Orienter Haïti vers l’économie verte
En Haïti, la destruction du système écologique des décennies durant est en passe de décimer la population et de détruire tous moyens de subsistance. Des programmes de formation aident les Haïtiens à s’orienter vers une économie plus verte et durable.
PORT-AU-PRINCE, Haïti (OIT Info) – Jean-Claude Bellevue, 54 ans, regarde ses filets de pêche vides avec préoccupation.
«Nos filets sont plus fins pour pouvoir capturer les petits poissons, mais même ceux-là ont disparu. Avec quoi nourrirons-nous nos familles quand il n’y aura plus de poisson?», demande-t-il.
Or, paradoxalement, c’est le déboisement qui menace son moyen de subsistance – la pêche. En Haïti, seul un centième de la couverture forestière est encore debout.
Parce qu’il ne reste pratiquement plus aucun arbre pour le protéger contre les ouragans pourtant fréquents, le pays est devenu plus vulnérable aux intempéries.
Sans racines pour la retenir, la couche superficielle du sol glisse dans la mer – où elle endommage les récifs de coraux –, ruinant ainsi l’agriculture et la pêche avec pour résultat l’exode des villageois vers la capitale surpeuplée.
Il en résulte un cercle vicieux de pauvreté et d’insécurité alimentaire.
Sur fond de croissance démographique, la dégradation de l’environnement combinée au surpeuplement urbain et à l’insécurité alimentaire a créé une bombe à retardement.
«Somme toute, protéger l’environnement c’est tout simplement aider la population locale à passer d’un mode de subsistance dévastateur pour l’environnement à des emplois verts. Cela implique de proposer des solutions économiquement viables aux défis environnementaux existants et des programmes de formation et de perfectionnement professionnel», explique Olga Strietska-Ilina, spécialiste des systèmes de développement des compétences à l’OIT.
Toujours plus de projets aident les Haïtiens à s’atteler à la tâche titanesque de lutter contre la dégradation de l’environnement, par la plantation d’arbres et de petits jardins mais aussi par l’utilisation de l’énergie solaire ou le recyclage des déchets. Un projet de fourniture d’énergie à partir du recyclage des déchets doit démarrer dans quelques mois.
Les projets de reconstruction lancés au lendemain du terrible tremblement de terre qui a dévasté le pays en 2010 privilégient les considérations environnementales.
Ainsi, les Haïtiens ont appris à utiliser les décombres du tremblement de terre pour la construction et la réparation des maisons et des trottoirs et à ériger des structures de protection contre les inondations.
Un autre projet, dans le bidonville de Cité Soleil à Port-au-Prince, table sur le reboisement urbain: des centaines de vieux pneus peints dans des couleurs vives servent de supports à des cultures de légumes et de plants d’arbre.
Actuellement, il forme 250 Haïtiens à des cultures bien spécifiques, qui aideront à leur tour leurs voisins à reproduire le programme de jardinage urbain. La pépinière fournit des plants d’arbre aux membres de la communauté qui les replanteront puis les revendront aux communautés voisines.
Les institutions spécialisées de l’ONU, dont l’OIT, envisagent d’apprendre aux Haïtiens comment aménager des jardins sur les toits, dans le cadre d’un des projets de reconstruction en cours.
L’OIT songe aussi à enseigner aux vendeurs des rues les vertus du ticandaie, un combustible de substitution d’origine organique composé de poussière de charbon de bois, d’argile, de déchets de papier et d’amidon.
Le ticandaie permettrait de réduire la pression sur les quelques arbres restant en Haïti; il dégage moins de fumée et dure plus longtemps que le charbon de bois traditionnel, pour un prix pratiquement identique.
Amy Rhoades
Journalist and skills specialist
«Nos filets sont plus fins pour pouvoir capturer les petits poissons, mais même ceux-là ont disparu. Avec quoi nourrirons-nous nos familles quand il n’y aura plus de poisson?», demande-t-il.
Or, paradoxalement, c’est le déboisement qui menace son moyen de subsistance – la pêche. En Haïti, seul un centième de la couverture forestière est encore debout.
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Sans racines pour la retenir, la couche superficielle du sol glisse dans la mer – où elle endommage les récifs de coraux –, ruinant ainsi l’agriculture et la pêche avec pour résultat l’exode des villageois vers la capitale surpeuplée.
Il en résulte un cercle vicieux de pauvreté et d’insécurité alimentaire.
Sur fond de croissance démographique, la dégradation de l’environnement combinée au surpeuplement urbain et à l’insécurité alimentaire a créé une bombe à retardement.
«Somme toute, protéger l’environnement c’est tout simplement aider la population locale à passer d’un mode de subsistance dévastateur pour l’environnement à des emplois verts. Cela implique de proposer des solutions économiquement viables aux défis environnementaux existants et des programmes de formation et de perfectionnement professionnel», explique Olga Strietska-Ilina, spécialiste des systèmes de développement des compétences à l’OIT.
Former les Haïtiens à l’écologie
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Les projets de reconstruction lancés au lendemain du terrible tremblement de terre qui a dévasté le pays en 2010 privilégient les considérations environnementales.
Ainsi, les Haïtiens ont appris à utiliser les décombres du tremblement de terre pour la construction et la réparation des maisons et des trottoirs et à ériger des structures de protection contre les inondations.
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Actuellement, il forme 250 Haïtiens à des cultures bien spécifiques, qui aideront à leur tour leurs voisins à reproduire le programme de jardinage urbain. La pépinière fournit des plants d’arbre aux membres de la communauté qui les replanteront puis les revendront aux communautés voisines.
Les institutions spécialisées de l’ONU, dont l’OIT, envisagent d’apprendre aux Haïtiens comment aménager des jardins sur les toits, dans le cadre d’un des projets de reconstruction en cours.
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Le ticandaie permettrait de réduire la pression sur les quelques arbres restant en Haïti; il dégage moins de fumée et dure plus longtemps que le charbon de bois traditionnel, pour un prix pratiquement identique.
Amy Rhoades
Journalist and skills specialist