Réunion interrégionale tripartite Afrique-États arabes sur les migrations de main-d’œuvre: Opportunités d’échange et de dialogue futur

Du 15 au 16 novembre 2021, la Commission de l’Union africaine (CUA) et l’Organisation internationale du Travail (OIT) ont accueilli la réunion interrégionale tripartite Afrique-États arabes sur les migrations de main-d’œuvre.

Actualité | 22 novembre 2021
Cette réunion a rassemblé plus de 200 participants représentant les gouvernements, les communautés économiques régionales, les organisations d’employeurs, de travailleurs et de la société civile, les universités, ainsi que les partenaires internationaux de développement et les agences des Nations Unies travaillant en Afrique et dans les États arabes du Moyen-Orient. Il s’agissait de faire le point sur les progrès réalisés et les bonnes pratiques en œuvre, de créer des réseaux et de renforcer le dialogue entre l’Afrique et les États arabes en vue d’obtenir des avancées en matière de travail décent et de migration équitable pour les travailleurs migrants, les employeurs, les gouvernements et la société en général.

Une séance plénière et cinq groupes thématiques d’experts ont permis des échanges sur les tendances récentes de la migration de main-d’œuvre le long couloir de migration Afrique-États arabes, et notamment sur l’impact de la pandémie de COVID-19; sur les opportunités de développement et de reconnaissance des compétences; sur les réformes visant à étendre la protection sociale aux travailleurs migrants; sur la renégociation et la mise en œuvre des accords bilatéraux de travail à la lumière des lacunes révélées par la pandémie; sur les innovations à même de faire progresser le recrutement équitable, y compris grâce à l’utilisation des technologies; et sur les réformes importantes visant à promouvoir la mobilité interne des travailleurs migrants sur les marchés du travail des États du Golfe. Des représentants des gouvernements ont pris la parole dans tous les groupes d’expert et le public a pu dialoguer virtuellement avec les conférenciers pour partager idées et documents

S’exprimant au nom de Mariama Cissé, Directrice des affaires sociales, du sport et de la culture au sein du Département de la santé, des affaires humanitaires et du développement social de l’Union africaine, Sabelo Mbokazi, chef du Service de l’emploi et des migrations, a souligné l’importance du partenariat entre l’Afrique et les États arabes. Selon lui, «la migration, lorsqu’elle est bien gérée, peut avoir un impact positif substantiel sur les pays d’origine, de transit et de destination». Il a ajouté que l’UA et les États arabes devaient «promouvoir la création de voies légales de migration dont les avantages seraient plus tangibles pour les pays d’origine, de transit et de destination». Il a ensuite réaffirmé la «détermination à renforcer les réponses en matière d’assistance et de protection des migrants vulnérables, y compris les femmes, les jeunes filles et les enfants».

Cynthia Samuel-Olonjuwon, Directrice générale adjointe et Directrice régionale pour l’Afrique de l’OIT, a de son côté déclaré que «le succès de ce dialogue devrait être mesuré à l’aune des changements positifs apportés à la vie des travailleurs migrants et des avantages socioéconomiques que cela implique pour les deux régions».

Elle a ajouté que «la mobilité et la migration de la main-d’œuvre reflètent l’aspiration des gens à une vie meilleure et à un travail décent» et que «lorsqu’elle est bien organisée et fondée sur les droits, la migration de main-d’œuvre offre aux travailleurs la possibilité d’améliorer leur situation personnelle et financière, aux employeurs celle d’embaucher des travailleurs dont les compétences correspondent à leurs besoins et aux gouvernements celle de contribuer au développement socioéconomique de leurs sociétés respectives».

Christian Frutiger, vice-directeur de la Direction suisse du développement et de la coopération, qui a parrainé cette réunion, a exprimé sa conviction de ce que «des délibérations multipartites telles que le dialogue d’aujourd’hui sont importantes pour promouvoir une migration de main-d’œuvre sûre» et qu’«un échange constructif et axé sur les résultats pourra profiter au développement économique et social des pays d’origine et de destination».

Tariq Haq, s’exprimant au nom de M. Ruba Jaradat, Directeur régional de l’OIT pour les États arabes, a noté que les discussions étaient «riches, multidimensionnelles et stimulantes», et qu’elles ont en outre démontré «le pouvoir du dialogue social et l’importance de donner des perspectives aux pays d’origine et de destination lorsqu’on débat des principaux problèmes et défis techniques à surmonter pour garantir un travail décent et une migration équitable».
Lors de la réunion interrégionale tripartite, l’État du Qatar a annoncé son intention d’accueillir à Doha une réunion entre l’Afrique et les pays du Conseil de coopération du Golfe au cours du premier trimestre 2022, et ce afin de capitaliser sur l’opportunité de dialogue que cette réunion a permis d’offrir.

Actuellement, dans les États arabes, un nombre significatif de travailleurs migrants africains sont employés dans un certain nombre de secteurs tels que le BTP, le commerce de détail, l’hôtellerie, le travail domestique et les soins à la personne. En dépit de la baisse constatée des flux migratoires au cours de l’année écoulée en raison de la pandémie de COVID-19, la migration de main-d’œuvre d’Afrique vers les États arabes devrait toutefois reprendre à la hausse dans les années à venir, et il s’avère donc indispensable de faire face aux risques et défis liés à la gouvernance des migrations de main-d’œuvre, ainsi que de mettre en lumière les opportunités que peuvent apporter ces flux migratoires.