Travail forcé et travail des enfants

Le coton ouzbek est exempt de travail des enfants et de travail forcé systémiques

Près de deux millions de personnes sont recrutées chaque année pour la récolte annuelle de coton en Ouzbékistan. Le pays a réussi à éradiquer le travail forcé et le travail des enfants systémiques au cours du cycle de production du coton de 2021, selon les nouvelles conclusions de l'OIT.

Actualité | 1 mars 2022
GENÈVE (OIT Infos) – On estime que deux millions d'enfants ont été soustraits au travail des enfants et un demi-million d'adultes libérés du travail forcé depuis le début du processus de réforme du secteur du coton en Ouzbékistan, il y a sept ans.

Selon le prochain Rapport de contrôle de la récolte du coton en Ouzbékistan, basé sur onze mille entretiens avec des cueilleurs de coton, 99 pour cent des personnes impliquées dans la récolte du coton de 2021 ont travaillé volontairement. Toutes les provinces et tous les districts ont enregistré très peu ou pas de cas de travail forcé.

Environ un pour cent ont été soumis à des formes directes ou perçues de coercition. Les données montrent que 0,47 pour cent des personnes interrogées ont fait état de menaces directes ou perçues de la part des représentants de la Mahalla (responsables locaux au niveau de la communauté) liées aux avantages sociaux, et 0,12 pour cent des personnes interrogées ont fait état de menaces directes ou perçues de la part des employeurs liées à la perte d'emploi ou de salaire.

Ce rapport a été mené par le projet de l'OIT de surveillance par des tiers, qui surveille la récolte du coton en Ouzbékistan depuis 2015 dans le cadre d'un accord avec la Banque mondiale.

Une majorité des cueilleurs de coton qui ont participé aux entretiens ont déclaré que les conditions de travail s'étaient améliorées depuis 2020. Seuls cinq pour cent ont déclaré que les conditions étaient pires que l'année précédente. Cela concerne le transport, la nourriture, l'accès à l'eau, les installations hygiéniques et autres.


Selon le rapport, une personne sur huit en âge de travailler en Ouzbékistan a participé à la récolte du coton – le plus grand effort de recrutement au monde. Soixante-deux pour cent des cueilleurs étaient des femmes, et la grande majorité provenait des zones rurales.

«Notre collaboration a donné de bons résultats – car après 7 ans, le rapport de cette année montre que le coton ouzbek est exempt de travail systémique des enfants et de travail forcé», a déclaré le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder. «Il y a maintenant une opportunité pour l'Ouzbékistan de réaliser son objectif de remonter la chaîne de valeur et de créer des millions d'emplois décents à temps plein dans la fabrication de textiles et de vêtements.»

L'Ouzbékistan est le sixième plus grand producteur de coton au monde. Sous la direction du président Shavkat Mirziyoyev, le pays s'est engagé dans des réformes qui comprennent la modernisation de l'ancien modèle économique agricole du pays et l'éradication du travail des enfants et du travail forcé dans la récolte annuelle de coton qui prévalait auparavant.

«Nous avons entrepris ces réformes pour le bien de notre peuple et de notre économie. Le point de départ a été l'abolition du système d'ordre de l'État pour la production de coton, mais nous ne nous sommes pas arrêtés là», a déclaré Tanzila Narbaeva, présidente du Sénat ouzbek et chef de la Commission nationale de lutte contre le travail forcé et la traite des êtres humains.

«Nous avons travaillé sans relâche pour faire évoluer les mentalités et les comportements grâce à des campagnes de sensibilisation aux droits du travail. Nous avons criminalisé le travail des enfants et le travail forcé. Nous avons renforcé notre inspection du travail et nous avons engagé un dialogue avec la société civile pour identifier un terrain d'entente et des solutions.»

Jonas Astrup, conseiller technique en chef du projet MPT de l'OIT en Ouzbékistan, a déclaré que les observateurs ont constaté de nouveaux développements qui indiquent la démocratisation du marché du travail en Ouzbékistan.

«Pour la première fois, le salaire minimum a fait l'objet de consultations non seulement avec le gouvernement mais aussi avec les syndicats et les employeurs d'Ouzbékistan. Nous avons également observé une tendance émergente à la négociation collective au niveau de la base. Les cueilleurs de coton s'engageaient dans des négociations salariales informelles avec les agriculteurs et les groupements textiles. De nombreux cueilleurs étaient ainsi payés bien au-delà du salaire minimum.»

Shukrat Ganiev, un militant indépendant des droits de l'homme qui surveille la récolte du coton avec l'OIT depuis plusieurs années, a déclaré: «Nous devons nous concentrer sur la création d'emplois décents. Les Ouzbeks ont besoin d'emplois avec des salaires décents et de bonnes conditions de travail. Pour y parvenir, il faut que les marques et les détaillants internationaux s'engagent dans un approvisionnement responsable en Ouzbékistan.»

Le projet de l’OIT de surveillance par des tiers est mis en œuvre avec le soutien de l'Union européenne, du Département d'Etat américain, du gouvernement suisse et de l'Allemagne. Il s'achèvera en mai de cette année et, à la demande du gouvernement et des organisations de travailleurs et d'employeurs en Ouzbékistan, une étude de faisabilité pour un programme Better Work sera entreprise. Le programme Better Work est une initiative conjointe de l'OIT et du Groupe de la Banque mondiale.

Le rapport 2021 de l'OIT sur le contrôle par une tierce partie de la récolte de coton en Ouzbékistan sera publié le 29 mars.