GENÈVE (BIT en ligne) - "La croissance économique, la distribution des gains et la cohésion sociale sont possibles grâce au travail décent", a déclaré Carlos A. Tomada lors de son élection à la présidence du Conseil d'administration du Bureau international du Travail (BIT) pour la session 2005-06.

Le ministre argentin du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a affirmé qu'il entendait, dans ses nouvelles fonctions, "tout mettre tout en œuvre pour promouvoir le travail décent, afin qu'il occupe une place centrale dans les politiques nationales des Etats membres".

M. Tomada succède à M. Philippe Séguin, représentant du gouvernement français, qui a présidé le Conseil d'administration pour la période 2004-05.

Dans un entretien à BIT en ligne, M. Tomada s'est dit très confiant pour la période à venir, "une période très prometteuse" d'après lui. "Je vois, a-t-il ajouté, que de plus en plus de secteurs, de régions, de pays envisagent maintenant l'emploi autrement que comme une variable dépendant totalement des décisions économiques."

"L'emploi est le moteur du développement, et on doit commencer à le considérer comme un élément de la croissance économique", a précisé le Président du Conseil, qui était en charge du ministère du Travail argentin en 2003, pendant ce qu'il considère comme "la pire crise sociale" de son pays. M. Tomada est un avocat d'expérience qui traite depuis 30 ans des thèmes liés au travail. Il a également été chef de la délégation argentine et conseiller technique auprès de l'OIT.

C'est la première fois que l'Argentine, pays membre fondateur de l'OIT, préside un Conseil d'administration. Cet organe exécutif se réunit trois fois par an, en mars, juin et novembre et prend des décisions sur la politique de l'OIT, l'établissement de l'agenda de la Conférence internationale du Travail et adopte le projet de Programmes de l'Organisation présenté ensuite à la réunion de la Conférence.

Le Conseil d'administration est composé de 56 membres titulaires (28 représentants de gouvernements, 14 des employeurs et 14 des travailleurs), et 66 membres suppléants (28 représentants de gouvernements, 19 des employeurs, 19 des travailleurs).

Le ministre Tomada a ajouté que, sur l'agenda politique de l'Amérique latine ces dernières années, est apparue, d'une façon réitérée, la nécessité de créer des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité. C'est pour cette raison que le thème retenu pour le IVe Sommet des Amériques est "Créer des emplois pour combattre la pauvreté et soutenir la gouvernance démocratique".

Le Sommet qui se réunira les 4 et 5 novembre dans la ville balnéaire de Mar del Plata, en Argentine, rassemblera les gouvernements du Nord, du Centre et du Sud de l'Amérique, ainsi que ceux des Caraïbes. Une Déclaration et un Plan d'action devraient en résulter. D'après M. Tomada, "la volonté politique est un bon début".

"Nous savons tous que les deux problèmes de notre région sont la gouvernance démocratique et le degré élevé de pauvreté, et ce sont à ces problèmes que nous nous attaquons quand nous créons des emplois", a-t-il ajouté.

Il est à noter que le Sommet de 2005 devait traiter de l'accord de libre échange des Amériques (ALCA), mais ce dernier n'a jamais été conclu. "A cela s'est substitué le slogan "Créer du travail", précise M. Tomada. "Beaucoup de pays de la région ne supportent pas le haut niveau d'exclusion et d'appauvrissement. Ils affirment à juste titre que ce n'est qu'en résolvant ces questions que nos démocraties seront durables."

La prochaine réunion du Conseil d'administration présidée par M. Tomada se tiendra en novembre à Genève, juste après le Sommet de Mar del Plata.