Emplois verts

Un «cocktail» de nouveaux services aide Vanuatu à se relever du cyclone Pam

Tandis que les dirigeants mondiaux vont discuter du changement climatique à Paris, l’OIT aide Vanuatu à se reconstruire, plus fort, de manière plus écologique, afin de mieux se préparer à de futurs ouragans.

Reportage | Vanuatu | 1 décembre 2015
VANUATU (OIT Info) – Frank Garae a perdu son emploi au lendemain du cyclone de catégorie 5 qui a frappé Vanuatu. Cet homme de 39 ans travaillait dans un complexe hôtelier cinq-étoiles à Port Vila, la capitale et plus grande ville de Vanuatu.

Le 13 mars 2015, le terrible cyclone Pam de catégorie 5 a causé la pire catastrophe naturelle de l’histoire de Vanuatu. L’ouragan a fait d’énormes dégâts et provoqué la mort de 15 personnes dans ce petit Etat insulaire du Pacifique Sud.

Services d’emploi du Vanuatu (ESV)
Selon l’analyse de l’OIT, le cyclone Pam a affecté (directement et indirectement) les moyens de subsistance d’environ 40 800 ménages, soit 195 000 personnes – plus de la moitié de la population du pays qui compte environ 250 000 habitants. Les dommages ont été recensés dans quatre des six provinces, où un total de 504 050 journées de travail et 1,6 milliard de vatu (15 millions de dollars) de revenus personnels ont été perdus.

Mais moins de trois mois après le cyclone, le gouvernement du Vanuatu, avec l’appui et l’assistance technique de l’OIT, a lancé les Services d’emploi du Vanuatu (ESV).

ESV fournit des services aux employés du secteur formel qui cherchent un nouvel emploi après le cyclone Pam et aux jeunes chômeurs qui veulent des conseils en matière d’orientation, de formation et d’emploi. L’aide proposée comprend l’inscription, l’orientation professionnelle, la formation, l’accompagnement et l’insertion professionnelle.

Garae était la première personne à s'inscrire à ESV.
Le 8 juin 2015, premier jour des inscriptions, une heure avant l’ouverture des portes, Garae attendait devant les locaux d’ESV, impatient d’entrer et d’utiliser les services mis à disposition.

«Je l’ai vu aux infos et je me suis dit que je devrais prendre l’initiative d’aller m’inscrire. Deux jours plus tard, j’ai reçu un appel de l’hôtel Melanesian me demandant de venir pour un entretien d’embauche et, quelques jours plus tard, j’ai appris la bonne nouvelle: je devenais leur nouveau barman», raconte Garae.

Mieux répondre aux prochains cyclones

Lancé par le ministère de l’Intérieur, avec le Conseil des syndicats du Vanuatu et la Chambre de commerce et d’industrie du Vanuatu, ESV est l’un des trois programmes de l’OIT mis en place au Vanuatu, non seulement pour répondre à la catastrophe du cyclone Pam mais aussi pour renforcer les capacités et les institutions locales et leur permettre de faire face plus efficacement aux prochaines catastrophes.

Des jeunes demandeurs d'emploi s'inscrivant à ESV.
Les deux autres programmes principaux s’intitulent Technologies à haute intensité de main-d’œuvre pour la construction et la maintenance des routes et Appui et renforcement des capacités des travailleurs.

M. Satoshi Sasaki, Directeur par intérim du Bureau de l’OIT pour les pays insulaires du Pacifique, déclare que l’initiative de réponse au cyclone a été élaborée à partir des conclusions d’une évaluation financée par l’OIT portant sur l’emploi, les moyens de subsistance et la protection sociale, dans le cadre de l’Evaluation des besoins après la catastrophe (PDNA en anglais) menée par le gouvernement du Vanuatu, avec le soutien de la Banque mondiale, de l’Union européenne et des Nations Unies.

«Je suis très heureux de voir que le processus est en marche et que le gouvernement a pris des mesures pour le soutenir et lui allouer des fonds supplémentaires», ajoute M. Sasaki.

A ce jour, 145 personnes (50 hommes et 95 femmes) victimes du cyclone Pam ont été enregistrées, ainsi que 861 jeunes chômeurs (409 hommes et 452 femmes).

Selon Lionel Kaluat, Commissaire au Travail, neuf entreprises privées et une ONG ont déjà approché l’ESV, afin de pourvoir plus de 20 postes vacants. Les candidatures d’environ 120 demandeurs d’emploi ont été examinées à cette fin.

«Après trois mois sans emploi ni revenu, je suis très heureux de reprendre le travail et de commencer à gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de ma famille», se réjouit Garae qui a deux enfants en âge de suivre un enseignement secondaire.

Garae travaille maintenant à plein temps.
Cela fait trois mois que Garae occupe ses nouvelles fonctions et il se sert de l’expérience acquise dans un hôtel appartenant à une chaîne internationale pour améliorer les services pour la clientèle de son nouvel hôtel dont la gestion et la propriété sont locales. «J’ai mis au point une toute nouvelle carte de cocktails qui a attiré une nouvelle clientèle de patrons à l’Oasis Bar. Bientôt, pour la première fois dans cet hôtel, nous aurons une carte de cocktails sans alcools et de digestifs.»