Sommet mondial des Nations Unies, 14-16 septembre 2005 Populations autochtones de Papouasie: combattre la pauvreté et renforcer la sécurité des personnes

La Papouasie est une des provinces les plus pauvres d'Indonésie. Le rapport 2004 portant sur la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en Indonésie indique que le pourcentage des personnes vivant au-dessous du seuil national de pauvreté en Papouasie est de 41,8 pour cent contre 18,2 pour cent pour l'ensemble du pays. Près de 74 pour cent de la population est constituée de peuples autochtones qui vivent dans des zones isolées et n'ont qu'un accès limité aux infrastructures et services permettant de répondre à leurs besoins essentiels en matière économique et sociale. Le BIT a récemment lancé un projet de trois ans ciblant les peuples autochtones de cette province et comportant un double objectif: lutter contre la pauvreté et la discrimination et renforcer la sécurité des personnes.

Article | 13 septembre 2005

DJAKARTA (BIT en ligne) - Bien que la Papouasie dispose de nombreuses ressources naturelles (minéraux, pétrole, gaz, ressources marines et forestières), le peuple papou est l'un des plus pauvres d'Indonésie.

Le niveau élevé de pauvreté dans la province contraste avec la forte croissance à long terme du PIB de l'ensemble des autres provinces indonésiennes (9,8 pour cent entre 1981 et 2002). Cependant, la province ne récupère qu'un tiers du PIB qu'elle produit, ce qui témoigne de la distribution inégale des richesses au sein même de la Papouasie.

Avec un taux d'analphabétisme de 49 pour cent et un revenu familial annuel inférieur à 500 dollars E.-U., les Papous figurent parmi les populations les plus défavorisées de toute la région. Ils se heurtent à des problèmes d'emploi et de revenus et sont, en outre, couramment confrontés à la discrimination et à l'exclusion. La Papouasie est une province aux caractéristiques sociales et culturelles très hétérogènes: elle compte 250 groupes tribaux formant une population de 2,3 millions d'habitants et la plupart des plus démunis appartiennent à un seul de ces groupes. La participation des autochtones à l'économie est encore très limitée. "Tant dans le secteur 'formel' que dans le secteur 'informel', l'activité économique est, dans la grande majorité des cas, contrôlée par les migrants", déclare le gouverneur de la Papouasie dans un rapport ayant servi à la préparation de la loi sur l'autonomie spéciale de la province. Il ajoute également que "leur faible participation aux activités économiques donne aux autochtones le sentiment d'être marginalisés dans leur propre pays et suscite en eux des réactions d'envie."

L'octroi de droits et de moyens d'action spécifiques en vue de permettre aux autochtones de participer activement à l'économie est devenu une composante majeure de la mise en œuvre de l'autonomie spéciale. "Le conflit en Papouasie a des racines historiques profondes mais c'est assurément le faible niveau socioéconomique des autochtones par rapport à celui des migrants de la province surpeuplée de Java qui, depuis 30 ans, viennent s'installer en Papouasie, qui est à l'origine des tensions et des émeutes dans la province", explique Huseyn Polat du Service des coopératives du BIT.

Le nouveau projet du BIT "Renforcer la sécurité des personnes et combattre la pauvreté chez les peuples autochtones de Papouasie" répond aux besoins des communautés les plus pauvres et les plus vulnérables de la Papouasie indonésienne. Le projet, qui entend notamment cibler les femmes et les jeunes filles autochtones, aidera prioritairement les populations autochtones, les migrants ainsi que les organismes officiels de la province à lutter contre la pauvreté et la discrimination dans l'emploi et l'éducation.

En outre, le projet fournira aux communautés autochtones des instruments et des méthodes adaptées à leur culture leur permettant de renforcer leurs capacités en vue de créer des possibilités d'emplois décents, des revenus durables et des activités génératrices de revenus. Il entend également faciliter le dialogue entre les communautés autochtones, la population migrante et le gouvernement local et contribuer ainsi à l'amélioration de la sécurité des personnes.

Le projet prévoit notamment de mettre en place des programmes d'accès au crédit, de formation qualifiante et d'aide à la commercialisation permettant aux petites entreprises et aux coopératives de promouvoir l'activité indépendante chez les plus démunis. Cette stratégie a été expérimentée par l'OIT-INDISCO ( Note 1) auprès des populations autochtones d'autres pays et sera adaptée à la situation locale en Papouasie pendant toute la durée du programme.

Deux projets similaires du BIT mis en place aux Philippines sur l'île de Mindanao ont déjà permis de faire avancer de manière significative le processus de paix: "Ces programmes ont renforcé l'action du gouvernement visant à démontrer qu'il prenait réellement en considération les besoins des populations musulmanes en matière de développement", commente Huseyin Polat.

Financé par le gouvernement du Japon qui lui consacrera 1 537 965 dollars E.-U., le nouveau projet destiné à la Papouasie travaillera en étroite collaboration avec le ministère d'Etat pour le Développement rapide de l'Indonésie orientale et d'autres organisations locales. Il relève du Programme du BIT en faveur du travail décent mis en œuvre en Indonésie qui entend favoriser la création d'emplois décents et productifs dans le respect des principes de liberté, d'équité de sécurité et de dignité.


Note 1 - Programme interrégional d'appui aux populations indigènes et tribales par le développement d'organisations de type associatif et coopératif.