Sommet du G20 à Cannes: priorités, défis et orientations

L'Ambassadeur Jean-David Levitte expose les priorités de la France pour le sommet du G20 à Cannes, 3-4 Novembre 2011.

Actualité | 5 octobre 2011

A l’approche du prochain Sommet du G20 à Cannes, l’Ambassadeur Jean-David Levitte, Conseiller diplomatique et sherpa du Président de la République française, a rencontré les mandants de l’OIT et le personnel du BIT à Genève afin d’échanger sur quelques-unes des priorités de la France en amont du sommet et de les tenir informés du travail préparatoire accompli jusque-là. Selon lui, la France tient beaucoup à ce que le G20 s’ouvre à la communauté internationale tout entière, parce que le Groupe ne peut et ne doit pas devenir un club fermé et exclusif. Même si les membres du G20 représentent 85 pour cent du PIB mondial, l’ouvrir aux autres pays est une condition de la légitimité du Groupe.

Depuis 2008, les précédents sommets du G20 et les réunions préparatoires ont été consacrés à la crise, à ses conséquences et aux mesures politiques à prendre pour en sortir. Tout au long de la période de récession et de redressement de 2008-2010, les efforts du G20 se sont essentiellement concentrés sur la restauration du système financier, la recherche de mesures susceptibles d’atténuer les effets de la crise, la réforme des institutions financières internationales et l’élaboration de nouveaux modèles de croissance. Les récentes évolutions économiques dans les pays développés, émergents ou en développement montrent que ces efforts doivent être poursuivis. Le Sommet du G20 à Cannes va traiter de la crise qui affecte non seulement la zone euro et les Etats-Unis, mais aussi les pays émergents et les pays en développement. Dans un avenir proche, certains pays vont devoir se concentrer sur des mesures de soutien à l’économie, d’autres sur la consolidation de leurs finances publiques, d’autres encore sur le rééquilibrage de leur modèle économique en faveur de la consommation intérieure. A Cannes, la France va proposer aux dirigeants d’adopter un plan d’action pour la croissance mondiale. Ce plan s’appuie sur les mesures de politique économique concrètes adoptées par les Etats-Unis, la Chine et plusieurs pays de la zone euro, le Japon, le Royaume-Uni et le Brésil.

Restaurer la confiance économique dans la zone euroL’Ambassadeur Jean-David Levitte, Conseiller diplomatique et sherpa du Président de la République française, s’adressant à l’OIT – Genève, 3 octobre 2011

Restaurer la confiance économique dans la zone euro

L’Ambassadeur Levitte a présenté les deux principaux axes de discussion pour Cannes. Premièrement, il a réitéré le soutien et l’engagement de la France envers la Grèce pour garantir l’avenir de l’euro et donc de l’Union européenne. La France va aider l’administration grecque à accéder aux fonds structurels de l’UE auxquels le pays a droit. Les échanges constants entre le Président Nicolas Sarkozy, la Chancelière Angela Merkel et la troïka (FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne) sont les garants de cette promesse. Deuxièmement, restaurer la confiance économique requiert des efforts mondiaux au-delà du G20, parce que l’interdépendance des économies assure mécaniquement une transmission immédiate des déséquilibres quel que soit le lieu ou le moment où ils se produisent.

Le système monétaire international

L’indispensable réforme du système monétaire international et la lutte contre l’excessive volatilité des prix ne sont pas seulement utiles pour une meilleure régulation de la mondialisation, mais elles sont dès maintenant complémentaires du plan d’action pour la croissance. «Qui ne voit qu’il est désormais indispensable de progresser vers un nouvel ordre monétaire international, reflétant les nouvelles réalités économiques du monde et évitant les déséquilibres des marchés des changes qui avaient failli dégénérer en une guerre des changes il y a un an», a souligné l’Ambassadeur Levitte. «Qui ne comprend que les désordres des marchés boursiers, qui ont conduit à des fluctuations excessives des prix agricoles ou des prix énergétiques, sont un frein à la croissance et, plus grave encore, sont directement responsables de catastrophes humanitaires», a-t-il ajouté.

Concernant la réforme du système monétaire international, en mars dernier à Nanjing, les pays du G20 ont conclu un accord sur neuf axes précis de réforme, parmi lesquels l’Ambassadeur Levitte en a retenu quatre principaux:

  • La composition des droits de tirage spéciaux du FMI: le G20 travaille en particulier sur les critères d’intégration de nouvelles monnaies dans le panier des droits de tirage spéciaux (DTS).
  • Un cadre de référence pour la gestion des flux de capitaux: il doit y avoir des références communes afin de répondre aux brusques entrées ou sorties de capitaux, en particulier dans des pays qui ont déjà été confrontés à ce type de problèmes (comme le Brésil).
  • Le renforcement de la réponse aux chocs systémiques par la mise en place de nouvelles lignes de crédit au FMI, à l’attention notamment des pays qui sont bien gérés mais qui sont exposés à la crise mondiale. Le FMI doit articuler au mieux ses instruments avec les fonds mutuels de soutien créés par l’Europe avec le Fonds de stabilité financière européen et par l’Asie avec l’accord de Chiang Mai.
  • Le G20 travaille au renforcement de la surveillance multilatérale du FMI, en particulier eu égard aux effets de contagion économique et financière d’un pays ou d’une zone vers le reste du monde.

L’agenda social

La réponse à la crise ne sera efficace que si elle inclut une préoccupation renouvelée et partagée pour l’emploi, la protection sociale et les droits sociaux. Lors de la Réunion des ministres du Travail et de l’emploi du G20 (Paris, 26-27 septembre 2011) qui vient de s’achever, les dirigeants sont parvenus à un accord sur les recommandations politiques suivantes:

  • Améliorer les politiques actives de l’emploi, notamment pour les jeunes générations et les autres groupes vulnérables
  • Renforcer la protection sociale par la mise en œuvre de socles de protection sociale adaptés à chaque pays
  • Promouvoir l’application effective des droits sociaux et du travail
  • Renforcer la cohérence des politiques économiques et sociales
L’emploi et le chômage restent au cœur des préoccupations des pays du G20. L’action de l’OIT à cet égard – notamment par le biais du Groupe consultatif sur le socle de protection sociale présidé par Michele Bachelet – a été pleinement prise en compte par le G20 en 2011 et restera à l’ordre du jour au cours des prochaines années. La Présidence du G20 a contribué à l’organisation d’un «Labour 20» qui doit se tenir en parallèle au «Business 20» à Cannes.L’Ambassadeur Jean-David Levitte et le Directeur général du BIT Juan Somavia s’adressant aux mandants de l’OIT et au personnel du BIT

L’emploi et le chômage restent au cœur des préoccupations des pays du G20. L’action de l’OIT à cet égard – notamment par le biais du Groupe consultatif sur le socle de protection sociale présidé par Michele Bachelet – a été pleinement prise en compte par le G20 en 2011 et restera à l’ordre du jour au cours des prochaines années. La Présidence du G20 a contribué à l’organisation d’un «Labour 20» qui doit se tenir en parallèle au «Business 20» à Cannes.

La régulation financière

La France a fait sienne les recommandations énoncées par la Réunion des ministres du Travail et de l’Emploi du G20 à Washington en avril 2010 et plaidé en faveur de règles et d’une surveillance appropriées – qui concernent tous les acteurs, tous les marchés et tous les produits de la mondialisation – qui doivent s’appliquer de la même manière au secteur financier. Depuis Pittsburg, le gouvernement français s’est concentré sur la mise en œuvre des engagements pris lors des derniers sommets mais aussi sur l’élargissement de la régulation aux entités et aux activités non-bancaires, comme la supervision du système bancaire parallèle (shadow banking), sur la protection des utilisateurs de services financiers et sur la régulation des dérivées de matières premières. «A Cannes, nous espérons que le G20 signera la Convention multilatérale sur l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale», a déclaré l’Ambassadeur Levitte.

L’agenda du développement

«Sous notre Présidence, et en association étroite avec la Corée du Sud et l’Afrique du Sud, qui ont co-présidé le groupe de travail avec la France tout au long de cette année, nous avons bien avancé sur les neuf piliers qui constituent le Plan d’action de Séoul», a ajouté Jean-David Levitte. En accord avec tous les partenaires du G20, à Cannes, les priorités du développement seront: la sécurité alimentaire, les infrastructures, le financement du développement, avec un intérêt marqué pour les financements innovants.

En ce qui concerne le financement du développement, le Président Sarkozy a demandé à Bill Gates de présenter à Cannes des propositions pour les Chefs d’Etat et de gouvernement, afin de renouveler les engagements pris et d’innover en faveur de nouveaux modes de financement. Le rapport Gates, qui aborde les objectifs communs en termes d’aide publique au développement (APD), comprendra une «menu d’options» comprenant des mécanismes de financement innovants divers parmi lesquels les membres du G20 seront invités à choisir au moins l’une des options en vue de l’appliquer.

La France est favorable à une taxe sur les transactions financières. Cette taxe, qui apparaît comme techniquement réalisable, fait actuellement l’objet de discussions avec l’Allemagne et un projet de la Commission européenne est attendu dans les jours à venir. «Avec le soutien de la société civile et de l’opinion mondiale, qui demandent aux gouvernements de faire mouvement sur cette question, nous souhaitons convaincre, non seulement de la faisabilité d’une telle taxe mais aussi de sa nécessité pour faire face aux grands défis du développement; je pense à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, je pense aux menaces que recèle le réchauffement climatique», a déclaré l’Ambassadeur Levitte.

Pour plus d’informations, veuillez consulter le site Sommet du G20, Cannes, 3-4 novembre 2011 (en anglais)