à être accrédités pour la Conférence.

Chaque Etat Membre a le droit d’envoyer quatre délégués à la Conférence internationale du Travail: deux délégués du gouvernement, un délégué des travailleurs et un délégué des employeurs, chacun d’eux pouvant s’exprimer librement et voter en toute indépendance.