« 100 Ans – 100 Vies » | LIBERIA - “Dans un environnement sain, la santé de la population s’améliore”

David Wolo – un ancien du village - fait partie des personnes vivant dans une banlieue pauvre de Monrovia qui ont bénéficié d’un programme de l’OIT dans le cadre du relèvement après Ebola.

Reportage | Monrovia | 31 juillet 2019
MONROVIA – David Wolo est inquiet: trouver de l’eau douce pour sa famille est difficile. « L’eau qui vient des canalisations n’est pas bonne parce que les canalisations sont obsolètes. L’eau contient des sédiments. Vous pouvez y voir toutes sortes de choses. »

Le doyen Wolo, 67 ans, vit à Clara Town, un quartier pauvre de la capitale libérienne, depuis 1979. Au fil du temps, il a vu la situation sanitaire se détériorer : « L’eau et l’assainissement, c’est très compliqué. Auparavant, nous avions l’eau courante mais maintenant cela devient difficile d’avoir de l’eau. Vous devez parcourir quatre ou cinq kilomètres pour trouver de l’eau potable », explique-t-il.

Clara Town se situe à moins de deux kilomètres à l’Est de West point, un bidonville qui fut un foyer épidémique pendant la crise d’Ebola de 2014-2015 quand les autorités libériennes avaient imposé un isolement du quartier en vue de limiter la propagation de la maladie.

Quand la menace d’Ebola fut levée, les maladies hydriques comme le choléra et la dysenterie demeurèrent une menace endémique dans ces banlieues qui s’étendent aux abords de la ville.

Dans le cadre de sa stratégie de relèvement après Ebola, l’OIT a joint ses efforts à ceux de l’UNICEF, du bureau local de l’ONU-Habitat et des autorités de Monrovia afin de lancer un projet pilote à Clara Town, l’une des quatre localités choisies pour en bénéficier grâce à un financement durable.

L’objectif était d’avancer en matière d’assainissement de base, d’améliorer l’environnement local ainsi que l’hygiène et de promouvoir l’emploi des jeunes dans les quartiers défavorisés de Monrovia.

En attente d’eau

Pour les 74 000 habitants de Clara Town, réduire les délais d’attente pour avoir de l’eau potable était une revendication essentielle.

« Par exemple, les étudiants n’ont pas le temps d’aller chercher de l’eau avant d’aller à l’école. Et quand les femmes vont chercher de l’eau, cela empiète sur le temps dont elles ont besoin pour s’occuper de la maison », constate Bestman Toe, président de l’Association des habitants des bidonvilles du Liberia.

L’un des éléments importants du programme est l’intérêt manifesté par l’OIT pour une approche à haute intensité de main-d’œuvre avec une formation qualifiante portant sur la réalisation de projet.

« En mobilisant les jeunes dès le début, en leur offrant du travail et l’occasion de perfectionner leurs compétences et de prendre confiance, nous pouvons accroître leur chance de trouver un emploi et leur capacité à créer de nouvelles entreprises », souligne Salif A. Massalay, de l’OIT.


Hygiène et formation

Il s’agit d’une approche que Bestman Toe soutient : « C’est dans l’intérêt de la population, en particulier des jeunes qui forment l’essentiel de ceux qui sont confrontés à des taux de chômage élevés. Avec ce projet, une formation qualifiante dans divers domaines sera dispensée, ce qui leur permettra d’avoir un emploi à l’avenir. Ce sera un signe encourageant pour le reste de la population de Clara Town. ».

Joseph D. Kanneh, l’un des jeunes présents à la conférence, nous a affirmé que la population avait aussi d’autres priorités :

« L’eau, c’est important. Les toilettes aussi. Mais ce qui manque surtout, ce sont des ponts qui aident les gens à transporter physiquement l’eau dont ils ont besoin. A l’heure actuelle, les gens passent 10 heures à aller chercher de l’eau », dit-il.

Tout en améliorant la qualité de l’eau et de l’assainissement, le programme de l’OIT a mis aussi l’accent sur la gestion des déchets solides. Jusqu’ici, les déchets solides locaux étaient tout simplement laissés à l’abandon sur le sol dans des sacs ou jetés à la mer.

Pour David Wolo, une évolution dans la manière dont Clara Town gère ses ordures et son approvisionnement en eau serait une bonne nouvelle : « Ce programme est vraiment indispensable pour veiller à ce que le quartier, et par extension toute la capitale, soient propres. Dans un environnement sain, la santé de la population s’améliore », conclut-il.
 

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