Le défi de la recherche d’emploi au Cambodge

Au Cambodge, le chômage est très faible, mais c’est parce que la majorité de la population travaille dans le secteur informel. Le gouvernement espère que les centres pour l’emploi soutenus par l’OIT vont contribuer à améliorer l’accès au travail décent.

Article | 19 juillet 2012
BATTAMBANG, Cambodge (OIT Info) – Vann Dara, 27 ans, consacre la moitié de son salaire à subvenir aux besoins de ses six frères et sœurs et l’autre moitié à financer ses propres études.

Dans un pays où l’immense majorité de la population travaille dans le secteur informel, obtenir un emploi stable qui procure un salaire régulier est une véritable gageure – et Dara pense qu’un centre pour l’emploi géré par le gouvernement le permettrait.

Ces deux dernières années, il a travaillé comme chargé de marketing dans une usine de sauce à Makara 13, un village du nord-est du Cambodge.

Il gagne l’équivalent de 80 dollars par mois, un salaire qui finance ses études à l’Université de gestion et d’économie (UME en anglais) de Battambang et avec lequel il participe à la scolarisation de ses frères et sœurs.

«S’il n’y avait pas eu de centre pour l’emploi, j’aurais eu du mal à trouver du travail parce que je suis encore étudiant et que je n’ai pas d’expérience professionnelle», explique Dara.

Le centre pour l’emploi de Battambang est l’un des cinq centres établis par l’Agence nationale pour l’emploi dans le cadre d’une stratégie de lutte contre le chômage et surtout contre l’emploi vulnérable.

L’OIT a apporté la formation technique et une assistance financière à cette initiative, ainsi que des conseils sur la façon de développer le potentiel des services privés pour l’emploi.

Bien que le taux officiel de chômage soit faible – 1,6 pour cent – plus de 80 pour cent des travailleurs occupent un emploi vulnérable, à savoir du travail familial non rémunéré ou du travail indépendant, selon un rapport de l’Institut national de statistique du Cambodge commandé par l’OIT en 2010.

Les centres pour l’emploi mettent les demandeurs d’emploi en relation avec d’éventuels employeurs ou des organismes de formation professionnelle, fournissent des listes d’offres d’emploi en ligne et peuvent accueillir des entretiens d’embauche ou des sessions de formation.

Faciliter la transition vers le travail

Soeun Phikun, diplômée de l’UME de 29 ans, est aussi très reconnaissante à l’égard de l’agence pour l’emploi qui l’a aidée à obtenir son emploi dans une société coréenne, la Kogid Cambodia Company.

«J’étais au chômage depuis deux ans après avoir décroché mon diplôme à l’Université en 2009, déclare-t-elle. J’ai retrouvé du travail par l’intermédiaire du centre pour l’emploi de mon district et j’ai pu obtenir un bon salaire». Elle gagne 250 dollars par mois.

Le Directeur général de la société Kogid Cambodia PLC, Moon Jung Hoon, confie que le recrutement posait problème quand il a ouvert sa première boutique à Battambang. A cette époque, il a dû parcourir près de 400 kilomètres pour se rendre à Phnom Penh, la capitale, pour publier des annonces dans les journaux.

En 2010, le centre pour l’emploi de Battambang a invité la compagnie à établir une liste d’ouvertures de postes, sans frais. M. Moon précise que le centre a aussi aidé à filtrer les candidatures en faisant correspondre les compétences des demandeurs d’emploi avec les besoins des futurs employeurs.

En 2011, Kogid Cambodia PLC a recruté 20 employés grâce au centre et prévoit d’en recruter davantage au fil de son développement.

«Le principal objectif du centre pour l’emploi est de trouver des emplois auprès de sociétés locales, privées ou étrangères, ou d’organisations non gouvernementales pour les populations des régions. Il s’agit aussi de promouvoir la croissance économique, le développement social et la réduction de la pauvreté», ajoute Mom Pov, chef d’équipe au centre pour l’emploi de Battambang.

Depuis sa création en 2009, le centre de Battambang a enregistré plus de 2 000 inscriptions de demandeurs d’emploi. Trois cent d’entre eux ont trouvé du travail, alors que plus de 300 employeurs ont publié leurs offres d’emploi. Au moins 60 personnes visitent le centre chaque jour pour recueillir des conseils en matière d’emploi.

«J’espère que ce projet aidera le gouvernement cambodgien à relancer sa croissance économique et à lutter contre la pauvreté», déclare Nuon Rithy, consultant national des centres régionaux pour l’emploi de l’OIT au Cambodge.

Par Kong Kea, Reporter de l’agence IPS pour la région Asie-Pacifique