MALABA (BIT en ligne) – Les longs délais d’attente aux postes frontières comme à celui entre le Kenya et l’Ouganda mettent les chauffeurs routiers dans une situation de grande vulnérabilité à la contamination par le VIH.

Malaba est située sur le Couloir Nord, une route stratégique reliant l’Afrique de l’Est au reste du continent. Connue pour ses accidents, cette route difficile et dangereuse est aussi appelée «l’Autoroute du diable».

Cependant, ce ne sont pas seulement les accidents de la route qui affectent la vie des gens, les familles et les affaires. Les chauffeurs routiers passent souvent beaucoup de temps loin de chez eux. Quatre-vingts pour cent des chauffeurs dans le monde passent plus de quatre mois par an loin de leur foyer. Les installations le long de la route sont médiocres ou inexistantes. Les chauffeurs peuvent chercher le réconfort et la détente de bien des façons…

«Quand vous voyagez, vous faites face à toutes les tentations. Nous avons donc besoin de conseils pour résister. Parfois nous y parvenons, parfois c’est difficile. Mais nous devons essayer de rester à l’écart de cette maladie mortelle», dit Christopher Ogutu, un chauffeur kenyan.

Les camionneurs de Russie, d’Asie du Sud et d’Amérique du Nord expriment des points de vue similaires. Selon une vidéo sur le VIH/Sida dans le secteur du transport routier (Note 1), 76 pour cent des travailleurs du sexe sur une aire de stationnement de camions dans le sud-ouest de l’Ouganda ont été testés séropositifs. Un tiers des chauffeurs qui circulent sur les principales routes de Floride ont fréquemment des rapports sexuels avec des partenaires multiples, mais peu utilisent des préservatifs. Deux chauffeurs sur trois qui traversent la frontière entre la Pologne et la Lituanie ont eu des relations sexuelles sans lendemain au cours de leurs voyages.

Mais les routes comme le Couloir Nord peuvent aussi devenir une «Autoroute de l’espoir». En mai, Malaba est devenue le premier poste frontière à arrêt unique d’Afrique de l’Est.

«Les chauffeurs routiers représentent une part vitale de notre économie. Nous devons les laisser faire de bonnes affaires et leur permettre de rester en bonne santé. Nous voulons disposer d’une aire centralisée à la frontière pour que les chauffeurs n’y restent que moins de deux ou trois heures – c’est l’objectif final. S’ils passent moins de temps sur la route et plus avec leur famille, nous espérons que les contaminations vont diminuer», déclare Robinson Njeru Githae, adjoint du ministre des Transports du Kenya.

Le Projet du secteur transports du BIT, soutenu par l’Agence suédoise de développement – Sida, met actuellement en œuvre une «Approche stratégique des couloirs» avec les routiers, les douaniers et les communautés qui vivent le long d’un certain nombre de routes en Afrique australe, à travers le Mozambique, le Malawi, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe. Un projet similaire, soutenu par GTZ, est en place dans la Fédération de Russie, et l’OIT développe aussi avec le Programme alimentaire mondial des activités conjointes dans plusieurs pays.

Les travailleurs du secteur des transports jouent un rôle important dans la réduction de la diffusion et de l’impact de l’épidémie de VIH, comme va le montrer l’atelier qui se déroule du 1er au 3 décembre à Genève (Note 2).

Il est le premier d’une série d’ateliers destinés à former des instructeurs à l’utilisation de la nouvelle trousse à outils de formation «En route pour le changement» (Note 3), mise au point par le BIT, l’Académie de l’Union internationale du transport routier (IRU) et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) pour répondre à la crise grandissante du VIH/Sida dans ce secteur.

Les participants vont aborder un large éventail de sujets liés au VIH/Sida et au transport; ils seront ainsi mieux à même d’appliquer au secteur du transport l’objectif d’accès universel à la prévention du VIH, au traitement, aux soins et à un appui. En complément de l’atelier, les participants pourront proposer une formation sur la trousse outils à d’autres dirigeants et travailleurs du secteur.

La trousse à outils est basée sur le Recueil de directives pratiques du BIT sur le VIH/Sida et le monde du travail et sur les directives spécifiquement développées pour le secteur du transport. Elle est utilisée pour former les opérateurs du transport routier sur la prévention du VIH, le changement des comportements, conseils, tests, soins et soutien. Une boîte à outils similaire est en préparation pour le secteur du transport ferroviaire.

«Une approche sectorielle est nécessaire pour répondre à la diversité du secteur du transport; elle comprend le renforcement des capacités sur le VIH/Sida et le soutien aux routiers, aux douaniers, aux vendeurs, aux soignants et aux communautés qui se trouvent sur les grands axes routiers et de part et d’autre des frontières», déclare le spécialiste des transports Marios Meletiou, du Département des activités sectorielles du BIT.

Pour plus d’informations, veuillez contacter le Département des activités sectorielles du BIT sur sector@ilo.org ou le Programme sur le VIH/Sida et le monde du travail sur iloaids@ilo.org.

Note 1 – Présentation vidéo sur la réponse conjointe OIT/IRU/ITF sur le VIH/Sida, produite par la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et le BIT. ISBN 978-92-2-120820-4.

Note 2 – Voir le Rapport 2008 sur l’épidémie mondiale du Sida, ONUSIDA.

Note 3 – En route pour le changement – trousse à outils de formation pour le secteur du transport routier.