Programme-phare sur la mise en place de socles de protection sociale

Les gouvernements et l’ONU se réunissent pour planifier la réalisation des ODD relatifs à la protection sociale

Les pays en développement et les donateurs se sont réunis à Genève, avec le concours d’institutions des Nations Unies, pour lancer un partenariat multipartite en vue de la réalisation des cibles de protection sociale définies dans le cadre des objectifs de développement durable.

Communiqué de presse | 25 octobre 2017
GENEVE – Des représentants de pays en développement, des donateurs internationaux et l’Organisation des Nations Unies se sont réunis à Genève pour définir les grandes lignes de l’extension de la protection sociale, dans le cadre des efforts déployés pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD). La réunion a rassemblé plus de 80 représentants de partenaires du développement et de pays en développement au siège de l’OIT, à Genève, pour relever les défis auxquels doivent faire face les professionnels de la protection sociale et examiner les possibilités de renforcer la collaboration.

Deborah Greenfield, Directrice générale adjointe pour les politiques, a ouvert la réunion en énonçant le caractère ambitieux des ODD, qui cherchent à faire de la protection sociale une réalité pour tous. «Si l’importance d’une protection sociale universelle est reconnue aujourd’hui d’un point de vue rhétorique», a-t-elle expliqué, «dans les faits, près de la moitié de la population mondiale continue d’en être privée, soit environ 3,8 millions de personnes.» Les lacunes qui subsistent en matière de couverture sociale ont été l’un des principaux thèmes de la réunion, tout comme la nécessité d’une protection sociale pour mieux faire face aux tendances nouvelles qui menacent d’aggraver les actuels déficits de protection sociale, en particulier les déplacements forcés, le changement climatique et les bouleversements technologiques sur le marché du travail.

Cet événement a offert l’occasion de conclure un accord de partenariat de 3 millions de dollars E.-U. avec le Grand-Duché de Luxembourg, dont le gouvernement est un partenaire traditionnel de l’OIT en matière de développement et fondateur du programme-phare mondial de l’OIT sur la mise en place de socles de protection sociale pour tous.

«Le Luxembourg collabore avec le programme-phare de l’OIT dans plusieurs pays clés qui se consacrent à la mise en place de régimes de protection sociale», a expliqué M. Pierre-Louis Lorenz, ambassadeur du Luxembourg auprès des Nations Unies à Genève. «Nous continuons de soutenir les efforts visant à faire de la protection sociale une réalité pour tous et à veiller à ce que, comme le préconisent les ODD, personne ne soit laissé pour compte».

Au cours de cet événement, l’OIT et la Fondation Roi Baudouin ont également lancé un nouveau fonds qui permettra de mener des campagnes de sensibilisation et de communication sur la protection sociale et de mobiliser des ressources auprès de philanthropes et d’acteurs du secteur privé, en vue de soutenir le développement de systèmes et de socles de protection sociale.

Les personnes réunies ont entendu parler des progrès effectués dans plusieurs pays bénéficiant du soutien du programme-phare de l’OIT, lequel fournit des conseils et une assistance technique aux pays souhaitant étendre les garanties de protection sociale, conformément aux ODD. La cible 1.3 de l’ODD 1, en particulier, demande aux Etats membres des Nations Unies de mettre en place «des systèmes et mesures de protection sociale pour tous, adaptés au contexte national, y compris des socles de protection sociale».

M. Widad Osama K.M. Herzallah, directeur général de l’organisme Palestinian Social Security Corporation (organisme palestinien de l’institution de sécurité sociale), a décrit les progrès accomplis en ce qui concerne la mise en place de son organisme de sécurité sociale – le premier du genre dans les territoires occupés – et l’extension de la couverture aux travailleurs palestiniens.

Grâce à ces efforts et au partenariat conclu avec l’OIT, nous avons créé un système efficace de sécurité sociale visant à protéger les travailleurs et leurs familles», a-t-il expliqué. «Il s’agit d’une mesure importante pour restaurer la justice sociale en Palestine.»

Le personnel nouvellement recruté au sein de cet organisme effectuera une série de visites d’études à destination de pays partenaires du programme, comme l’Algérie et l’Afrique du Sud, afin de soutenir leurs capacités administratives.

L’ambassadeur du Malawi auprès des Nations Unies à Genève, M. Robert Dufter Salama, a laissé entendre qu’une coopération étroite entre plusieurs parties prenantes dans son pays est indispensable pour effectuer des progrès dans l’élaboration d’un socle de protection sociale au Malawi, avec le soutien du programme de l’OIT.

 «Rassembler toutes les parties prenantes autour de l’OIT, de travailleurs, d’employeurs et d’organisations non gouvernementales – avec le gouvernement comme pièce maîtresse de ce rassemblement – contribuera dans une large mesure à faire en sorte que les efforts futurs déployés pour étendre la protection sociale soient un succès», a déclaré M. Salama.

Le programme de l’OIT a encouragé le gouvernement à réviser le Programme national de soutien social du Malawi, qui inclut un large éventail de mesures de protection sociale, et codirigé l’élaboration d’un nouveau programme pour lui succéder: le Programme national de soutien social du Malawi II.

Les représentants du Cambodge, de l’Egypte et de la République démocratique populaire lao ont également décrit les avancées récentes dans leur pays grâce à l’aide apportée par le programme de l’OIT, et ils demandent aux partenaires du programme de renouveler leur soutien. Le Cambodge, en particulier, où la couverture de protection sociale a été étendue à près d’un million de travailleurs en moins d’une année, doit désormais relever un défi de taille, à savoir étendre la couverture de protection sociale aux travailleurs de l’économie informelle.

Au cours de la réunion, des donateurs bi- ou multilatéraux au programme étaient présents pour expliquer comment ils parviennent à s’en tenir à leurs priorités institutionnelles respectives tout en respectant celles du programme de l’OIT.

M. Thibault Van Langenhove, directeur de projet à l’Agence française de développement (AFD), a décrit ce qui a motivé la décision de l’AFD de participer au programme. De toute évidence, l’AFD a un engagement ferme en faveur du changement climatique, en lien avec l’Accord de Paris sur le climat.

«Au moins la moitié de nos projets doivent être directement liés à la protection du climat», a-t-il déclaré. «Nous avons conclu un partenariat avec l’OIT, de sorte que nous pouvons envisager comment intégrer la composante «climat» dans les programmes de protection sociale qui favorisent la réduction des gaz à effet de serre.»

Le partenariat AFD-OIT s’intéresse aux programmes susceptibles de compenser les pertes économiques et la dégradation de la qualité de vie subies par les résidents locaux suite à la fermeture d’industries polluantes ou à des restrictions à l’activité économique imposées par les mesures de conservation des terres. «Nous travaillons actuellement avec l’OIT sur des thèmes de recherche, tout en espérant que, l’année prochaine, nous serons en mesure de réaliser ces objectifs dans plusieurs pays.»

Les participants ont également mentionné la nécessité d’examiner les éventuels liens entre diverses initiatives humanitaires et de développement. Hélène Atrafi, administratrice au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a présenté les travaux que son organisation continue de mener en faveur de 65 millions de personnes déplacées de force dans le monde, un chiffre sans précédent.

 «L’un des partenariats utiles signés par le HCR est celui a conclu avec l’OIT, organisation avec laquelle nous collaborons pour garantir aux réfugiés un meilleur accès au régime national d’assurance-maladie ainsi qu’à la protection sociale liée au travail», a expliqué Mme Atrafi.

L’OIT et le HCR collaborent à des études de faisabilité visant à soutenir les pays hôtes qui souhaitent intégrer dans les régimes nationaux d’assurance-maladie certaines populations de réfugiés qui ne cessent d’affluer. L’initiative vise à garantir aux réfugiés la même couverture et la même qualité de soins qu’aux ressortissants nationaux. «Nous rendons hommage aux compétences spécialisées de l’OIT en matière de protection sociale et cherchons à collaborer avec l’Organisation pour mettre au point des opérations complètes en faveur des réfugiés», a-t-elle poursuivi.

Les traditionnels donateurs qui financent l’aide au développement, comme l’Allemagne, la France, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et la Commission européenne, ont été rejoints par les délégations des nouveaux partenaires de l’OIT en matière de coopération pour le développement, notamment l’Algérie, la Chine, le Koweït et le Qatar, qui ont également apporté une contribution au programme. La Banque africaine de développement a fait part de moyens innovants pour s’associer au programme-phare de l’OIT en intégrant la protection sociale dans les projets de développement des infrastructures. Des membres du Réseau mondial d’entreprises pour les socles de protection sociale – Auchan, Gilly, L’Oréal et El Corte Inglès, notamment – étaient également présents pour partager un partenariat gagnant-gagnant leur permettant de soutenir la réalisation des ODD relatifs à la protection sociale.

M. Mahmood Al-Siddiqi, représentant du ministère du Développement administratif, du Travail et des Affaires sociales à la mission permanente du Qatar auprès des Nations Unies à Genève, a décrit l’engagement de son pays en faveur du programme pour soutenir les efforts déployés en vue d’étendre la protection sociale. «Le Qatar se réjouit d’être, pour la première fois, partenaire de ce programme», a-t-il déclaré. «Nous estimons que les socles de protection sociale ont un rôle décisif à jouer pour réaliser les ODD d’ici 2030 et pour renforcer le développement économique et social de tous les individus dans le cadre de la recherche de la justice sociale.»

Le programme-phare mondial de l’OIT sur la mise en place de socles de protection sociale pour tous est déployé dans 21 pays. Il a pour but d’accélérer l’aide fournie en vue de garantir un revenu de base et des soins de santé essentiels pour les citoyens et les résidents. Le programme, qui porte sur les pensions de vieillesse et la protection contre le chômage, ainsi que les indemnités de maternité et autres allocations familiales, vise à couvrir 400 millions d’individus supplémentaires dans les pays visés, l’objectif étant de leur fournir ces prestations d’ici l’année 2030. Il contribue à renforcer les connaissances et les partenariats afin de soutenir davantage de pays.

Comme l’a souligné dans ses remarques de conclusion Christophe Perrin, Directeur général adjoint par intérim chargé des programmes extérieurs et des partenariats, le programme-phare mondial de l’OIT est soutenu par un partenariat multipartite en faveur de l’ODD 1.3, y compris par des représentants de gouvernements, de travailleurs, d’employeurs, de la société civile, de sociétés du secteur privé et de fondations, ainsi que par des pays donateurs – traditionnels ou nouveaux –, des banques de développement et des institutions du système des Nations Unies.