« 100 Ans – 100 Vies » | SOMALIE - “C’est le dialogue social qui nous a permis de réformer l’ancien code du travail”

L’OIT a aidé les partenaires sociaux somaliens à trouver un compromis dans la mise en place d’un nouveau code du travail qui protège mieux toutes les parties prenantes.

Feature | Somalia | 10 June 2019
MOGADISCIO – Omar Faruk Osman est un journaliste de 42 ans qui est devenu secrétaire général de la Fédération des syndicats somaliens. Il a fait partie de ceux qui ont finalisé le nouveau code du travail à la suite d’un long processus de négociations avec le concours du bureau de l’OIT en Somalie.

Ce ne fut pas chose facile que de modifier un texte qui avait été promulgué en 1972, au moment où la Somalie avait un gouvernement militaire. La loi n’offrait qu’une protection minimale en matière de liberté syndicale, bien éloignée des normes généralement en vigueur dans la plupart des pays.

A partir de 1991, la Somalie plongea alors dans une longue guerre civile qui entraîna l’effondrement des structures de l’Etat. Cependant, alors que l’OIT célèbre son centenaire en 2019, Omar Faruk souligne le rôle qu’elle a joué dans son pays durant toutes ces années.

« Lorsque notre pays s’est quasiment effondré, l’OIT n’a pas fui et elle a mis en place des projets de subsistance pour nous aider à survivre », rappelle-t-il.

« Puis, avec le retour d’une situation plus stable, l’OIT est revenue à sa mission essentielle qui est d’apporter son soutien au gouvernement et aux organisations de travailleurs et d’employeurs afin de développer les possibilités de travail décent et de mettre en place une stratégie nationale pour l’emploi. Elle a également aidé à créer des politiques en matière de protection sociale », ajoute-t-il.

Le syndicaliste a été tout particulièrement impressionné par le rôle joué par l’OIT afin de faire que le gouvernement ainsi que les organisations de travailleurs et d’employeurs se mettent autour d’une table pour négocier un nouveau code du travail. Cela aurait été tout à fait inimaginable sans la présence physique de l’OIT en Somalie.

Les négociations furent âpres mais, grâce au dialogue social, on a abouti à un compromis qui bénéficie à toutes les parties prenantes. Des avancées considérables ont été faites par rapport à l’ancien code, notamment en matière de liberté syndicale et de protection des syndicalistes.

Créer un consensus

Le code du travail révisé a été finalisé lors d’une réunion tripartite de 48 heures qui a eu lieu à Mogadiscio en février 2019. Les représentants de plusieurs ministères du gouvernement fédéral somalien, des différents états, des employeurs, des travailleurs et des universitaires ont adopté un texte faisant l’objet d’un consensus qui a été envoyé au Parlement pour qu’il soit voté.

« La version finale correspond non seulement au contexte économique et social de la Somalie mais elle est en accord avec les normes internationales du Travail ainsi que d’autres conventions de l’ONU ratifiées par le gouvernement somalien, se réjouit Syed Saad Hussain Gilani, directeur du bureau de l’OIT en Somalie.

Pour sa part, le ministre fédéral du Travail et des affaires sociales, Salah Jama, a remercié l’OIT d’avoir apporté son soutien technique à la révision du nouveau code. Il a mis en évidence que ce code du travail devait s’aligner sur les principes de justice sociale et de dialogue tripartite.

Le code du travail couvre les questions liées aux principes fondamentaux et au droit du travail, aux contrats de travail, aux relations avec les partenaires sociaux, à la santé et à la sécurité au travail en passant par la formation, les questions salariales et la création d’une législation unique pour gérer les relations industrielles et le dialogue social.

« Il est impossible de vivre de manière décente sans disposer en même temps de la dignité et du respect au travail. Cela dérive des droits légaux qui protègent les travailleurs contre toutes les formes d’abus ou d’exploitation de la part d’employeurs. Pour y parvenir, l’OIT a fait de gros efforts pour mettre en place des droits pour les travailleurs reconnus internationalement à travers un processus de délibération global et démocratique. Ce code du travail est dans l’intérêt de notre pays », affirme Cisse M Xalane, de la Chambre somalienne de Commerce et d’Industrie.

Partenaire du développement

« Après de longues années marquées par un conflit interne et une série de catastrophes naturelles, la Somalie se trouve désormais sur la voie du développement. L’OIT est partenaire de ce mouvement en Somalie. Nous travaillons avec les autorités et les partenaires sociaux pour promouvoir la création d’emplois et le travail décent pour les femmes et les hommes de ce pays », souligne Alexio Musindo, directeur du bureau sous-régional de l’OIT pour l’Ethiopie, la Somalie, Djibouti, le Soudan et le Soudan du Sud.

« La mise en place d’un nouveau code du travail va contribuer à un environnement propice pour les affaires et pour la formalisation de secteurs opérant encore majoritairement dans le secteur informel tout en protégeant les travailleurs de toutes les formes d’exploitation », conclut-il.
 

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