Une étude de l’OIT affirme que les économies respectueuses de l’environnement auront besoin de nouvelles compétences pour les emplois verts

Le potentiel d’emplois que recèle la transition vers une économie plus respectueuse de l’environnement ne pourra se concrétiser sans le développement d’un large éventail de compétences adaptées aux emplois verts, selon la nouvelle étude globale de l’OIT portant sur 21 pays qui représentent environ 60 pour cent de la population mondiale.

Actualité | 7 novembre 2011

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Le potentiel d’emplois que recèle la transition vers une économie plus respectueuse de l’environnement ne pourra se concrétiser sans le développement d’un large éventail de compétences adaptées aux emplois verts, selon la nouvelle étude globale de l’Organisation internationale du Travail (OIT) portant sur 21 pays 1 qui représentent environ 60 pour cent de la population mondiale.

Skills for Green Jobs: A Global View (Des compétences pour des emplois verts: un aperçu à l’échelle mondiale) constitue l’examen le plus complet à ce jour des besoins et des défis que représente le développement des nouvelles compétences requises pour soutenir la croissance des économies vertes. Cette étude a été réalisée par le Département des compétences et l’employabilité du BIT (EMP/SKILLS), en coopération avec le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop).

L’étude relève que si les économies respectant mieux l’environnement offrent un fort potentiel de création d’emplois, le développement de nouvelles compétences sera propre à chaque pays et sera déterminé, dans une large mesure, par ses problèmes environnementaux, sa stratégie nationale, son contexte politique et son cadre réglementaire spécifiques. Cependant, la politique et la législation internationales jouent un rôle plus important et suscitent des changements supplémentaires au niveau des politiques nationales.

«Les politiques concernant l’environnement et le changement climatique sont porteuses d’énormes possibilités d’emploi mais aussi de risques liés aux changements structurels», affirme Olga Strietska-Ilina, coordinatrice de l’étude. «Le rapport montre que les économies qui s’orientent vers une production plus «verte» peuvent saisir l’occasion de ce potentiel de création d’emplois si elles réussissent à gérer les changements structurels qui s’annoncent et la transformation des emplois qui existent déjà.»

Le rapport révèle que le manque de compétences constitue dès à présent un obstacle majeur pour la transition vers une économie verte; il découle de plusieurs facteurs tels que la sous-estimation de la croissance dans certains secteurs verts, par exemple l’efficacité énergétique des bâtiments; la pénurie générale de scientifiques et d’ingénieurs; la piètre réputation et la faible attractivité de certains secteurs comme la gestion des déchets; et la structure générale des compétences disponibles à l’échelle nationale.

La transformation façonnée par des économies plus vertes affecte les besoins de compétences de trois manières. Premièrement, la restructuration écologique implique de réorienter les activités industrielles d’une production à fortes émissions de carbone vers une production plus respectueuse de l’environnement. Deuxièmement, l’introduction de nouvelles réglementations et le développement de nouvelles technologies font émerger de nouvelles professions. Troisièmement, les professions existantes connaissent une modification de leur profil de compétences du fait de l’écologisation des processus de production et des lieux de travail. Cette source de changement dans les exigences de qualification est la plus répandue. Elle exige aussi de grands efforts pour réviser les programmes de cours existants, les normes de qualification et les programmes de formation à tous les niveaux d’enseignement et de formation.

Si les nouvelles possibilités d’emploi générées par une production respectueuse de l’environnement compenseront probablement les pertes d’emploi, les travailleurs qui obtiendront des emplois «verts» ne seront pas nécessairement ceux qui auront perdu leur travail dans les industries dites «brunes». L’étude précise que la reconversion des travailleurs et l’amélioration de leur niveau de qualification demeurent des questions prioritaires pour faciliter une transition juste et harmonieuse vers une économie à faibles émissions de carbone et respectueuse de l’environnement.

La conclusion de la comparaison par pays est que l’intégration durable du développement des compétences dans les stratégies visant à accélérer l’écologisation des économies nationales demeure limitée à quelques initiatives isolées.

En plus de ce problème lié au manque de coordination politique, de nombreuses études de cas révèlent aussi des lacunes dans le respect des réglementations environnementales déjà adoptées. Ce qui affaiblit l’incitation à investir dans de nouvelles compétences et diminue par conséquent les capacités de respect des règles et, par un phénomène de spirale négative, amplifie encore la difficulté à faire appliquer les réglementations.

«Tout emploi peut s’écologiser dans une certaine mesure. L’intégration du développement durable et de la sensibilisation à l’environnement dans l’enseignement et la formation à tous les niveaux, en commençant dès la prime enfance, est une tâche essentielle. Elle va contribuer à modifier le comportement du consommateur et inciter les forces du marché à faire avancer l’agenda de l’environnement», conclut Mme Strietska-Ilina.

En 2008, l’OIT, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation internationale des Employeurs (OIE) et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont lancé conjointement l’Initiative pour des emplois verts afin d’aider les gouvernements et les partenaires sociaux à transformer ce potentiel de travail décent en une réalité en accordant la même place aux objectifs et aux politiques en matière d’environnement et d’emploi

1 Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Bangladesh, Brésil, Chine, République de Corée, Costa Rica, Danemark, Egypte, Espagne, Estonie, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Mali, Ouganda, Philippines, Royaume-Uni et Thaïlande.

Le Bureau international du Travail (BIT) est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail (OIT).