93ème Conférence internationale du Travail L'Azerbaïdjan montre l'exemple en matière de travail décent pour les jeunes

Les délégués à la Conférence internationale du Travail se sont penchés sur le problème du chômage des jeunes, qui a atteint des niveaux record ces dernières années. En Azerbaïdjan, 69 pour cent des chômeurs sont des jeunes. Olga Bogdanova, du bureau de l'OIT à Moscou, s'est rendue à Bakou pour examiner la situation de l'emploi des jeunes en Azerbaïdjan.

Article | 21 juin 2005

BAKOU, Azerbaïdjan - Comme la plupart des pays leaders du Réseau pour l'emploi des jeunes (YEN ( Note 1) selon l'acronyme anglais), l'Azerbaïdjan est un pays jeune, puisque 65 pour cent de sa population active est composée de jeunes gens âgés de 18 à 34 ans.

Ces jeunes représentent un atout énorme pour le pays, mais le fait qu'ils soient si nombreux par rapport au reste de la population pose de graves problèmes, notamment en matière d'emploi.

Une étude sur la population active, réalisée en 2003 avec le soutien technique de l'OIT, a ainsi révélé des tendances alarmantes. Elle a notamment montré que 69 pour cent des chômeurs étaient des jeunes et que le taux d'emploi dans la tranche d'âge des 15-24 ans était de 19,9 pour cent pour les hommes et de 21,3 pour cent pour les femmes. Elle a aussi révélé que le chômage des jeunes est aggravé par la présence d'un million de réfugiés et de personnes déplacées, parmi lesquelles on compte de nombreux jeunes.

Face à ce problème, le Président Ilham Aliyev a lancé en 2003 une vaste campagne nationale visant à créer 600 000 emplois en cinq ans.

Avec l'assistance technique de l'OIT, le gouvernement prépare actuellement une stratégie nationale en faveur de l'emploi (axée principalement sur la formation professionnelle, le développement des PME et la protection sociale) et un plan d'action national pour l'emploi des jeunes ( Note 2), qui fait partie intégrante du plan d'action national pour l'emploi.

La stratégie nationale en faveur de l'emploi sera approuvée par le Président de l'Azerbaïdjan au cours des prochaines semaines. Après cela, le gouvernement prévoit d'organiser un Forum national sur l'emploi des jeunes qui réunira tous les acteurs concernés, y compris les organisations non gouvernementales (ONG) et les organisations internationales appelées à participer à la mise en œuvre du plan d'action national pour l'emploi.

Un des principaux partenaires du gouvernement est l'Assemblée nationale des organisations de jeunesse, la NAYORA. Une vingtaine d'ONG représentant les jeunes et d'autres organisations de la société civile, regroupées sous la houlette de la NAYORA, ont formé une coalition nationale en faveur de l'emploi des jeunes.

"De par sa structure et son statut, cette coalition est amenée à collaborer avec le gouvernement", indique Fuad Muradov, président de la NAYORA. "Nous avons déjà formulé plusieurs observations importantes et proposé des amendements au sujet du plan d'action pour l'emploi des jeunes. Avant la tenue du Forum, nous avons demandé à des jeunes de différentes régions de mettre par écrit leurs propres propositions en matière de politique nationale de l'emploi. Or nous avons été étonnés par la maturité et le niveau de réflexion de certaines de ces propositions. Vingt-cinq d'entre elles ont d'ailleurs été retenues pour être débattues pendant le Forum."

En novembre 2004, la NAYORA a organisé une conférence sur la jeunesse qui avait pour thème "Défis et opportunités pour les jeunes d'Azerbaïdjan". Le principal objectif de cette conférence était de contribuer à établir les priorités de la politique nationale de l'emploi et les stratégies destinées à améliorer la vie des jeunes.

"Nous avons mis en évidence plusieurs problèmes de fond liés au chômage des jeunes. D'abord, il existe une inadéquation entre le système éducatif et les besoins du marché du travail", déclare Ali Naghiyev, ministre du Travail et de la Protection sociale de la population. "On voit trop de jeunes diplômés qui, ne trouvant pas de travail correspondant à leurs qualifications, finissent par s'inscrire comme chômeurs auprès des services de l'emploi. Dans le même temps, les entreprises de la construction et du secteur pétrolier recherchent du personnel qualifié, à qui elles offrent des salaires intéressants. Notre système de formation professionnelle est dépassé et ne répond plus aux besoins d'une économie de marché moderne", ajoute-t-il.

L'Azerbaïdjan met déjà en œuvre, avec l'assistance de l'OIT, un projet dont l'objectif est d'aider les jeunes à traverser la difficile période de transition entre les études et le monde du travail.

"Le succès de la stratégie nationale dans le domaine pétrolier, la mise en service d'un oléoduc sur l'axe Bakou-Tbilisi-Geyhan, la construction d'un couloir de transport ferroviaire reliant Bakou, Tbilisi et Kars et la poursuite du processus d'intégration économique sont autant de facteurs qui vont favoriser l'action sociale du gouvernement. Celui-ci a d'ores et déjà décidé d'allouer des fonds supplémentaires à plusieurs programmes sociaux", explique Ali Naghiyev.

L'emploi des jeunes a été l'un des principaux thèmes de discussion à la Conférence internationale du Travail qui s'est récemment tenue à Genève. Face aux niveaux record de chômage des jeunes observés ces dernières années, les délégués de plus de 100 pays se sont efforcés de trouver des solutions en vue de la création d'emplois décents pour les jeunes et de déterminer le rôle de la communauté internationale dans la réalisation du programme d'action en faveur de l'emploi des jeunes. Dans son rapport final, la Commission de l'emploi des jeunes de la Conférence a recommandé à l'OIT de mettre en œuvre un plan d'action pour la promotion de l'emploi des jeunes. Ce plan d'action devrait comporter des mesures concrètes et viser essentiellement le renforcement des connaissances, la promotion du travail décent pour les jeunes et l'assistance technique.

Les délégués ont reconnu qu'il est nécessaire d'augmenter sensiblement les offres d'emploi décent pour les jeunes en mettant l'accent sur les pays en développement, où vit 85 pour cent de la population jeune du monde, estimée à plus d'un milliard de personnes. La Commission a également recommandé à l'OIT de continuer à jouer un rôle majeur au sein du Réseau pour l'emploi des jeunes et d'encourager l'extension du Réseau à davantage de pays, tant en développement que développés.

A ce jour, 13 pays se sont engagés à être des "pays leaders" au sein du Réseau pour l'emploi des jeunes. Ce sont l'Azerbaïdjan, le Brésil, l'Égypte, l'Indonésie, le Mali, la Namibie, le Nigéria, la République arabe syrienne, la République islamique d'Iran, le Royaume-Uni, le Rwanda, le Sénégal et le Sri Lanka.


Note 1

Note 2 - Deux résolutions adoptées par l'Assemblée générale des Nations Unies, la Résolution A/RES/57/165 sur la promotion de l'emploi des jeunes et la Résolution A/RES/58/133 sur les politiques et programmes mobilisant les jeunes, encouragent les Etats Membres à établir des inventaires et des plans d'action nationaux concernant l'emploi des jeunes et à associer les jeunes à ce processus.