« 100 Ans – 100 Vies » | COTE D’IVOIRE - “Maintenant, je vais à l’école et je veux devenir instituteur”

Un projet mené par l’OIT avec un groupe d’industriels du cacao a permis de retirer des enfants ivoiriens du travail dans les plantations et de leur donner la possibilité de suivre une scolarité normale.

Feature | COTE D'IVOIRE | 03 September 2019
M’BATTO – Kakou Kadjo Félicien est un jeune garçon âgé de 13 ans actuellement en classe de CM2 à l’école du village d’Assoumoukro, dans le Département de M’Batto, au centre-est de la Côte d’Ivoire.

Félicien est né dans une famille de 7 enfants, 4 filles et 3 garçons. Comme beaucoup de jeunes issus de familles pauvres, il n’était pas allé à l’école. En lieu et place, il avait travaillé dans les plantations de cacao qui constituent une des richesses économiques de la région, afin d’aider financièrement sa famille.

Son existence semblait ainsi toute tracée. Cependant, sa vie a basculé lorsqu’il a été identifié par un projet mené par l’OIT en Côte d’Ivoire pour lutter contre le travail des enfants dans les communautés des régions productrices de cacao.

Félicien a alors pu quitter la plantation dans laquelle il travaillait pour s’inscrire à l’école de son village.

Il restait pourtant un dernier obstacle avant qu’il puisse s’asseoir sur les bancs de l’école. En effet, ses parents n’avaient pas compris l’utilité de déclarer sa naissance aux autorités. Sans certificat de naissance, son inscription à l’école était impossible. Cependant, le projet a pris en charge les 20 000 Francs CFA nécessaires au jugement supplétif, une somme conséquente pour une famille pauvre.

« J’ai désormais un avenir »

Le jeune garçon a également reçu un kit scolaire afin de lui fournir les fournitures de base pour travailler à l’école.

Depuis, Félicien poursuit une scolarité épanouie. « Maintenant, je sais que l’OIT protège et aide les enfants, » nous dit-il, radieux. « Demain, je veux devenir instituteur. J’ai désormais un avenir, » ajoute-t-il fièrement.

Un peu plus loin, nous rencontrons un jeune homme plus âgé qui, lui aussi, a bien failli ne jamais pouvoir concrétiser son projet d’études. Kadio Kassi Aimé a maintenant 19 ans. Il est élève en classe de 3ème au collège de M’Batto.

« Lorsque le projet a commencé dans la région, je résidais dans le village de Tchékou. Mes parents ne m’ayant pas déclaré à l’état-civil, je ne pouvais pas passer mon examen d’entrée en 6e faute de pouvoir produire un extrait d’acte de naissance. Heureusement, le projet m’a permis d’obtenir un jugement supplétif grâce auquel j’ai pu passer l’examen et poursuivre mon parcours scolaire au lieu de travailler dans les plantations. J’espère désormais pouvoir aller à l’université », raconte-t-il.

Favoriser un environnement protecteur

« Ce projet est le fruit d’un partenariat public-privé entre l’OIT et un groupe d’industriels du cacao. Il s’agissait de favoriser un environnement plus protecteur pour les enfants précocement utilisés dans la production agricole et cacaoyère notamment, » explique Boua Bi Semien Honoré, coordonnateur des projets de l’OIT en Côte d’Ivoire.

« Pour y parvenir, il a fallu multiplier les sessions de sensibilisation sur la protection des enfants auprès des populations, des chefs traditionnels et des autorités administratives locales », poursuit-il.

Ces actions de sensibilisation ont permis d’identifier des volontaires qui ont été encouragés à former des Comités locaux de vigilance (CLV) destinés à informer et sensibiliser les populations sur les questions de vulnérabilité et de travail des enfants et à faciliter l’identification des enfants à risques ou en situation de vulnérabilité au sein des communautés.

Les membres de ces CLV ont suivi des formations en protection de l’enfance et en prise en charge des vulnérabilités. Ils ont également reçu des équipements comme des mégaphones ou des bicyclettes pour mener des activités de sensibilisation et de suivi de proximité. C’est ainsi que des enfants comme Félicien et Aimé ont pu être identifiés.

Afin d’adapter l’offre éducative à la demande plus forte de scolarisation, le projet a aussi fourni des matériaux (ciment, briques, tôles) pour la construction d’infrastructures scolaires comme un centre d’éducation communautaire, une école maternelle et une cantine en liaison étroite avec le centre social de M’Batto, principale cheville ouvrière du projet.

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