« 100 Ans – 100 Vies » | TUNISIE - “L’arrivée de l’eau nous a aidés à sortir de la pauvreté

En œuvrant au développement des régions défavorisées de Tunisie, l’OIT a permis à plusieurs femmes de la ville de Kesra d’acquérir leur indépendance économique.

Reportage | Tunisie | 5 novembre 2019
KESRA – Kesra est une petite ville de 2500 habitants – une des plus hautes de Tunisie – perchée en haut d’une montagne de la « dorsale tunisienne », à 1200 mètres d’altitude.

Malgré la beauté du site, cette localité du gouvernorat de Siliana, à 160 kilomètres de Tunis, rassemble toutes les caractéristiques des endroits défavorisés, notamment en raison de son accès difficile et de son éloignement des grands centres urbains. Dans ce contexte, rester au pays et y trouver un travail ressemble à une mission bien délicate.

Wided Bougrine, une jeune femme ingénieure hydraulique originaire de Kesra, était confrontée à la situation de nombreux jeunes en Tunisie.

« Après l’obtention de mon dipôme d’ingénieure à Tunis, j’étais au chômage quand on m’a contactée à propos d’un projet de l’OIT visant à stimuler l’activité économique locale en se basant sur les besoins des populations. »

En l’occurrence, il s’agissait de mener des travaux hydrauliques, dont l’installation de 1700 mètres de canaux permettant d’amener de l’eau sur une superficie de 20 hectares.

« Je vis à Kesra ainsi que ma famille, mes deux frères et mes trois sœurs. J’ai donc accepté avec enthousiasme de superviser ces travaux, qui m’apportent ainsi l’expérience professionnelle qu’il me manquait pour travailler sur d’autres chantiers. »

Depuis la fin des travaux, les figuiers – fierté agricole de la région – se sont multipliés sur les champs en pente disposant désormais d’un accès bien meilleur à l’eau.

Dans ce nouveau contexte, une autre source de revenus pour les populations locales méritait d’être exploitée : celle de la transformation des figues, un fruit cependant particulièrement fragile.

A la suite d’un processus de consultation avec les agriculteurs et les femmes sans emploi de la localité, un groupement a été identifié afin de produire et de commercialiser des confitures de figues, encore déclinées sous forme de jus, de sirop, de fruits séchés et de pâtes.

Ces femmes de Kesra, qui dépendaient jusqu’ici entièrement de leur mari d’un point de vue financier, sont désormais organisées en groupement de développement agricole, et disposent de leurs propres revenus.
L’OIT a fourni les outils de production pour la transformation des figues et a pris en charge la formation technique d’une vingtaine de femmes, incluant l’obtention d’un certificat d’aptitude. Elle a également permis aux femmes de se rendre à des foires agricoles à Tunis pour exposer leurs produits.

Pour certaines, c’était la première fois qu’elles se rendaient dans la capitale. Le succès fut immédiat puisqu’une recette de 1000 dinars fut récoltée en seulement trois jours. Cet argent fut immédiatement réinvesti dans l’outil de production.

Sabrine Ben Hnia, âgée de 26 ans, nous fait part de sa satisfaction. Malgré l’obtention d’un CAP en pâtisserie, elle avait connu quatre ans de chômage avant d’intégrer le groupement.

Après avoir suivi la formation mise en place par l’OIT, elle a pu s’impliquer dans la confection, la promotion et la vente des confitures. Elle a même aussi développé sa propre activité en parallèle.

Chaque fin de semaine, Mme Ben Hnia et ses collègues installent un stand au centre du bourg et vendent leurs produits aux visiteurs essentiellement tunisiens et algériens de passage dans la localité qui se trouve sur le circuit touristique du pays. Ces voyageurs sont nombreux à ramener dans leurs bagages quelques pots de confiture des célèbres figues de Kesra.

 

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