Conjuguer micro-assurance et nouvelles technologies pour protéger les plus pauvres

Le microcrédit peut aider les pauvres à s'extraire de la misère. La micro-assurance peut leur éviter d'y retomber. En procurant une protection contre certains risques, la micro-assurance complète les autres services sociaux et financiers. Mais son développement dépend encore beaucoup de la réduction des frais de gestion liés aux polices d'assurance.

Article | 5 avril 2007

Le microcrédit peut aider les pauvres à s'extraire de la misère. La micro-assurance peut leur éviter d'y retomber. En procurant une protection contre certains risques, la micro-assurance complète les autres services sociaux et financiers. Mais son développement dépend encore beaucoup de la réduction des frais de gestion liés aux polices d'assurance. Une nouvelle publication, co-éditée par le BIT, intitulée «La protection des pauvres: guide de micro-assurance» (Note 1) affirme que les nouvelles technologies pourraient favoriser l'essor de la micro-assurance comme stratégie efficace de réduction de la pauvreté.

GENÈVE (BIT en ligne) – Parce qu'ils vivent souvent dans des environnements dangereux – dans des bidonvilles aux conditions insalubres, dans des zones rurales exposées aux sécheresses ou aux inondations – les pauvres sont plus vulnérables que le reste de la population aux risques de maladie, d'accident mortel et d'invalidité, de vol et d'incendie, de pertes agricoles, de catastrophes d'origine naturelle ou humaine. Ils sont aussi les moins bien armés pour faire face quand une crise survient.

Bien que les foyers démunis parviennent souvent à se débrouiller pour gérer ces risques, leurs stratégies de fortune ne leur procurent pas une protection suffisante. Avant que le foyer n'ait une chance de récupérer après une crise, il est souvent frappé par une nouvelle difficulté. La micro assurance s'appuie sur les mécanismes de réponse informels tout en prodiguant de meilleures prestations à un plus grand nombre de familles démunies.

Pour réaliser tout le potentiel qu'offre la micro assurance dans la protection des pauvres, il est nécessaire de développer une culture de l'assurance dans la population à faibles revenus et d'introduire des produits qui correspondent à ses besoins essentiels. Les technologies de l'information, y compris les cartes à puce, les codes barres et Internet, peuvent grandement contribuer à étendre la diffusion et la qualité des produits, à réduire les coûts et améliorer la fiabilité des fournisseurs.

Voici quelques exemples d'automatisation qui améliore l'efficacité de la micro assurance sans parler de la qualité du service au consommateur, du renforcement de la direction et de la formation du personnel.

  • En Ouganda et au Malawi, des courtiers en assurance ont créé des cartes à puce pour les assurés les plus pauvres: elles attestent de leur identité, indiquent leur taux de couverture et précisent s'ils ont bien acquitté leur prime;
  • Aux Philippines, les assureurs ont réduit les coûts de transaction liés à la collecte d'une multitude de polices de faible montant en autorisant le paiement via les téléphones mobiles;
  • En Inde, un système de codes barres est actuellement expérimenté comme outil de gestion de l'information client. Les étiquettes codes barres sont particulièrement utiles pour les clients analphabètes qui peuvent les coller sur des enveloppes pré-imprimées afin de s'identifier.

Les technologies de l'information fonctionnent bien dans le secteur de la micro-assurance en raison même de la nature de l'activité qui consiste à traiter de l'information. Avant la naissance de l'ordinateur, de grandes compagnies d'assurance ont initié le développement des machines telles que les trieuses, les interclasseuses et les calculatrices pour accroître leur productivité. Aujourd'hui, ces outils sont aussi à la disposition des plus petits assureurs. Les micro-assureurs, quelle que soit leur taille, doivent tirer profit de ces méthodes efficaces s'ils veulent être de bons courtiers de micro-assurance.

Parmi les agents d'assurance, quelques inquiétudes se sont fait jour quant au coût du passage de méthodes manuelles à des méthodes automatisées. Mais une approche manuelle n'offre la marge de progression nécessaire au développement durable de l'activité parce qu'elle ne permet pas d'optimiser les procédures, ni de faire des économies d'échelle. Or un assureur incapable d'atteindre un grand nombre d'assurés se place dans une situation précaire.

Les architectures des nouvelles technologies basées sur Internet et les communications sans fil peuvent être un bon facteur de croissance pour la micro-assurance. Qui plus est, utiliser des logiciels libres de droit est un moyen peu coûteux pour les micro-assureurs et les organisations de terrain de bénéficier des nouvelles technologies. L'OIT fournit même un logiciel gratuit qui permet aux systèmes de micro-assurance santé de gérer le recrutement, les adhésions, les primes et les demandes d'indemnités des assurés et de suivre chaque mois l'évolution de 13 indicateurs de performance.

La technologie seule ne suffit pas à surmonter tous les obstacles auxquels sont confrontées les opérations de micro-assurance. Cependant, elle contribue à optimiser le retour sur investissement et à combler les fossés opérationnels en favorisant la communication et la coopération entre les différents acteurs concernés à travers le monde.

«La technologie n'est pas le privilège des seuls assureurs; aujourd'hui les consommateurs aussi veulent en bénéficier. Même les ménages à bas revenus ont de plus en plus accès à la technologie des téléphones mobiles et d'Internet. Non seulement les NTIC permettent d'accroître la performance de la microfinance, de réduire les coûts et de diminuer le montant des primes, mais elles représentent aussi une chance de mieux atteindre les populations marginalisées et d'introduire des produits accessibles pour satisfaire leurs besoins élémentaires», conclut Craig Churchill, expert du BIT dans le secteur de la micro-assurance.


Note 1 - Protecting the Poor: A microinsurance compendium, (La protection des pauvres: guide de micro-assurance), par Craig Churchill, BIT, Genève, en association avec la Fondation Munich-Re, Allemagne. ISBN 978-92-2-119254-1.