Rapport conjoint OIT/CEPALC

La CEPALC et l'OIT soulignent l'importance des politiques publiques pour stimuler le marché du travail et créer des emplois décents en Amérique Latine

Dans un nouveau rapport conjoint, l’OIT et la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes indiquent que malgré une reprise sur les marchés du travail au cours du premier semestre 2022, on s'attend à ce que le ralentissement de la croissance freine la capacité de la région à générer des emplois décents.

Actualité | 15 décembre 2022
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SANTIAGO, Chili (OIT Infos) – Les économies d'Amérique latine et des Caraïbes sont confrontées à un contexte macroéconomique, social et environnemental très complexe, qui va affecter la dynamique du marché du travail selon le nouveau rapport conjoint de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et l'Organisation internationale du Travail (OIT). Les institutions indiquent que malgré la reprise observée sur les marchés du travail au cours du premier semestre 2022, on s'attend à ce qu'au second semestre, la décélération de la croissance ralentisse la capacité de la région à générer des emplois de qualité.

Dans le rapport Employment Situation in Latin America and the Caribbean: Labour productivity in Latin America (NDLR Situation de l'emploi en Amérique latine et dans les Caraïbes : Productivité du travail en Amérique latine), les organisations des Nations Unies indiquent que la pandémie de COVID-19 a provoqué une crise sans précédent dans les économies et les marchés du travail d'Amérique latine et des Caraïbes. Dans des rapports précédents, elles ont souligné que la reprise que connaissent les marchés du travail de la région depuis la réouverture des économies a été lente, partielle et inégale. Toutefois, au cours du premier semestre de 2022, des changements favorables ont été observés dans les principaux indicateurs de ces marchés.

Tout d'abord, au deuxième trimestre 2022, le taux d'emploi a atteint le niveau observé avant la crise, et le taux de chômage a diminué de 2,8 points de pourcentage par rapport à la même période de 2021, pour atteindre 7,3 %, un chiffre inférieur aux niveaux d'avant la pandémie. Cette réduction du taux de chômage a été observée dans tous les pays étudiés. De même, le taux d'activité s'est amélioré, même s'il reste inférieur au niveau enregistré avant la crise sanitaire.

Le rapport indique également que la reprise de l’emploi a été plus marquées chez les femmes, qui ont été particulièrement touchées pendant la pandémie et dont la reprise a été plus lente que celle des hommes en 2021. En effet, bien qu'au premier semestre 2022, le taux de chômage ait diminué tant pour les hommes que pour les femmes (de 2,3 et 3,4 points de pourcentage, respectivement), la baisse a été beaucoup plus marquée dans le cas des femmes, ce qui a entraîné une réduction de l'écart de chômage, qui est passé d'un rapport de 1,5 à 1,4 entre le premier semestre 2021 et la même période de 2022.

Le rapport note également que depuis le premier semestre de 2022, l'emploi salarié a augmenté davantage que l’emploi indépendant et que le secteur manufacturier a affiché les taux les plus élevés de création d'emplois. Selon le rapport, les salaires réels moyens ont diminué en raison de l'augmentation significative de l'inflation au cours du premier semestre de cette année.

La CEPALC et l'OIT indiquent également qu'en plus de faire face aux difficultés posées par la situation actuelle du marché du travail, les économies de la région doivent relever le défi d'inverser la faible croissance de la productivité et des investissements enregistrés depuis la crise de la dette.

À cet égard, le rapport montre que la stagnation de la productivité du travail en Amérique latine depuis les années 1980 a creusé les écarts de productivité du travail dans la région par rapport aux économies développées, et plus encore par rapport aux autres économies émergentes. La stagnation de la productivité du travail dans la région a été généralisée et, contrairement à ce qui se passe dans d'autres économies émergentes, comme celles d'Asie, la transformation structurelle n'a pas été guidée avec suffisamment de force par des politiques de développement productif afin d'activer les secteurs qui stimulent et dynamisent la croissance.

Selon la CEPALC et l'OIT, pour inverser cette situation et stimuler la création d'un plus grand nombre d'emplois formels bien rémunérés, il est nécessaire d'élever le niveau d'ambition des politiques de développement productif, en tenant compte des nouvelles approches stratégiques pour y parvenir et des nouvelles réalités associées à la révolution technologique et aux nouveaux paradigmes productifs qu'elle génère. En outre, les politiques de développement productif doivent disposer d'un cadre macroéconomique et financier approprié. Enfin, ces institutions soulignent les expériences positives de dialogue social menées dans le cadre des conseils de productivité établis dans la région.