Afghanistan: Préparation d'un avenir meilleur

Après plus de vingt ans de guerre, la reconstruction de l'Afghanistan passe par la remise en état des routes et des ponts. Le Programme du BIT sur la réponse aux crises et la reconstruction utilise des méthodes à forte intensité de main-d'œuvre pour réparer les rues de Kaboul mais aussi dans l'optique de créer des emplois durables, conformes aux principes du travail décent.

Article | 15 décembre 2003

KABOUL (BIT en ligne) - Des signes de développement commencent à apparaître dans les rues poussiéreuses de la capitale de l'Afghanistan. Dans le cadre du Programme national d'urgence pour l'emploi (NEEP), le BIT aidera le pays à mettre sur pied, pierre par pierre, des structures de gestion, de planification et de contrôle.

Les experts de l'OIT en charge des réponses aux crises et des questions de reconstruction ont à persuader les responsables de la Banque mondiale, de l'Union européenne et différents donateurs bilatéraux de planifier les nouveaux besoins en infrastructure de l'Afghanistan en fonction de stratégies aboutissant à la création d'emplois. Le programme NEEP est doté de 200 millions de dollars des Etats-Unis pour une durée de deux ans.

Selon Bas Athmer*, conseiller technique principal du BIT en Afghanistan et coordinateur du NEEP, ce programme place la création d'emplois et les techniques traditionnelles au centre de travaux de reconstruction, dits "à haute intensité de main-d'œuvre".

"On ne peut préparer l'avenir sans capital humain", déclare Athmer. "Au cours de ces 25 dernières années, le BIT a démontré qu'avec un même apport financier, les méthodes à haute intensité de main-d'œuvre génèrent deux à quatre fois plus d'emplois que les méthodes à fort coefficient de capital et d'équipement."

En outre, l'expérience montre que les méthodes de construction traditionnelles sont plus pratiques et permettent de mettre à profit le savoir-faire local. "Le BIT a proposé de refaire les rues de Kaboul avec des pavés. En effet, la pierre abonde en Afghanistan et elle dure plus longtemps que le cailloutis ou même l'asphalte. Le même principe vaut pour les murs de soutènement des routes et des remblais. Il n'est pas nécessaire d'utiliser du béton si l'on peut obtenir le même résultat avec de simples pierres", explique Athmer.

"La haute technologie n'est pas ce qu'il y a de mieux lorsque les gens ont besoin de travail pour vivre décemment."

Des routes de qualité et des emplois de qualité

L'équipe du BIT en Afghanistan établira de nouvelles normes pour la construction et l'emploi dans le secteur des travaux publics. "Il est relativement facile de reconstruire une route en donnant des pelles et des marteaux aux gens qui sont dans la rue", dit Athmer. "Les difficultés commencent dès lors que l'on décide d'ouvrir cette route à la circulation dans les six mois. Pour cela, il faut un système de contrôle de la qualité et des méthodes sûres de passation des marchés."

La qualité des routes est importante mais, pour le BIT, la qualité des emplois l'est tout autant. Les conditions de vie et de travail ne s'amélioreront que si le principe du travail décent et le respect des normes du travail s'inscrivent dans une stratégie de création d'emplois à long terme. Le NEEP s'appuie sur la réussite d'un premier programme d'urgence pour l'emploi, qui avait été financé par le BIT. Il a pour but de mettre en place un plan de développement qui favorise la création d'emplois au moyen de techniques et de méthodes applicables dans la durée.

La protection sociale pour tous les travailleurs est une priorité. En outre, une attention particulière sera accordée à l'emploi des catégories vulnérables et défavorisées. Les femmes se verront elles-aussi offrir des emplois dans la reconstruction des équipements collectifs. "Ce n'est pas facile mais il existe des solutions pour contourner les sensibilités culturelles. S'il le faut, nous nous arrangerons pour que les femmes travaillent dans des sites séparés, en leur apportant directement les matériaux et les outils", explique Athmer.

Le Programme NEEP vise à préparer une nouvelle génération d'administrateurs et d'informaticiens. Ainsi, en dotant le pays de compétences techniques et administratives, il favorisera une croissance endogène et durable.

Le grand avantage des méthodes à haute intensité de main-d'œuvre que propose le BIT réside dans la création d'emplois réguliers, surtout pour les travailleurs non qualifiés. Mais le but du programme est plus large. Pour l'Afghanistan, le renforcement de l'autonomie des individus et des collectivités par le travail constituera une étape essentielle vers l'édification de la paix, la cohésion sociale, la reprise des activités économiques locales et l'ouverture de nouveaux marchés.

Pour tout renseignement à propos du Programme du BIT sur la réponse aux crises et la reconstruction, consulter le site: www.ilo.org/public/french/employment/recon/crisis/index.htm, tél.: +4122/799-6853, e-mail: MSU@ilo.org

* Bas Athmer a été interviewé par Donato Kiniger-Passigli du Programme du BIT sur la réponse aux crises et la reconstruction.