La Conférence internationale adopte un Plan pour combattre le Travail des Enfants
OSLO (BIT/UNICEF) Tout en qualifiant le recours aux enfants travailleurs de «violation grave» des droits élémentaires de l'homme et de menace pesant sur la croissance économique et sociale de la planète, les délégués présents à la conférence internationale réunissant 40 pays qui se tient ici aujourd'hui ont adopté une stratégie mondiale radicale visant à abolir le travail des enfants et ont exigé son application urgente.
OSLO (BIT/UNICEF) Tout en qualifiant le recours aux enfants travailleurs de «violation grave» des droits élémentaires de l'homme et de menace pesant sur la croissance économique et sociale de la planète, les délégués présents à la conférence internationale réunissant 40 pays qui se tient ici aujourd'hui ont adopté une stratégie mondiale radicale visant à abolir le travail des enfants et ont exigé son application urgente.
Dans son «Programme d'action» la Conférence internationale sur le travail des enfants a vivement recommandé un programme assorti d'un calendrier visant à éliminer le travail des enfants et a exhorté les pays à accorder une priorité urgente et immédiate à l'abolition des formes les plus intolérables ou extrêmes de travail des enfants (toutes formes d'esclavage ou pratiques analogues, le travail forcé ou obligatoire, y compris la servitude pour dettes et le servage, l'utilisation des enfants dans la prostitution, la pornographie et le trafic de drogues, ainsi que toute autre forme de travail dangereux ou malsain ou qui empêche l'enfant de s'instruire).
Bien que les délégués aient insisté sur la nécessité de mesures préventives, notamment l'instruction, comme le moyen le plus efficace en termes de coût pour combattre le travail des enfants, ils ont aussi enjoint aux pays d'intervenir «progressivement», d'abord en vue d'éliminer le travail des enfants parmi les mineurs d'âge scolaire, en particulier les activités qui entravent leur développement et leur scolarisation, et ensuite en vue d'augmenter au niveau mondial «les investissements en capital humain dès la petite enfance, tels que l'instruction et la santé» , ce qui serait un moyen d'atteindre un développement économique et social qui, à son tour, favoriserait également la réduction du nombre des enfants travailleurs.
«Ce Programme d'action est bien ancré dans la réalité», a déclaré Hilde F. Johnson, la ministre du Développement et des Droits de l'homme de la Norvège, pays qui a organisé cette conférence de quatre jours. «Investir dans le développement physique, mental, spirituel, moral et social des enfants est un impératif éthique, social et économique pour toutes les sociétés.»
«Le travail des enfants est à la fois une conséquence et une cause de la pauvreté; c'est pourquoi il nous faut des stratégies pour réduire la pauvreté si nous voulons éliminer la cause profonde du travail des enfants,» a déclaré Mme Johnson en ajoutant que «les filles sont particulièrement vulnérables».
Cette Conférence a été organisée en collaboration avec le Bureau international du Travail (BIT) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) et a rassemblé plus de 350 délégués, y compris des ministres de la Coopération pour le développement, du Travail, de l'Education, des Affaires sociales et de la Justice de 40 pays industrialisés et en développement, ainsi que des dirigeants d'organisations syndicales et patronales, d'organisations non gouvernementales, d'agences des Nations Unies et autres organismes multilatéraux, sans compter des spécialistes de renommée sur la question du travail des enfants.
Les travaux de la Conférence se sont appuyés sur les dispositions contre le travail des enfants contenues dans la convention relative aux Droits de l'enfant et la Convention no. 138 du BIT. Cette conférence est la dernière en date d'une série de réunions internationales sur ce sujet, y compris le Congrès mondial contre l'exploitation commerciale et sexuelle des enfants qui a eu lieu en 1996 et la Conférence d'Amsterdam sur le travail des enfants qui s'est tenue en février 1997.
Les principaux éléments du Programme d'action définitif incluent la formulation d'un plan d'action assorti d'un calendrier visant à prévenir et éliminer toutes les formes de travail des enfants en commençant par les plus intolérables, ainsi qu'à fournir, comme composante essentielle des plans nationaux, une scolarisation élémentaire de nature obligatoire, universelle et «gratuite pour tous». D'autre part, ce Programme d'action recommande l'égalité entre garçons et filles dans l'accès à l'instruction, l'offre de formation professionnelle et de programmes d'apprentissage et, enfin, l'intégration des enfants travailleurs dans le système scolaire officiel.
Le Programme d'action prévoit également les mesures suivantes: veiller à ce que les politiques sociales et économiques visant à combattre la pauvreté soient basées sur les besoins des familles et des communautés, en prenant bien soin d'offrir aux familles des enfants travailleurs des possibilités d'emplois et de revenus durables; concevoir des plans d'action nationaux visant à l'élimination du travail des enfants et intensifier ceux qui existent déjà; améliorer les moyens destinés à collecter les données sur le travail des enfants; adopter et appliquer des lois et des politiques nationales sur le travail des enfants conformément aux normes internationales; et ratifier et appliquer les instruments internationaux pertinents tels que la convention relative aux droits de l'enfant et la Convention no. 138 du BIT.
Par ailleurs, le programme préconise la révision des programmes existants de coopération pour le développement, aussi bien bilatéraux que multilatéraux, afin d'évaluer leur impact sur le travail des enfants, et "dans les cas appropriés, en coopération avec les pays en voie de développement concernés, en ajustant les programmes qui prennent également cet aspect en considération, pour assurer une meilleure utilisation des ressources et de plus larges retombées». Par ailleurs, le Programme d'action recommande aux pays de prendre une part active à l'élaboration et à l'adoption d'une nouvelle convention du BIT sur les formes les plus intolérables (extrêmes) de travail des enfants qui doit être discutée lors de la prochaine Conférence internationale du Travail du BIT qui se tiendra à Genève en 1998.