Les emplois verts offrent l'espoir d'un avenir meilleur pour le continent africain

L'Afrique est la région la plus durement touchée par les effets négatifs du changement climatique, et pourtant c'est le continent qui contribue le moins aux émissions globales de CO2 par habitant. Le programme "Emplois verts" du BIT offre la possibilité de faire la différence en termes d'atténuation des effets néfastes du changement climatique, tout en réduisant le chômage.

Article | 24 juillet 2020
Dans le cadre de la publication d'une nouvelle note politique, intitulée COVID-19 et le monde du travail : Amorcer une relance économique verte avec des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, et des sociétés saines et résilientes (en anglais), Fayçal Boureima, spécialiste régionale de l'OIT pour les emplois verts en Afrique, parle de ce que fait l'OIT pour protéger la planète et créer des emplois durables sur le continent dans un contexte marqué par le COVID-19.

Quel lien pourrait-on établir entre l’environnement, la santé publique et la pandémie de la COVID 19 ?

D’abord, il faut rappeler que la plupart des maladies infectieuses connues telles que le virus Ebola, le VIH, la grippe porcine et aviaire sont des zoonoses, c'est-à-dire des maladies infectieuses des animaux vertébrés transmissibles à l'homme. En perturbant les écosystèmes par une déforestation massive, le changement climatique ou la destruction des habitats naturels, l'activité humaine a créé des conditions qui permettent de plus en plus aux virus d'origine animale de se propager à l'homme. Il existe en effet une interdépendance entre la qualité des écosystèmes, la santé animale et la santé humaine. Les recherches ont montré que le risque de transmission de maladies est faible là où la nature est mieux conservée avec une multitude d'espèces, en raison de ce que les scientifiques appellent "l'effet de dilution". De plus, cette pandémie a mis en évidence le lien entre la santé humaine et la qualité de l'air : les patients sont plus touchés dans les zones où la pollution atmosphérique est plus importante.

Comment une transition juste vers la durabilité environnementale contribuerait-elle à la reprise des économies après la crise de la COVID-19 ?

Dans de nombreux pays africains, des entreprises sociales, des universités et des inventeurs individuels ont mis au point des solutions peu coûteuses et respectueuses de l'environnement dans le cadre de la réponse à la COVID-19. Par exemple, divers prototypes de systèmes de lavage des mains sans contact utilisant des matériaux recyclés et/ou réutilisés ont été mis sur pied à travers le continent. Même si l'objectif premier de toutes les innovations observées est de lutter contre la COVID-19, elles présentent néanmoins des avantages environnementaux importants, à savoir la réorganisation des chaînes d'approvisionnement en favorisant les matériaux et les fournisseurs locaux, la réduction des transports, l'utilisation de services en ligne ou à distance, etc.

Toutefois, la réduction des émissions qui en résulte n'est qu'une situation temporaire et ces émissions peuvent revenir à la normale ou même augmenter avec la reprise de l'économie après la COVID-19 si un processus de consolidation et de maintien de ces avantages environnementaux n'est pas entrepris. Il faut une transition juste vers un environnement durable pour fournir le cadre politique au niveau macroéconomique et sectoriel permettant de consolider ces avantages environnementaux, mais aussi les outils de promotion de l'esprit d'entreprise et des emplois verts qui rendront la reprise économique post COVID-19 plus inclusive et plus respectueuse de l'environnement.

Quels sont les thèmes prioritaires pour la région Afrique couverts par le programme « Emplois verts » du BIT ?

La programmation 2020-2021 du programme « Emplois verts » tient compte de deux cadres politiques d'importance majeure pour la région, à savoir l'Agenda 2063 et la Déclaration d'Abidjan, qui inscrit la croissance vers une économie verte et une transition juste parmi ses priorités. Les principaux défis auxquels le continent est confronté, tels que la démographie, l'urbanisation, les migrations, le changement climatique, la faible productivité des économies et le déficit de protection sociale, sont également abordés par les interventions du programme Emplois verts.

Quels sont les principaux outils, méthodologies et approches du Programme « Emplois verts » qui sont utilisés dans la région ?

Le programme pour les emplois verts a développé un cycle de programme qui comprend des outils de recherche, des projets et programmes de coopération au développement, des programmes de renforcement des capacités et l'élaboration de politiques et de stratégies de développement durable.

Au niveau de la recherche, trois principaux outils sont utilisés dans la région :
  • Le Green Jobs Assesment Model (GJAM) qui est un outil de modélisation et de recherche statistique permettant d’analyser et de quantifier les bénéfices sociaux et le potentiel de création d’emplois verts des politiques climatiques et de développement durable.
  • Les Rapid Situational Analysis (RSA) qui est une analyse des meilleures options de politiques de transition juste vers la durabilité environnementale à travers une analyse de la structure de l’économie d’un pays ; la contribution des principaux secteurs économiques à l’emploi ; les déficits en termes d’emplois décents ; et les liens entre l’environnement, l’économie et le monde du travail.
  • Les factsheets ‘Durabilité environnementale et emplois’ qui sont des fiches synthétiques d’une demi-dizaine de page permettant de discuter et d’interagir en interne avec les collègues du BIT et en externe avec nos mandants et les autres institutions sur les opportunités de création d’emplois verts dans les pays.

En matière de politiques et de stratégies, le BIT aide les États à élaborer des stratégies nationales visant à promouvoir les emplois verts et des plans nationaux pour une transition équitable. À titre d'exemple, le BIT soutient actuellement le Ghana et la Côte d'Ivoire dans l’élaboration de leurs politiques nationales de promotion des emplois verts. Il aide également la Côte d'Ivoire dans le processus de révision des contributions nationales déterminées (engagement de réduction des émissions de CO2 dans le cadre des accords de Paris) pour une meilleure prise en compte des opportunités de création d'emplois verts et des politiques de transition juste.

Et enfin dans le développement des capacités, qui comprend diverses initiatives de formation, notamment dans le domaine de l'entrepreneuriat vert, la formulation de politiques de transition équitable et l'écologisation des activités existantes.


Pourriez-vous nous donner des exemples de programmes ou projets « Emplois Verts/Transition Juste » qui sont mis en œuvre dans la région ainsi que des réalisations concrètes ?

Au Sénégal, un groupement d'intérêt économique appelé "Palette", qui a bénéficié d'une série de formations du BIT sur l'entrepreneuriat vert, notamment la Brochure sur l’Entreprise Verte (qui fait partie de la série de produits Gérez Mieux Votre Entreprise, GERME, et du paquet Emplois verts de l’Organisation internationale du Travail), a développé un projet de construction de fours solaires qui présentent les avantages compétitifs suivants :
  • La lutte contre la déforestation et la séquestration du carbone en évitant l’utilisation du bois de chauffage ;
  • La création d'emplois pour les femmes ; et
  • L’amélioration des conditions de vie par le gain de temps, la réduction de la charge de travail des femmes et l'amélioration de la santé des mères et des enfants en remplaçant le charbon de bois et le bois de chauffage par des cuisinières solaires.

Lire la note politique
: COVID-19 et le monde du travail : Amorcer une relance économique verte avec des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, et des sociétés saines et résilientes (en anglais)

Regardez la vidéo
: Initier une relance verte avec plus d’emplois et de meilleurs emplois

Pour plus d'informations sur le programme des emplois verts de l'OIT, cliquez ici.

Le portail dédié de l'OIT sur COVID-19 et le monde du travail
: www.ilo.org/covid19