La Côte d’Ivoire renforce ses mesures pour l’élimination du travail des enfants avant 2025 avec l’appui de l’OIT

La Côte d’Ivoire a officiellement lancé l’année internationale pour l’élimination du travail des enfants, le mercredi 4 août 2021 à Abidjan.

Article | 4 août 2021
Organisée par le Ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale avec l’appui de l’Organisation Internationale du Travail, la cérémonie était placée sous le parrainage de la Première Dame de Côte d’Ivoire, Présidente du Comité National de Surveillance des actions de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfants (CNS).

Sylvie Patricia Yao, Directrice de Cabinet de la première Dame Dominique Ouattara et Secrétaire Exécutive du CNS.

Mme Dominique Ouattara était représentée par sa Directrice de Cabine et Secrétaire exécutive du CNS qui a appelé à cette occasion à une synergie d’action pour arriver à l’élimination du travail des enfants d’ici 2025.

« L’année 2021 a été décrétée par les Nations Unies, année internationale pour l’élimination du travail des enfants, avec comme thème : « Agir pour l’élimination du travail des enfants » a rappelé Sylvie Patricia Yao, pour qui, « cette thématique qui est un appel à l’action, nous invite à intensifier nos efforts pour atteindre l’objectif d’aboutir à un monde sans travail des enfants ».

Travail des enfants : la Côte d’Ivoire accentue la lutte

Mme Yao a en outre rappelé au nom de la Première Dame, les efforts de la Côte d’Ivoire en matière de mesures pour éliminer le phénomène de travail des enfants.

« Selon les résultats des enquêtes par grappes à indicateurs multiples, le taux national de prévalence du travail des enfants a baissé de 8 % de 2012 à 2016, passant de 39% en 2012 à 31% en 2016. Dans les zones rurales, cette régression avoisine les 10% ».

La Directrice de cabinet de la Première Dame s‘est félicitée des résultats obtenus par la Côte d’Ivoire dans la lutte contre le travail des enfants. « Dans le secteur de la cacao-culture, nos actions ont permis de stabiliser le phénomène du travail des enfants entre 2014 et 2019, comme en témoigne le Rapport d’enquête de NORC de l’Université de Chicago publié en 2020, sur l’évaluation des progrès accomplis en matière de réduction du travail des enfants ».

Selon cette étude, constate Mme Yao, « le taux de travail des enfants dans les régions productrices de cacao, est resté stable malgré l’augmentation de la population et de la production de cacao dans notre Pays. Par ailleurs, selon cette même enquête, les localités ayant bénéficié d’actions de remédiation dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, ont vu leur taux de travail des enfants baisser significativement ».

Ces « résultats encourageants ont été atteints grâce aux partenaires qui nous ont aidé » a rappelé la Directrice de cabinet de Mme Dominique Ouattara.

L’Accès des agriculteurs à la protection sociale : un moyen d’éliminer le travail des enfants

Prestation artistique sur le travail des enfants

Le Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale a quant à lui plaidé pour l’accès à la protection sociale des agriculteurs.

« Il nous revient, en tant que Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale et par ailleurs, Président du Comité Interministériel de lutte contre le travail des enfants, d’assurer l’accès de toutes les populations ivoiriennes à ces instruments protecteurs et en particulier nos parents paysans qui donnent tant à notre pays » a souligné Adama Kamara, demandant à la Première Dame de s’engager à ses côtés afin de permettre aux agriculteurs de bénéficier désormais d’une assurance maladie et d’une retraite.

« Un paysan qui peut se soigner plus aisément, se fera moins souvent remplacé par ses enfants dans les champs. Un paysan qui bénéficie d’une pension de retraite, pourra subvenir aux besoins de sa famille et n’exigera pas de ses enfants et des enfants des autres de le remplacer dans les travaux champêtres » a justifié M. Kamara qui se dit convaincu qu’avec le soutien de la Première Dame, « ce noble objectif sera mis en œuvre ».

L’OIT aux côtés du gouvernement dans l’élimination du travail des enfants

Sophie De Coninck, spécialiste principale des principes et droits fondamentaux au travail, représentant le Directeur de pays de l’OIT pour la Côte d’Ivoire, le Benin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo, a salué le travail de la Côte d’Ivoire qui dit-elle, « est sur la bonne voie » dans la mise en œuvre et le financement de son Plan d’Action National (PAN) pour l’élimination du travail des enfants portant sur la période 2019-2021.

Sophie De Coninck spécialiste principale des principes et droits fondamentaux au travail, rappelle les actions de l’OIT dans son appui au gouvernement pour éliminer le travail des enfants en Côte d’Ivoire

« Je voudrais mentionner ici deux interventions particulièrement innovantes du PAN que l’OIT accompagne à travers le projet ACCEL- Africa financé par le gouvernement des Pays-Bas, a déclaré Sophie De Coninck.

La première concerne selon elle, la protection sociale. « L’expérience d’autres pays a montré que l’accès à la protection sociale permet de réduire la vulnérabilité socioéconomique des ménages de sorte à ce qu’ils n’aient plus recours au travail des enfants en cas de coup dur. En Côte d’Ivoire nous accompagnons la Caisse Nationale d’Assurance Maladie pour améliorer l’accès des travailleurs du secteur du cacao à la Couverture Maladie Universelle, ce à travers une collaboration avec les coopératives et les industriels » a-t-elle expliqué.

La seconde intervention de l’OIT est relative à l’application de la loi, a souligné Mme De Coninck mettant l’accent sur l’action de l’OIT. « Nous accompagnons le Ministère de l’Emploi et de la Protection sociale dans la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation d’une stratégie d’intervention de l’inspection du travail dans le secteur du cacao ».

Ces deux exemples « sont des interventions innovantes » qui deviendront selon Sophie De Coninck, « de bonnes pratiques à étendre à d’autres secteurs de l’économie ivoirienne mais potentiellement aussi à d’autres pays africains et ailleurs dans le monde ».

Sophie Léonard, représentante adjointe de l’UNICEF en Côte d’Ivoire et Anousheh Karvar, Présidente de l’Alliance 8.7 qui est intervenue par vidéoconférence ont toutes les deux salué les efforts entrepris par la Côte d’Ivoire en vue d’éliminer le travail des enfants.
Photo de famille