Cap-Vert: Comment la protection sociale peut aider les personnes âgées

La Conférence internationale du Travail envisage d’adopter une recommandation sur les socles de protection sociale. L’OIT est convaincue que chaque pays peut s’orienter vers la sécurité sociale pour tous, et cite l’exemple d’un pays pauvre, le Cap-Vert.

Article | 4 juin 2012
(Nouvelles du BIT) – Luisa Oliveira Marques, 81 ans, explique que la pension que lui verse le gouvernement du Cap-Vert n’est peut-être pas très importante, mais que cela suffit pour acheter le strict nécessaire et avoir l’esprit tranquille.

Oliveira Marques vit avec sa petite-fille et son arrière petit-fils dans un logement d’une pièce, à Salamansa, une communauté de pêcheurs sur l’île de Saint-Vincent au Nord-Ouest du Cap-Vert. Elle a construit sa maison grâce à l’argent épargné en vendant le produit de sa pêche. «La vie était difficile, mes enfants m’aidaient comme ils le pouvaient, mais ils ont aussi des familles et la mer est incertaine. Je ne peux pas toujours compter sur eux.»

Elle touche maintenant une pension sociale. «Ce n’est pas beaucoup, mais ça a changé ma vie parce que je peux compter sur la pension pour acheter le strict nécessaire. Chaque jour, j’achète du lait de chèvre chez ma voisine. Je peux acheter de la nourriture et du savon. Je n’ai plus à dépendre de la charité des autres. C’est aussi moins de souci pour ma famille. Ils n’ont plus à s’inquiéter parce qu’ils savent que je ne vais pas mourir de faim.»

«C’est bon de savoir que j’ai une pension garantie, ajoute-t-elle. C’est une sécurité, elle me tranquillise car je sais que je peux compter dessus».

Bien que toujours accablé par un taux de pauvreté élevé (26,6 pour cent) et des inégalités sociales, le Cap-Vert a accompli des progrès économiques considérables depuis vingt ans; il a accordé une priorité forte à la protection sociale, devenant l’un des pays d’Afrique subsaharienne les plus avancés dans la mise en place d’un socle de protection sociale.

En raison du haut niveau d’emploi informel et rural, l’immense majorité des personnes âgées était exclue du système de pensions contributif. Pour remédier à cette situation, les autorités capverdiennes ont établi une pension sociale en fusionnant les deux dispositifs de pension non-contributifs destinés aux personnes âgées et aux personnes handicapées.

Depuis 2007, l’OIT, par l’intermédiaire du projet STEP Portugal (Stratégies et techniques contre l’exclusion sociale et la pauvreté), aide le gouvernement du Cap-Vert à étendre la protection sociale aux groupes vulnérables. STEP Portugal a contribué à la création du Centre national de pension sociale qui administre les pensions sociales; il a aussi contribué à renforcer l’effectivité et l’efficacité de la distribution des pensions.

Environ 23 000 personnes perçoivent 5000 escudos (65 dollars) de pension sociale mensuelle, la plupart d’entre elles étant d’anciens travailleurs pauvres du secteur informel, âgés de plus de 60 ans.

Le projet relève de l’objectif stratégique de l’OIT qui vise à améliorer la couverture et l’efficacité de la protection sociale pour tous.

Les délégués réunis à Genève pour la Conférence internationale du Travail de l’OIT du 30 mai au 14 juin discuteront de la possible adoption d’une recommandation sur les socles de protection sociale.

S’adressant à la conférence, le Directeur général Juan Somavia a déclaré que l’instauration de ces protections contribuait à réduire la pauvreté. «C’est un engagement envers une société décente, une plateforme qui permet à des centaines de millions de femmes, d’hommes et d’enfants d’avancer sur des bases solides».