GENÈVE (OIT Infos) – De grandes sociétés multinationales se sont réunies au siège de l’OIT à Genève pour discuter des tendances relatives à la rémunération des employés et des engagements pris par les entreprises pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Ces sociétés ont clairement affirmé que des investissements suffisants dans les systèmes et les socles nationaux de protection sociale étaient indispensables pour favoriser la consommation et alimenter la croissance des marchés émergents.

«Les investissements dans la protection sociale offrent une occasion unique de croissance aux entreprises», a déclaré Deborah Greenfield, Directrice générale adjointe de l’OIT pour les politiques, qui inaugurait la troisième réunion annuelle du Réseau mondial des entreprises (GBN) pour les socles de protection sociale, un consortium de plus de 50 entreprises impliquées dans la promotion de la sécurité sociale. «La protection sociale réduit la pauvreté et accroît le revenu des ménages. Ce qui a pour effet de stimuler la consommation intérieure et d’offrir des débouchés à de nouveaux produits et services», a ajouté Mme Greenfield.

Parmi les participants, figuraient L’Oréal, les géants français de la distribution Auchan et Carrefour, le constructeur automobile chinois Geeely, le groupe pétrolier et gazier italien Eni et la chaîne de magasins espagnole El Corte Ingles, ainsi que quelques autres.

Les participants ont mis l’accent sur les possibilités pour les entreprises de bâtir des institutions de protection sociale dans les pays où elles opèrent, en apportant leur appui aux employés et aux autres membres de la communauté sans distinction. Les entreprises ont échangé des informations concernant les nouveaux efforts déployés pour attirer ou maintenir en poste les talents, comme l’extension des prestations de paternité, et pour favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et responsabilités familiales.

Les participants ont aussi souligné l’importance des initiatives de recherche qui analysent les liens entre la sécurité du revenu qu’apporte la protection sociale, la compétitivité des entreprises – ce qu’on appelle «l’intérêt économique de la protection sociale» – et la croissance économique. Ils ont suggéré d’approfondir les travaux afin de mieux appréhender cette relation et d’identifier des mesures claires que les sociétés peuvent prendre pour soutenir le développement des systèmes de protection sociale. Ils ont décrit plusieurs collaborations en cours visant à combler les principales lacunes dans les connaissances.

«La recherche menée par l’Université Sanya va contribuer de manière significative au développement des connaissances sur la protection sociale et les performances des entreprises. Il est vital de combler les lacunes existantes dans les données fiables sur la relation entre les dispositifs de sécurité sociale au sein des entreprises et la conservation des talents», a déclaré Zoe Che, Vice-présidente de l’Université chinoise Sanya, qui fait partie du Groupe Geely. «En fin de compte, les arguments commerciaux solides en faveur de la protection sociale favoriseront un développement plus inclusif».

L’OIT, une institution tripartite où sont représentés les gouvernements, les organisations d’employeurs et de travailleurs, soutient le développement de systèmes nationaux de protection sociale dans les pays, avec l’appui du secteur privé. Le GBN fait partie du Programme phare de l’OIT sur la création de socles de protection sociale pour tous, qui a pour ambition d’assurer un revenu minimum garanti et des soins de santé essentiels pour les citoyens et les résidents. Les pensions de retraite, la protection contre le chômage et les accidents du travail, ainsi que la maternité et les autres prestations familiales comptent parmi les domaines visés par le programme. Lancé en 2016, le Programme phare cherche à couvrir 400 millions d’individus supplémentaires dans des pays ciblés avec ce type de prestations d’ici à 2030, date butoir pour la réalisation des ODD.

Les Nations Unies ont plaidé à maintes reprises pour un partenariat élargi, intégrant le secteur privé, afin de réaliser ces objectifs en donnant la priorité à la protection sociale pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités économiques. Les membres du GBN ont semblé prêts à s’engager davantage afin d’atteindre les grands objectifs de développement économique et social définis dans les ODD.

«Il ne saurait y avoir de progrès social sans croissance économique», a déclaré Bertrand de Senneville, Vice-président monde de L’Oréal en charge des relations sociales, au cours de la réunion, «ni croissance économique sans progrès social».