UE: Dans le secteur public, les femmes courent plus le risque de perdre leur emploi

Dans les pays de l’Union européenne, le secteur public, source majeure d’emploi pour les femmes – notamment très qualifiées – recrute moins, austérité oblige.

Actualité | 30 juillet 2012
GENÈVE (OIT Info) - Dans les pays de l’UE, les récentes diminutions du nombre des emplois, des salaires et des prestations dans le secteur public ont particulièrement pénalisé les travailleuses, selon l’étude conjointe du BIT et de la Commission européenne sur les “Ajustements dans le secteur public en Europe”.

Un chapitre consacré aux femmes met en garde contre une évolution qui remet en cause les progrès accomplis vers l’égalité hommes/femmes.

Daniel Vaughan-Whitehead, conseiller auprès du Programme sur les conditions de travail et d’emploi et auteur de l’étude, explique que les femmes sont particulièrement pénalisées par l’application de toute mesure d’austérité dans le secteur public qui, en général, leur offre le plus d’emplois et des emplois de meilleure qualité.

L’étude révèle que c’est en France, en Irlande, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni que les femmes ont le plus à perdre, parce que très dépendantes (45 à 50 pour cent) des emplois du secteur public, surtout si elles occupent des postes élevés.

Partout en Europe, la part des emplois qualifiés, qui exigent une main-d’œuvre mieux éduquée, est plus élevée dans le secteur public que dans le secteur privé, et les femmes sont davantage représentées dans le premier. Au Royaume-Uni, ce niveau «supérieur» d’éducation prévaut chez 28 pour cent des travailleuses du secteur public contre à peine 18 pour cent dans le secteur privé.

En Lituanie, le rapport en faveur du secteur public est de 2 contre 1.

Dans le secteur public, les femmes occupées à des tâches requérant des compétences élevées et un meilleur niveau d’éducation tendent à être mieux rémunérées que dans le secteur privé. Or, le secteur public est justement en train de perdre ces emplois de qualité sous l’effet des mesures d’austérité, qui n’ont pas forcément d’équivalents sur le marché privé.

Même peu qualifié, l’emploi dans le secteur public était en général mieux rémunéré que dans le secteur privé, contribuant à réduire la discrimination hommes/femmes au niveau des salaires, en particulier dans les pays où les salaires minima étaient bas, voire inexistants. Le remplacement progressif de cette surprime des salaires du secteur public par une pénalisation du salaire, auquel on assiste dans plusieurs pays européens, la Hongrie, la Roumanie et les Pays-Bas, pénalise les femmes dans le secteur public.

Selon Mme Elisabeth Klatzer, Wirtschaftsuniversität Wien, Vienne, on peut dire de manière générale que les différences de salaire entre les hommes et les femmes sont bien plus faibles dans le secteur public que dans d’autres secteurs.


Selon Cristina García Sainz, Universidad Autonoma, Madrid, la sortie des femmes du monde du travail et la réduction continue des dépenses sociales conduiront à augmenter la charge du travail non rémunéré traditionnellement dévolu aux femmes et, ainsi, à remettre sérieusement en cause l’égalité hommes et femmes sur le lieu de travail.


Pour le BIT, «la crise actuelle et la pression qu’elle engendre sur le secteur public sont porteuses de risques majeurs à long terme pour l’égalité entre les hommes et les femmes», surtout en ce qui concerne l’assistance aux soins à domicile ou aux soins médicaux en milieu hospitalier. Le rétrécissement du secteur public a des implications directes sur les rôles que les femmes seront censées jouer dans la société européenne.

Diane Elson, professeur emeritus, département de sociologie de l’Université d’Essex, convient que toutes réductions supplémentaires seraient dommageables à l’égalité entre hommes et femmes ,mais elle croit fermement que beaucoup de pays européens renonceront bientôt aux politiques d’austérité.






Les journalistes qui souhaitent avoir accès à cette étude peuvent joindre le porte-parole de l’OIT, M. Hans von Rohland +4122/799-7916, rohland@ilo.org