Soft skills et éducation financière : une innovation gagnante pour le chercheur d’emploi

La société civile Tunisienne est en perpétuelle évolution, à cet effet, la recherche de l’efficacité consiste pour le service public de l’emploi à mettre en œuvre les actions qui répondent le mieux aux besoins des chercheurs d’emploi et des entreprises.

Article | 21 November 2019
Renforcer l’employabilité des jeunes est devenu un enjeu majeur pour répondre à la crise de l’emploi en Tunisie. La solution apportée par l’ANETI consiste à positionner les chercheurs d’emploi au cœur de sa préoccupation, de sa stratégie et de son action. L’employabilité se rapporte « aux compétences et aux qualifications transférables (ou transversales) qui renforcent la capacité d’un individu à tirer parti des possibilités d'éducation et de formation qui se présentent pour trouver un travail décent et le garder, progresser dans l'entreprise ou en changeant d'emploi, ainsi que s'adapter aux évolutions de la technologie et des conditions du marché du travail ».

Les compétences techniques et professionnelles sont essentielles pour l’insertion des jeunes sur le marché du travail ; les employeurs sont également à la recherche de compétences plus personnelles associées aux savoirs-être pour se confronter aux exigences accrues de performance du marché liées aux récentes évolutions économiques et technologiques. Ces compétences sont appelées communément « soft skills », il s’agit de compétences humaines, de « savoirs comportementaux », désignant les aptitudes personnelles qui démontrent un haut degré d'intelligence émotionnelle. Les seules compétences techniques ne suffisent plus pour réussir son intégration durable dans le monde du travail. C’est pourquoi l’accompagnement des jeunes chercheurs d’emploi dans l’acquisition et le renforcement de leurs compétences transversales ou soft skills est désormais intégré dans l’offre de service de l’ANETI pour répondre au mieux aux exigences du monde du travail actuel.

Un socle de 10 compétences transférables est proposé et dispensé au cours d’un accompagnement offert à un (ou un groupe de) chercheur(s) d’emploi en réponse à une demande précise. Il a pour but principal d’offrir à chacun la possibilité de consolider ces aptitudes nécessaires à la réalisation de leur projet facilitant ainsi l’atteinte de leurs objectifs professionnels ou personnels.

A ce socle de connaissances et de compétences, l’éducation financière s’ajoute pour compléter la palette d’outils et de services délivrés par l’ANETI. Le projet JEMP avec l’aide du département de l’emploi et du programme finance solidaire, s’est associée à l'ANETI pour guider et soutenir les jeunes dans l’acquisition de ces connaissances financières.
Ce soft skill spécifique devient un complément indispensable aux jeunes chercheurs d’emploi en quête de repère dans un univers économique complexe, nécessitant la compréhension d’un raisonnement financier et budgétaire.

L’objectif de cette compétence transversale est d’une part d’apporter des éléments d’entendement du sujet et d’autre part de stimuler les aptitudes personnelles en lien avec cette compréhension. L’idée est bien d’accompagner le chercheur d’emploi vers une autonomie de raisonnement et d’action lui permettant de faire des choix pertinents dans le domaine financier. Cela passe entre autres par la faculté de déterminer quels types de crédits et de placements sont les plus pertinents. Chacun peut ainsi plus facilement optimiser la gestion de ses finances personnelles et anticiper les imprévus. Evidemment, la diminution des risques d’exclusion financière facilite l’intégration des plus démunis.

La délivrance de ce module de formation est innovante, quant au sujet traité, et également sur une modalité associant un temps présentiel en groupe et des séances individuelles pour les participants qui souhaitent approfondir une question particulière. Cette approche a facilité l’acquisition de connaissances théoriques et pratiques. Ainsi, les participants ont concrètement intégré le bénéfice de cette compétence transversale, l’éducation financière, permettant des changements durables dans leurs attitudes et comportement. Par exemple, pour gérer leur propre budget selon les priorités qu'ils s'étaient fixées, en reportant certains achats pour se donner le temps de réfléchir à leur utilité réelle ou en utilisant l'application budgétaire Masroufi.

Ce soft skill, sollicité tout d’abord par les jeunes chercheurs d’emploi ayant un projet entrepreneurial, obtient ces lettres de noblesse devant le plébiscite de l’ensemble des chercheurs d’emploi.

Cette approche a donné des résultats très positifs. Au total, 689 participants ont suivi le processus ; 42 % d’entre eux ont ouvert un compte d'épargne, 28 % ont décidé de changer d'orientation professionnelle et de se tourner vers l'entrepreneuriat, et 27 % ont atteint l'objectif financier qu'ils s'étaient fixé durant la formation. En outre, sept bénéficiaires de la formation en situation de surendettement ont réussi à rembourser leurs dettes à la fin du processus, 24 chercheurs d’emploi ont créé un fond d'épargne d'urgence et 23 autres jeunes ont réussi à obtenir un prêt pour démarrer leur entreprise.

L’enjeu n’est-il pas d’acquérir les connaissances, les compétences et la confiance pour maîtriser le financement de leur projet ? Mais aussi, pour comprendre les particularités des types de crédit, et d’une manière plus générale de gérer leurs projets et leurs dépenses de manière autonome et consciente ?