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Au Viet Nam, le nouveau code du travail passe de la simple protection des femmes à leur autonomisation
Depuis longtemps, les femmes vietnamiennes jouent un rôle important dans l’économie. Désormais, le nouveau code du travail a pour objectif de s’assurer qu’elles reçoivent une rétribution équitable par rapport à leur contribution en s’attaquant aux inégalités entre les hommes et les femmes et à la discrimination sur le lieu de travail.

Et il se trouve que les femmes ont répondu de manière enthousiaste à cet appel au développement de leur pays. Plus de 70 pour cent des femmes actives ont un emploi ou en recherchent un, comparé à la moyenne générale qui est de 48 pour cent.

Adopté en novembre 2019, le nouveau code du travail du Viet Nam tente justement de régler la question des différences de traitement entre hommes et femmes. Ce document juridique – le plus complet jamais créé au Viet Nam – s’attaque à certains domaines où des inégalités existent actuellement.
Combler le fossé de l’âge de la retraite
L’une des dispositions réduit en effet de cinq à deux ans le fossé entre les hommes et les femmes à propos de l’âge de la retraite. Dès l’entrée en vigueur du nouveau code, en janvier 2021, les femmes pourront partir à la retraite à 60 ans au lieu de 55 ans actuellement.
Cette femme de 35 ans se souvient combien il a été difficile pour elle à la fois de cumuler les exigences de son travail et celles liées à la création d’une famille, en s’occupant à la fois de l’éducation de ses deux fils tout en tentant en même temps d’avancer dans sa carrière professionnelle. «Dans mon métier, nous ne pouvons bénéficier de certaines formations très utiles et de possibilités d’avancement si elles surviennent lorsque nous sommes enceintes. Ensuite, une fois les tâches de garde et d’éducation des enfants terminées, les femmes pourraient alors déployer complétement leurs capacités au travail mais, ironie du sort, c’est à ce moment-là que leur parcours professionnel prend fin. C’est pourquoi je me réjouis que le code du travail permette désormais aux femmes de partir plus tard à la retraite. Cela devrait permettre de nous aider à progresser dans nos carrières autant que les hommes.»
Harcèlement sexuel et discrimination entre hommes et femmes
Il existe d’autres dispositions nouvelles dans ce code du travail qui traitent du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, des différences de rémunération entre hommes et femmes et qui offrent également aux femmes enceintes et aux jeunes mamans une meilleure protection contre la perte de leur emploi ou contre la discrimination. Par ailleurs, un grand nombre de métiers et d’activités économiques, qui étaient autrefois interdits aux femmes prétendument pour les protéger, leur sont désormais ouverts.Ngo Thi Kim Thanh, cadre moyen dans une usine de confection dans la province de Nam Dinh, soutient cette démarche. En tant que future maman, elle veut pouvoir décider elle-même si elle est en mesure d’effectuer des déplacements professionnels, de travailler de nuit ou d’occuper ou pas certains emplois. «C’est aux femmes de décider», estime-t-elle.
De la protection à l’autonomisation
Selon le vice-ministre en charge du travail, des invalides et des affaires sociales, Nguyen Thi Ha, ces évolutions constituent un changement d’approche qui passe de la protection des femmes à l’autonomisation de l’ensemble des personnes qui travaillent, hommes ou femmes. «La révision du code du travail a constitué l’occasion d’améliorer les mesures envers les femmes au travail et de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes», explique-t-il.Le nouveau code prévoit également que les travailleurs pourront établir des organisations représentatives de leur choix au niveau de l’entreprise. Selon Kimberly Sayers-Fay, directrice du projet de l’OIT sur le nouveau cadre des relations industrielles (NIRF), ceci peut largement être favorable aux femmes.
«Alors que de nombreux aspects du code du travail ont un impact sur l’ensemble des travailleurs de manière égale, d’autres ont une influence au niveau du genre et elles sont nombreuses à avoir enregistré des progrès en matière de principes fondamentaux et de droit au travail, y compris à propos de la non-discrimination dans l’emploi et la vie professionnelle.»
«Comme les femmes représentent une large proportion de la main-d’œuvre dans le secteur de la production, cela leur permettra de faire entendre leurs voix à propos des conditions de travail», explique-t-elle.
«Cependant, au Viet Nam comme dans beaucoup d’autres pays, les femmes qui travaillent demeurent loin derrière leurs collègues masculins en matière d’égalité», souligne Kimberly Sayers-Fay. «Les femmes représentent près de la moitié de la main-d’œuvre au Viet Nam. Il est grand temps que leur potentiel productif soit promu et récompensé comme il se doit.»
L’Organisation internationale du Travail (OIT) a été impliquée dans la révision du code du travail à travers un certain nombre de canaux. Parmi eux figure le projet sur le nouveau cadre des relations industrielles (NIRF). Cet appui a permis au Viet Nam de mener des consultations de grande envergure et tout à fait complètes à propos de ces changements, d’accéder à des recherches et à des données probantes, et de combler le fossé entre le cadre national légal et les conventions fondamentales de l’OIT qui contiennent des normes en matière de travail reconnues internationalement.
Pour plus d’informations, merci de contacter:
Tran Quynh HoaChargée de communication pour le Viet Nam
Email: hoahancom@ilo.org