Appel à communication : “Mondialisation et justice sociale, cent ans d’action de l’Organisation internationale du travail, 1919-2019”

Des communications écrites seront présentés lors du symposium international de juin 2019

Le colloque se tiendra à Paris, les 26-27-28 juin 2019 au Conseil économique,social et environnemental et à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Appel à communication :

L’Organisation internationale du travail s’apprête à célébrer son centième anniversaire. Pour les historiens, sociologues, politistes, juristes, économistes, anthropologues qui s’intéressent à l’OIT, c’est d’abord l’occasion d’interroger les conditions de sa création, son expérience au long cours et de réfléchir aux orientations qui s’offrent à elle dans un monde où sa place et son influence semblent menacées. L’OIT est née du Traité de Versailles en 1919, a survécu à la Société des Nations et a trouvé sa place au sein de la configuration onusienne où elle a apporté l’héritage et le savoir-faire du premier internationalisme.

L’OIT est également la seule organisation au sein de laquelle le monde du travail a une place à part entière puisqu’en sus des représentants des gouvernements, ceux des travailleurs et des employeurs concourent à l’élaboration des normes internationales du travail et leur mise en pratique au niveau national. Depuis 1919, elle se fixe pour but de réguler économie et société, à l’échelle internationale, d’établir des normes en matière de travail, de protection sociale et de dialogue social, de produire une expertise sur ces questions et d’organiser la coopération technique en la matière. Cette mission a été réaffirmée dans la Déclaration de Philadelphie de 1944, la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail de 1898 et la Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable de 2008.

Ce colloque scientifique et pluridisciplinaire se propose d’étudier l’OIT, comme l’une des organisations au sein d’un dispositif et d’un ensemble d’organisations, avec l’objectif spécifique de créer les conditions d’une paix universelle par la justice sociale. Ce faisant, l’OIT a formulé et poursuivi des idéaux de 2 réforme sociale tout en se saisissant de manière pragmatique de questions particulières. Dans un certain nombre de domaines et pour certaines voies explorées, l’OIT a été pionnière, a composé avec de nombreux acteurs, au gré des évolutions notables et des équilibres géopolitiques.

Le colloque contribuera à donner un état des savoirs scientifiques sur l’OIT mais proposera aussi des témoignages d’acteurs et permettra des débats sur les orientations à venir. Il sera également ouvert à des recherches portant sur d’autres organisations internationales en relation avec l’OIT ou avec des questions qui relèvent de son mandat, la période étudiée allant de 1919 à nos jours.

Quatre axes d’étude sont proposés :

Modalités de réponse à l’appel à communication :

Les propositions de communication (2000 signes maximum) devront être envoyées avant le 15 juin 2018, à l’adresse suivante : Colloque-OIT-Paris-2019@univ-paris1.fr. Elles seront accompagnées d’un CV d’une page maximum. Après examen des propositions, les réponses seront envoyées dans le courant du mois de juillet 2018. Les communications écrites devront parvenir avant le 30 mai 2019 à l’adresse mail ci-dessus.

Axe 1 : Travail et justice sociale

La justice sociale est présentée comme le socle de l’action de l’OIT depuis sa création. Définie initialement comme une condition indispensable de la paix, il s’agit d’une notion plastique qui évolue au fil des décennies d’action de l’OIT. En formulant des catégories, ainsi que des normes du travail, l’OIT s’affirme comme l’un des acteurs de régulation de la mondialisation au nom de cet idéal de justice sociale. Revenir sur l’articulation entre travail et justice sociale permettra de saisir les modalités d’action de l’organisation ainsi que ses adaptations successives aux dynamiques d’une économie de plus en plus mondialisée.

Axe 2 : Universalisme et mondialisation

Depuis sa création, l’OIT est prise entre un idéal d’universalisation des droits des travailleurs et la réalité d’une extrême diversité des situations locales de travail. Comment l’ouverture d’une organisation à l’origine essentiellement européenne à l’égard des pays aujourd’hui dits du Sud a-t-elle modifié les rapports de force en son sein et impacté le processus d’universalisation de ses recommandations en matière de conditions de travail ? La mondialisation économique, mais aussi les phénomènes globaux - tels que les migrations, le changement climatique et les nouvelles technologies - sont-ils un frein au processus d’universalisation de la justice sociale ? A quels défis l’Organisation internationale du travail doit faire face pour que l’universalisme de ses principes puisse s’accorder avec une mondialisation désormais inévitable ?

Axe 3 : Représentation et dialogue social

Le dialogue social est au coeur du processus normatif et de régulation de l’OIT, faisant coopérer mais aussi s’opposer les représentants des gouvernements membres de l’organisation, des travailleurs des employeurs censés être les plus représentatifs au niveau national et aujourd’hui regroupés au sein de la Confédération syndicale internationale et de l’Organisation internationale des employeurs. A l’heure de la mondialisation et de la participation de « nouveaux » acteurs au monde du travail, des ONG aux entreprises multinationales, de la mise en place de formes de dialogue civil et de processus « multistakeholders », l’efficacité et la légitimité de ce mode de représentation doivent être interrogées. Le dialogue social tripartite permet-il une prise en compte adéquate du monde du travail contemporain ? Est-il toujours aussi singulier comparé aux institutions qui existent à l’échelle régionale, européenne notamment, mais aussi mondiale qui prévoient toutes désormais une inclusion de la “société civile” aux processus de prise de décision ?

Axe 4 : Normes et régulations

Si l’OIT n’est pas le parlement mondial du travail dont certains réformateurs socialistes ou syndicalistes avaient rêvé en 1919, l’organisation a durant les cent années de son existence, élaboré un imposant corpus normatif qui constitue le socle d’un droit international du travail. Cette activité normative constitue incontestablement une des raisons d’être de l’organisation. Elle est toutefois à l’origine de tensions qui ont parfois contribué à l’affaiblir. Fondamentalement, la possibilité d’établir des normes internationales est étroitement dépendante des Etats nations qui participent à leur élaboration, les ratifient et les font appliquer. La tension entre l’échelon national et international est donc au coeur du système normatif. Par ailleurs, à mesure que le nombre d’Etats membres de l’organisation s’est accru et que leur différence socio-économique s’est affirmée, la possibilité d’établir une norme unique pour tous est devenue plus difficile. L’activité normative est donc travaillée par la tension entre universalisme et particularisme, mais aussi par le renouvellement des approches normatives, notamment en matière de responsabilité sociale des entreprises, ainsi que le recours à des instruments non contraignants comme les Déclarations qui ont gagné en importance notamment après la fin de la Guerre froide. Parmi d’autres, ces questions permettent de réfléchir à l’importance et aux difficultés du rôle normatif et régulateur de l’OIT. 

Organisation

Comité d’organisation : Ministère du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, Comité d’histoire des administrations chargées du travail de l’emploi et de la formation professionnelle (CHATEFP), Conseil économique social et environnemental (CESE), Association française pour l’OIT, Bureau de l’OIT en France, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Université Grenoble-Alpes, Université de Genève.

Comité de coordination : Adeline Blaszkiewicz (Université Paris I Panthéon-Sorbonne, CHS), Marine Dhermy-Mairal (Université Grenoble-Alpes, Science Po Grenoble, Pacte CNRS), Sandrine Kott(Université Genève), Isabelle Lespinet-Moret (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CHS) et Marieke Louis (Université Grenoble-Alpes, Science Po Grenoble, Pacte, CNRS).

Comité scientifique : Adeline Blaszkiewicz (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Eileen Boris (UC Santa Barbara), Alain Chatriot, (Sciences Po Paris), Cyril Cosme (OIT Paris), Marine Dhermy-Mairal (Université Alpes Grenoble, PACTE), Norberto Ferreras (Universidade federal Fluminense), Lydia Fraile (IIES), Patrick Fridenson (EHESS), Eric Geerkens (Université de Liège), François Hénot (Université de Picardie, AFOIT), Dorothea Hoehtker (OIT, Genève) Sandrine Kott (Université de Genève), Michel Lallement (CNAM) Isabelle Lespinet-Moret (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Marieke Louis (Université de Grenoble) Jean-Bernard Ouedraogo (CNRS), Emmanuel Reynaud (ancien OIT, Genève), Alain Supiot (Collège de France), Vincent Viet (CNRS), Susan Zimmerman (Central European University), Aiqing Zheng (Université Remnin, Pékin).