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Risques d’une émigration mal préparée : Les jeunes joueurs de football de Bouaké, Korhogo, San-Pedro et Daloa sensibilisés
Après Abidjan, Bouaké, Korhogo et San-Pédro, Daloa a accueilli le 23 novembre 2022, l’équipe de la campagne de sensibilisation aux risques d’une émigration mal préparée des jeunes joueurs de football initiée par l’Organisation internationale du travail (OIT), Didier Drogba et sa Fondation ainsi que la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO).
Ils étaient plusieurs centaines les pensionnaires des centres de formation de football de Daloa (A. KAMC, RAFCD, C.F.M, POULIN FC, AS BINKADI, ASCOD) à avoir pris d’assaut avec leurs formateurs, le centre culturel municipal de Daloa. Objectif, s’informer des bonnes pratiques pour réussir une carrière professionnelle en football.
L’éducation comme meilleur moyen pour réussir sa carrière professionnelle de football
Membres de la FIFPro Africa, Didier Otokoré, Ghislain Akassou et Marc Zoro, tous des anciens internationaux, en pédagogues d’un jour, ont fourni aux jeunes joueurs et joueuses de football, des conseils sur tout ce qu’ils doivent savoir et tout ce qu’ils doivent faire avant de tenter une carrière professionnelle.
Partant chacun de son expérience personnelle, ils leur ont conseillé le travail, la patience, la prudence et surtout la poursuite de leurs études en ayant à l’esprit que le rêve de devenir footballeur professionnel peut se briser à tout moment et par plusieurs facteurs.
Les ex-internationaux Marc Zoro, Didier Otokoré et Ghislain Akassou posant avec des jeunes joueurs de Bouaké « Allez à l’école, formez-vous car une bonne formation vous permet de préparer l’après-football. L’émigration mal préparée peut vous causer des souffrances et même la mort. Soyez patients » leur a dit Marc Zoro avant de raconter aux enfants sa propre itinéraire.
« Le football était ma passion. Je jouais très bien au quartier en même temps que j’allais à l’école. Je rêvais de devenir footballeur professionnel. C’est ainsi que j’ai été repéré par un italien qui a proposé à mes parents de me faire partir tenter une carrière professionnelle dans son pays. Il a fait tous mes papiers sans demander un seul sou à mes parents. Une fois en Italie, je jouais et je poursuivais mes études. La suite, vous la connaissez. J’ai joué dans de grands clubs en Italie, au Portugal, en Angleterre, en Roumanie, en Grèce. J’ai également apporté mon expérience aux Eléphants. Pendant ma carrière j’ai su lire et négocier mes contrats parce que j’étais allé à l’école. L’école, c’est très important. Entrainez-vous dans les centres de formation les samedis et mercredis après-midi et le reste des jours de la semaine, allez à l’école », a conseillé aux enfants, Marc Zoro.
Attention aux faux agents!
Didier Otokoré a pour sa part exhorté les enfants à continuer de vivre leur passion et à rêver à devenir des footballeurs professionnels. Mais l’ancien international n’a pas manqué de leur demander de faire attention aux faux agents. « Toutes les personnes qui viennent vous voir se présentant comme des agents, beaucoup ne le sont pas en réalité. Les faux agents demandent toujours de l’argent à vos parents dès les premiers contacts. Ils vous font rêver en ne vous proposant aucun contrat écrit. Ils utilisent très souvent les réseaux sociaux et ne vous rencontrent pas en personne. La plupart d’entre eux ne sont enregistrés auprès d’aucune fédération » a expliqué aux jeunes joueurs Didier Otokoré leur conseillant la prudence.
Frédéric Lapeyre, Directeur du Bureau pays de l’OIT pour le Benin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo, sensibilisant les jeunes joueurs de Korhogo Pour le Directeur Régional des Sports, cette sensibilisation de l’OIT et de ses partenaires vient au bon moment pour donner aux enfants, la bonne information. « En nourrissant le rêve de devenir footballeur professionnel, il faut continuer à aller à l’école parce que sur 100 candidats aspirant à devenir professionnel, il y a au plus 1 ou 2 qui arrivent au haut niveau », a averti Toussaint Zahibo indiquant que « c’est par manque de bonnes informations que plusieurs enfants prennent le chemin périlleux de l’émigration mal préparée. C’est pourquoi je salue cette campagne de l’OIT qui a fourni aux enfants la bonne information ».
Le Directeur du Bureau pays de l’OIT pour le Benin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo, a, à l’étape de Korhogo livré aux enfants un message qui sonne comme un appel à l’action. « Si vous êtes footballeurs professionnels, vous êtes des travailleurs et vous avez des droits. Vous devez travailler dans des conditions de travail décent. Si Didier Drogba, Ronaldo etc ont réussi leur carrière, il y a beaucoup d’autres professionnels qui n’ont pas de contrat de travail. S’ils se blessent, ils sont abandonnés et ne pourront plus jouer pour gagner leur vie » a expliqué Frédéric Lapeyre ajoutant, « c’est par rapport à toutes ces conditions que l’OIT mène cette campagne pour vous prévenir et vous dire que vous avez des droits. C’est beau l’aventure mais faites attention. Mettez toutes les chances de votre côté pour réussir votre carrière professionnelle ».
Face au péril qui les guette, les jeunes joueurs font le choix de l’avenir
Soro Adjara, jeune joueuse de football posant des questions aux ex-internationaux sur comment réussir une carrière professionnelle D’Abidjan à Daloa en passant par Bouaké, Korhogo et San-Pedro, le message constant de cette campagne de l’OIT, de la Fondation Didier Drogba et de la FIFPro Africa appelant les enfants à la prudence face aux risques d’une émigration mal préparée commence à produire des résultats.
Soro Tcholodjo Adjara est en classe de première au lycée Houphouët Boigny de Korhogo. Pensionnaire d’un centre de formation, elle rêve de devenir footballeuse professionnelle comme Kadidiatou Diani de l’équipe nationale féminine de France de football. « Cette sensibilisation m’a appris la patience. Je sais désormais que tout en vivant ma passion de footballeuse, je dois poursuivre mes études. J’exhorte mes camarades à faire comme moi.
Silué Marius est comme Adjara en classe de 1ere D au lycée Houphouët de Korhogo. Lui aussi ambitionne de devenir footballeur professionnel mais pas à n’importe quel prix. « Je ne vais pas me précipiter. Je serai patient et ferai attention aux faux agents. Je tenterai l’émigration lorsque toutes les chances sont de mon côté pour réussir ma carrière ».
Cette campagne a bénéficié de l'appui financier du Programme intégré pour le recrutement équitable (FAIR) de l'OIT.
Les jeunes joueurs de Korhogo écoutant les conseils des ex-footballeurs internationaux ivoiriens