REVUE
INTERNATIONALE
DU TRAVAIL
| VOLUME 136, NUMERO 2 | 1997/2 |
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L'inégalité, le chômage et l'Europe d'aujourd'hui, par Amartya SEN Le chômage prive les gens d'un revenu, mais ses effets vont bien au-delà de cette seule perte financière, que les transferts sociaux peuvent compenser. C'est la qualification du chômeur qui peut être menacée, sa motivation, son équilibre psychique, sa vie familiale, sa place dans la société, son action de citoyen. Plus insidieusement encore, le chômage tend à accentuer les inégalités entre les hommes et les femmes comme entre les communautés ethniques, à bloquer le changement et l'innovation technique ainsi qu'à pousser prématurément vers la retraite des gens encore aptes au travail. Le coût social est immense, surtout quand le chômage prend les proportions qu'il a atteintes aujourd'hui dans de nombreux pays d'Europe. L'auteur compare, sur la question de l'emploi, la position européenne et la position américaine et aborde le problème de la responsabilité individuelle. Rendue impérative par l'étendue des dommages sociaux qu'il cause, la réduction du vaste chômage dont souffre l'Europe est aussi une condition de l'exercice de cette responsabilité. Mondialisation et normes du travail: un tour d'horizon, par Eddy LEE L'auteur analyse dans le présent article quelques-unes des positions divergentes qui caractérisent le débat actuel sur le rôle des normes internationales du travail dans le contexte de la mondialisation. Ce débat est présent dans les instances politiques internationales et dans les analyses économiques récentes qui portent sur la question de savoir s'il serait souhaitable et possible d'adopter une clause sociale, sur l'incidence des normes fondamentales du travail en matière de compétitivité et de développement économique, et sur les avantages relatifs qu'offrent les autres moyens de mieux faire respecter ces normes. Il relève que les positions en question sont encore très éloignées les unes des autres et que les observations empiriques qui permettraient éventuellement de les rapprocher sont encore limitées et peu convaincantes. L'intensité d'emploi de la croissance économique dans les pays du G7, par Samanta PADALINO et Marco VIVARELLI Les conséquences sur l'emploi du changement technique sont traitées ici à la fois sur les plans théorique et empirique. Empruntant la théorie française de la régulation, les auteurs opposent les arguments qui lient la croissance de l'emploi à la croissance économique et ceux de la "croissance sans emplois". Ils analysent, dans le cas des pays du G7, les résultats obtenus dans l'ensemble de l'économie d'une part, et dans le secteur manufacturier, d'autre part, durant "l'âge d'or" de l'époque fordiste (1960-1973) et l'ère post-fordiste. Malgré quelques signes d'un affaiblissement de la relation entre l'emploi et la croissance dans le secteur manufacturier à court terme, les auteurs ne relèvent aucune tendance historique vers un tel affaiblissement dans l'économie en général. La solution aux problèmes de l'emploi résiderait donc ainsi, selon eux, dans le renforcement de la croissance économique globale. Label social et lutte contre le travail des enfants: quelques réflexions, par Janet HILOWITZ Quelle est la valeur des labels qui garantissent aux consommateurs que le travail des enfants n'entre en rien dans la fabrication de certains produits qu'ils achètent? Quel est le rapport entre les codes de conduite et d'autres initiatives fondées sur le marché qui peuvent indirectement bénéficier aux enfants? Dans cet article, Janet Hilowitz retrace l'historique et explique la nature des systèmes de label social, mettant l'accent sur plusieurs initiatives d'étiquetage. Elle traite de problèmes tels que celui de la portée des labels qui ne peut être que limitée en soi, du contrôle et de la surveillance, et du sort des enfants mis au travail. Tous ces facteurs ne peuvent qu'influer sur le rôle à long terme du label social dans la lutte contre le travail des enfants. |
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