Burkina Faso: une nouvelle vie pour les enfants victimes de trafic
Au Burkina Faso, les gares routières constituent des points de transit pour le trafic des enfants destinés à travailler à la cueillette du coton, principalement en Côte d’Ivoire, mais aussi dans d’autres pays voisins comme le Bénin, le Mali, le Ghana et le Nigéria. En sensibilisant les chauffeurs de cars sur ce problème, les syndicats du transport ont réussi à empêcher l’émigration forcée d’un certain nombre d’enfants. Ces enfants ont été placés en apprentissage pour éviter qu’ils ne retombent entre les mains des trafiquants. Ainsi, Maturin, un jeune garçon de 15 ans, suit actuellement une formation pour devenir mécanicien deux-roues.
Cette gare routière du Burkina Faso constitue un point de transit pour le trafic des enfants vendus comme main d’œuvre facile à exploiter, généralement dans les plantations du pays voisin, la Côte d’Ivoire. On estime à 200.000 le nombre d’enfants qui, chaque année, sont victimes de trafic sur le continent africain. Ces enfants sont contraints de travailler dans des mines ou des exploitations agricoles, comme domestiques ou dans d’autres activités informelles.
Bonavanture Kere, Secrétaire général, Syndicat national du transport routier du Burkina Faso
Si on veut combattre efficacement le trafic des enfants, il faudra commencer par là.
Le syndicat national du transport routier collabore avec l’Organisation internationale du Travail pour mettre fin à la traite des enfants. Sa stratégie consiste à mener des actions de sensibilisation auprès des chauffeurs de cars dans des points de transit spécifiques comme cette gare routière. L’an dernier, plus d’un millier d’enfants victimes de trafic ont pu être libérés dans tout le pays.
Chauffeur de car
Avant, je transportais régulièrement des enfants pour le compte de trafiquants, car, comme chauffeur, on ne gagne pas beaucoup. Mais, en tant que musulman, j’ai pris conscience du mal que je faisais et, avec la campagne de sensibilisation, j’ai compris qu’il fallait que j’arrête.
Quand Maturin avait 13 ans, un trafiquant a convaincu ses parents de le laisser partir en Côte d’Ivoire en leur faisant croire qu’il gagnerait un bon salaire comme cueilleur de coton.
Maturin
Je ne pensais pas que cela allait se passer comme ça. Quand je suis arrivé là-bas, tout le travail était pour moi, il y avait cinq enfants là-bas, avec moi cela faisait six. J'ai trop souffert.
Après avoir réussi à s’échapper et à rentrer au Burkina Faso, le jeune garçon a été pris en charge par une association qui aide les enfants victimes de trafic en les plaçant comme apprentis.
Mariama Barry Ouedraogo, Coordinatrice nationale du projet LUTRENA/IPEC
La principale cause du trafic des enfants reste la pauvreté. Pour mener une lutte encore plus efficace, il faut non seulement pouvoir mener des activités de sensibilisation, mais aussi pouvoir présenter des alternatives viables aux parents et aux enfants.
Au lieu de voyager à bord d’un car qui l’emmène vers l’exploitation et le travail forcé, Maturin suit actuellement une formation pour devenir mécanicien deux-roues. Il aimerait monter un atelier de réparation de motos lorsqu’il sera de retour dans son village.
En continuant à mener des actions comme celle-ci, il est probable que d’autres enfants burkinais pourront aussi prendre le car pour retrouver leur pays.