La violence sur le lieu de travail - un problème mondial

La France, l'Argentine, le Canada et l'Angleterre sont les pays où la fréquence des agressions et des cas de harcèlement sexuel sur le lieu de travail est la plus élevée. C'est ce que dévoile un nouveau rapport du Bureau international du Travail (BIT), qui représente l'étude la plus approfondie jamais réalisée au niveau mondial sur la violence sur le lieu de travail.

Communiqué de presse | 20 juillet 1998

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - La France, l'Argentine, le Canada et l'Angleterre sont les pays où la fréquence des agressions et des cas de harcèlement sexuel sur le lieu de travail est la plus élevée. C'est ce que dévoile un nouveau rapport du Bureau international du Travail (BIT), qui représente l'étude la plus approfondie jamais réalisée au niveau mondial sur la violence sur le lieu de travail.

Chaque année aux Etats-Unis, environ 1 000 meurtres sont perpétrés sur des lieux de travail, révèle également ce rapport de 156 pages intitulé Violence at Work (Note 1) . L'homicide est devenu la première cause de décès sur le lieu de travail pour les femmes américaines et la seconde pour les hommes.

Le rapport du BIT est axé principalement sur les tendances qui se dégagent au niveau mondial. Il met notamment en lumière les faits suivants:

  • Les accès de violence «se produisant sur les lieux de travail aux quatre coins du monde semblent indiquer que ce problème dépasse le cadre d'un pays, d'un milieu de travail ou d'une catégorie professionnelle spécifiques,» conclut le rapport.
  • Certains lieux de travail et certaines professions sont plus exposés que d'autres à la violence. C'est le cas des chauffeurs de taxi, du personnel des services de santé, des enseignants, des assistantes sociales, des domestiques employées à l'étranger et des personnes travaillant seules, notamment dans les points de vente au détail qui restent ouverts tard dans la nuit.
  • Les femmes sont particulièrement menacées, étant donné qu'elles sont très nombreuses dans les professions à risque. C'est le cas notamment des enseignantes, des assistantes sociales, des infirmières, ainsi que des employées de banques et de magasins.
  • Autant les travailleurs que les employeurs reconnaissent de plus en plus souvent que la «violence psychologique» constitue une forme grave de violence. La violence psychologique comprend tout comportement abusif et tyrannique vis-à-vis d'un subalterne ou d'un pair ou encore tout harcèlement psychologique exercé par un groupe à l'encontre d'un individu.

«Par exemple, presque 70 pour cent des personnes interrogées dans le cadre d'une enquête réalisée en 1994 par le Syndicat canadien de la Fonction Publique considéraient que la principale forme de violence qu'elles subissaient était l'agression verbale,» note le rapport du BIT.

L'intention du BIT en produisant ce rapport est de fournir des éléments d'information et d'analyse qui permettront «aux responsables des pouvoirs publics, aux organisations patronales et syndicales, aux professionnels de la santé et de la sécurité, aux directeurs de personnel, ainsi qu'aux formateurs et aux travailleurs, de promouvoir le dialogue, les politiques et les initiatives visant à condamner la violence et à l'éliminer au plus vite du monde du travail.» Au cours des dernières années, le BIT a publié des rapports et des directives sur des sujets connexes, tels le stress, le harcèlement sexuel ou encore l'alcoolisme et la toxicomanie sur le lieu de travail.

Le BIT souligne la difficulté de comparer les taux de violence entre les différents pays. Les statistiques officielles relatives aux homicides et aux agressions physiques et sexuelles perpétrés sur le lieu de travail, ainsi qu'aux cas de harcèlement sexuel et de violence psychologique, sont souvent inadéquates ou carrément inexistantes. Les auteurs du rapport du BIT ont néanmoins utilisé les données d'une vaste étude réalisée en 1996 et intitulée International Crime (Victim) Survey (Note 2) portant sur la façon dont les travailleurs de 32 pays percevaient ce qu'ils enduraient sur leur lieu de travail.

D'après ces données, les employés français étaient ceux qui le plus fréquemment estimaient avoir été victimes de violences sur leur lieu de travail: 11,2 pour cent des hommes et 8,9 pour cent des femmes déclaraient avoir été agressés au cours de l'année antérieure. De plus, 19,8 pour cent des femmes se plaignaient d'avoir été harcelées sexuellement pendant la même période.

Parmi les données provenant des pays sélectionnés dans l'étude de 1996 ( voir le tableau complet à la fin de ce communiqué), il convient de mentionner les suivantes: en Argentine, 6,1 pour cent des hommes et 11,8 pour cent des femmes déclaraient avoir été agressés au cours de l'année antérieure, tandis que 16,6 pour cent des femmes se plaignaient de harcèlement sexuel; en Roumanie, ces taux passaient à 8,7 pour cent, 4,1 pour cent et 10,8 pour cent respectivement; au Canada, ils étaient de 3,9 pour cent, 5,0 pour cent et 9,7 pour cent; en Angleterre/Pays de Galles (considéré comme un ensemble), ils se situaient à 3,2 pour cent, 6,3 pour cent et 8,6 pour cent; et aux Etats-Unis, ils étaient de 1,0 pour cent, 4,2 pour cent et 5,3 pour cent.

Par ailleurs, une étude menée en 1996 par l'Union Européenne et basée sur 15.800 interviews réalisées dans les 15 Etats membres révélait les faits suivants: a) quatre pour cent des travailleurs, soit 6 millions de personnes, avaient été soumis à des violences physiques au cours de l'année antérieure; b) deux pour cent, soit 3 millions de travailleurs, avaient été victimes de harcèlement sexuel; et c) huit pour cent, soit 12 millions de travailleurs, avaient subi des actes d'intimidation et des brimades.

La violence psychologique

Les études réalisées ces dernières années ont permis d'apporter de nouvelles preuves de l'impact et du préjudice causés par la violence non physique, à laquelle on se réfère souvent sous le terme de violence psychologique et qui englobe les comportements suivants:

Le comportement abusif ou tyrannique vis-à-vis d'un subalterne ou d'un pair - C'est l'une des formes de violence sur le lieu de travail de plus en plus fréquemment dénoncée. La personne qui se comporte de cette façon blessante cherche à amoindrir un ou plusieurs employés en utilisant des moyens vindicatifs, cruels, malicieux ou humiliants. Par exemple:

- Elle rend la vie difficile à ceux ou celles qui ont la capacité de réaliser son propre travail mieux qu'elle-même;

- Elle s'adresse au personnel en criant pour lui demander d'exécuter un travail;

- Elle insiste sur le fait que seule sa façon de faire est la bonne;

- Elle refuse de déléguer, parce qu'elle pense qu'on ne peut faire confiance à personne d'autre qu'à elle;

- Elle punit les autres en les critiquant constamment ou en leur ôtant leurs responsabilités sous prétexte qu'ils ou elles ne sont pas assez compétent(e)s.

Selon une étude réalisée au Royaume-Uni, 53 pour cent des employés avaient été victimes d'un tel comportement sur leur lieu de travail, tandis que 78 pour cent avaient déclaré en avoir été témoins. Les comportements abusifs et tyranniques peuvent avoir des conséquences graves sur les personnes qui les subissent.

Par exemple, une étude finlandaise visant à évaluer les effets de ces types de comportement sur les employés municipaux révélait les faits suivants: a) 40 pour cent des travailleurs tyrannisés ressentaient un degré «important» ou «très important» de stress; b) 49 pour cent se sentaient anormalement fatigués pendant leur travail; et c) 30 pour cent étaient «souvent» ou «constamment» nerveux.

Le harcèlement psychologique exercé par le groupe à l'encontre d'un individu - C'est un problème de plus en plus courant en Australie, en Autriche, au Danemark, en Allemagne, en Suède, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Il se produit lorsque plusieurs personnes s'allient pour persécuter un employé ciblé en le soumettant à un harcèlement psychologique qui peut prendre les formes suivantes: faire constamment des remarques négatives sur cette personne ou la critiquer sans arrêt, l'isoler en la laissant sans contact social et médire ou diffuser de fausses informations sur elle. En Suède, on estime que le harcèlement psychologique est à l'origine de 10 à 15 pour cent des suicides.

«Le concept de la violence au travail est en train d'évoluer en ce sens que l'on accorde désormais autant d'importance aux comportements psychologiques qu'aux comportements physiques et que l'on reconnaît pleinement la portée des actes de violence secondaires,» explique Vittorio Di Martino, coauteur du rapport du BIT.

Le travail en solitaire

De plus en plus de personnes au monde travaillent seules, en raison de l'automatisation, de la sous-traitance, du télétravail, du travail en réseau et des «nouvelles» formes de travail indépendant. Le fait de travailler seul n'implique pas forcément un danger accru par rapport à un autre type d'emploi, sauf dans les cas spécifiques suivants:

  • Travailler seul dans un magasin, une station-service ou un kiosque de petite taille - Ces employés sont souvent considérés comme des proies faciles par les agresseurs. Aux Etats-Unis, les employés de stations-services constituent la quatrième profession la plus exposée aux homicides.
  • Travailler seul en dehors des horaires habituels - Le personnel de nettoyage, d'entretien ou de réparation semble particulièrement exposé aux agressions physiques et sexuelles.
  • De tous les travailleurs en solitaire, les chauffeurs de taxi sont dans de nombreux pays les plus exposés à la violence - C'est la nuit que conduire est le plus dangereux et, comme dans d'autres professions, l'état d'ébriété du client semble être un facteur déclenchant de la violence. Selon une étude réalisée en 1990, le risque couru par les chauffeurs de taxi australiens d'être victimes d'une agression non sexuelle et d'être volés était respectivement 28 fois et presque 67 fois plus élevé que celui du reste de la population.

Le rapport du BIT fournit des informations détaillées sur les pays suivants:

Les Etats-Unis

Une des principales estimations du nombre d'agressions non mortelles perpétrées sur les lieux de travail américains provient de la vaste étude nationale menée annuellement au niveau des ménages et portant sur plus de 100.000 individus de plus de 12 ans. Cette étude, connue sous le nom de American National Crime Victimization Survey (NCVS), a montré que, chaque année entre 1987 et 1992, presque un million d'Américains avaient été agressés sur leur lieu de travail, ce qui équivalait à 15 pour cent de l'ensemble des agressions enregistrées. Dans 16 pour cent des cas, la victime avait été blessée.

Le phénomène de la violence sur le lieu de travail aux Etats-Unis est concentré dans certaines professions. Les chauffeurs de taxi sont les plus menacés, tandis que les employés des secteurs de la vente au détail et des services sont touchés par plus de la moitié des homicides et par 85 pour cent des agressions non mortelles survenant sur un lieu de travail.

En moyenne, 20 travailleurs américains sont victimes d'homicide chaque semaine.

Le Royaume-Uni

Selon une enquête réalisée par le British Retail Consortium sur la criminalité dans la vente au détail, plus de 11.000 employés de ce secteur avaient été victimes de violences physiques pendant leur travail au cours de l'exercice 1994/95, tandis que 350.000 d'entre eux avaient essuyé des menaces et des insultes.

La plupart des agressions physiques (59 pour cent) s'étaient produites au moment où les employés tentaient d'empêcher un vol. Dans les autres cas, la violence physique était liée à la présence de fauteurs de troubles (16 pour cent), de cambrioleurs (10 pour cent), de clients en colère (5 pour cent) et de personnes sous l'emprise de l'alcool ou de la drogue (5 pour cent).

Sur la base des résultats de cette enquête, on a estimé que 5 employés sur 1 000 couraient le risque d'être agressés physiquement, 35 sur 1 000 celui d'être menacés de violence et 81 sur 1 000 celui d'être insultés.

Le Japon

En raison de la récession économique sévère, de nombreuses entreprises nippones ont été amenées à réduire leurs effectifs. Ceci a entraîné un bouleversement pour les travailleurs japonais habitués depuis longtemps à rester dans une même entreprise tout au long de leur carrière. La disparition de la sécurité de l'emploi à vie et des systèmes d'ancienneté est, semble-t-il, allée de pair avec des comportements abusifs et tyranniques à l'encontre des employés.

L'Union des Cadres dirigeants de Tokyo a mis à la disposition des employés brimés ou tyrannisés un service de consultation téléphonique accessible jour et nuit, qui a reçu plus de 1 700 appels au cours de deux courtes périodes de juin et octobre 1996. Toutes les personnes qui avaient appelé s'étaient plaintes d'être stressées et nombre d'entre elles sollicitaient un traitement psychologique d'urgence. Les familles dont un membre s'était suicidé ou avait tenté de le faire avaient également eu recours à ce service.

L'Allemagne

Une vaste enquête nationale réalisée dans ce pays en 1991 par l'Institut fédéral de la Santé et la Sécurité professionnelles a révélé que 93 pour cent des femmes interrogées avaient souffert de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail au cours de leur vie professionnelle.

Les Philippines

La migration à la recherche d'un travail est depuis longtemps une caractéristique du marché de l'emploi philippin. Selon des données recueillies dans ce pays, plus de la moitié de tous les philippins employés à l'étranger sont des femmes, dont la plupart travaillent comme domestiques et dans l'industrie des loisirs. Des études ont montré que, de façon fréquente et disproportionnée, ces employées philippines sont victimes d'actes de violence liés à leur emploi.

«Un grand nombre d'entre elles se plaignent d'être maltraitées par leur employeur. Par exemple, elles se font tirer les cheveux, battre, frapper les mains avec un objet, brûler la peau, cogner la tête contre un mur ou encore asperger de liquides toxiques et dangereux,» explique le rapport. «Il est aussi fréquent que l'employeur confisque leur passeport afin de les obliger à rester à son service.»

Les causes de la violence sur le lieu de travail

Selon le rapport, la violence sur le lieu de travail provient d'un ensemble de causes qui inclut l'individu, le milieu et les conditions de travail, les rapports entre employés, les rapports entre ces derniers et les clients et, enfin, les rapports entre la direction et les employés.

«Nous rejetons l'idée selon laquelle l'individu est le seul responsable de la violence sur le lieu de travail,» signale M. Di Martino. «Si nous partons de ce principe, nous ne réussirons jamais à enrayer la violence ni à la gérer quand elle se manifeste.»

Le coût de la violence sur le lieu de travail

La violence provoque une rupture immédiate et souvent durable dans les relations interpersonnelles, dans l'organisation du travail et dans le milieu de travail pris dans son ensemble, précise le rapport. Les employeurs assument le coût direct du travail perdu et des améliorations sur le plan de la sécurité, mais la violence génère aussi des coûts indirects, tels que la baisse de l'efficacité, de la productivité et de la qualité des produits, la détérioration de l'image de marque de l'entreprise et la diminution de la clientèle. Les exemples suivants illustrent bien le coût de la violence:

Aux Etats-Unis, le coût total pour les employeurs des actes de violence commis sur le lieu de travail s'est élevé à plus de 4 milliards de dollars en 1992, selon une étude du National Safe Workplace Institute. Au Canada, selon le British Columbia Workers' Compensation Board, les demandes d'indemnisation salariale du personnel hospitalier entraînées par des actes de violence et de brutalité ont augmenté de 88 pour cent depuis 1985. En Allemagne, le coût direct de la violence psychologique dans une entreprise de 1 000 employés a été estimé à 112.000 dollars (200.000 marks) par an, auxquels viennent s'ajouter 56.000 dollars en coût indirects.

La réponse à la violence

Le rapport du BIT recommande une réponse multiforme à la violence qui soit à la fois:

  • préventive: il faut étudier les causes de la violence et pas seulement ses effets;
  • ciblée: il est impossible de s'attaquer à tous les types de violence en même temps;
  • multiple: une combinaison de réponses de nature différente s'impose;
  • immédiate: afin de juguler les effets de la violence, il est nécessaire de prévoir à l'avance la tactique à adopter sur-le-champ, un peu comme dans le cas d'une attaque terroriste, où la réponse anticipée est appliquée de façon immédiate;
  • participative: il faut impliquer directement ou indirectement toutes les personnes mêlées à la violence, y compris les membres de la famille, la direction de haut niveau, les collègues et les victimes elles-mêmes;
  • basée sur le long terme: un suivi est nécessaire, parce que les conséquences de la violence se manifestent aussi sur le long terme et qu'une réponse exclusivement immédiate ne suffit pas.

Le BIT signale que de plus en plus de personnes sont conscientes de la nécessité d'adopter une approche globale face à la violence. Au lieu de chercher une solution unique, valable pour tous les problèmes et toutes les situations, il convient d'analyser l'ensemble des causes de la violence et d'adopter des stratégies d'action variées. La réponse à la violence sur le lieu de travail est trop souvent limitée, ponctuelle et vague.

Note 1:
Violence at Work par Duncan Chappell et Vittorio Di Martino. Bureau international du Travail, Genève, 1998. ISBN 92-2-110335-8. Prix: 25 Francs suisses (en anglais seulement).

Note 2:
1996 International Crime (Victim) Survey. Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la Criminalité et la Justice. En attente de publication, 1998 (en anglais seulement).

Fréquence des actes de violence commis sur le lieu de travail,
par type de violence, sexe de la victime, région et pays, 1996 (pourcentages)

Région/
Pays
Agressions physiques
Hommes ............ Femmes
Cas de harcèlement sexuel
Femmes seulement
Europe de l'Ouest

Angleterre & Pays de Galles

Ecosse

Irlande du Nord

Autriche

Finlande

France

Pays-Bas

Suède

Suisse



Pays en transition

Albanie

Ex-République yougoslave de Macédoine

Géorgie

Hongrie

Kirghizistan

Lettonie

Mongolie

Pologne

République tchèque

Roumanie

Russie, Fédération de

Yougoslavie (République fédérale)



Amérique du Nord

Canada

Etats-Unis



Amérique latine

Argentine

Bolivie

Brésil

Costa Rica



Asie

Indonésie

Philippines



Afrique

Afrique du Sud

Ouganda

Zimbabwe

3.6


3.2


3.1


2.3


0.0


3.1


11.2


3.6


1.7


4.3




2.0


0.4


0.8


1.7


0.6


2.5


1.0


1.4


0.9


1.9


8.7


0.4


3.2




2.5


3.9


1.0




1.9


6.1


0.4


0.2


0.8




0.4


0.3


0.5




2.3


0.7


3.2


3.0
3.6


6.3


2.6


3.7


0.8


4.3


8.9


3.8


1.7


1.6




1.4


0.4


0.5


0.9


0.0


3.4


0.8


1.6


1.3


0.8


4.1


0.5


2.4




4.6


5.0


4.2




3.6


11.8


0.9


0.4


1.4




1.0


1.1


0.8




1.9


0.7


4.3


0.7
7.0


8.6


6.2


6.0


0.8


6.6


19.8


7.6


3.5


4.8




3.0


0.8


1.4


2.1


0.5


5.3


1.5


2.8


1.9


2.3


10.8


0.9


5.8




7.5


9.7


5.3




5.2


16.6


1.3


0.8


2.2




1.3


1.5


1.0




3.7


1.3


7.2


2.6

Source: International Crime (Victim) Survey, 1996.