107e Conférence internationale du Travail

Une solidarité mondiale au service de la justice sociale et de l’égalité pour tous est indispensable à la paix, selon le Président irlandais

Le Président irlandais, Michael Higgins, a lancé un appel fervent pour une approche du travail qui puisse répondre aux exigences contemporaines de justice sociale. Il a tenu ces propos lors d’une intervention à la Conférence internationale du Travail, dans le cadre du Sommet sur le monde du travail consacré à «L’emploi et le travail décent au service de la paix et de la résilience».

Actualité | 7 juin 2018

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GENÈVE (OIT Infos) – Exposant les difficultés liées à la consolidation de la paix en ce siècle, le Président Higgins a rappelé la nécessité, dans des conditions qui évoluent sans cesse, d’inscrire l’expérience du travail au sein d’une citoyenneté mondiale éthique et durable.

Il est revenu sur les moments historiques de 1919 et 1944 – des repères dans l’histoire de l’OIT – quand la communauté internationale était déterminée à construire un ordre économique plus juste et plus égalitaire, fondé sur la dignité du travail, qui s’appuie sur la reconnaissance de ses responsabilités au regard du bien commun.

Sur le thème du Sommet sur le monde du travail, M. Higgins a évoqué l’expérience du processus de paix en Irlande du Nord et le rôle central des principes de réconciliation et de solidarité internationale, la nécessité de lutter contre la discrimination et pour la reconnaissance des droits de l’homme et leur concrétisation.

Il a établi le lien entre la recherche de la paix et le rôle du travail décent et du dialogue social et a dit aux délégués à la Conférence internationale du Travail (CIT):

«Elargir les débouchés économiques, assurer la reconnaissance des droits économiques et sociaux fondamentaux, défendre le travail décent, le faire progresser et le réaliser, et faciliter le dialogue social entre travailleurs, employeurs et organisations citoyennes, sont des éléments déterminants pour reconstruire après un conflit et pour prévenir toute reprise de la guerre.»

Il a fait référence à la Déclaration de Philadelphie de 1944, une étape majeure pour l’OIT, qui stipule que tous les êtres humains ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel «dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales».

«En affirmant ce principe, nous, Membres de l’Organisation internationale du Travail, acceptons une responsabilité morale, politique, sociale et économique, non seulement à l’égard des peuples de nos propres nations mais à l’égard des peuples des autres nations et, si je peux me permettre de le souligner, pour les générations futures également, parce que la justice sociale ne peut être qu’illimitée, la paix universelle, et la solidarité ouverte à tous», a ajouté M. Higgins.

Dans son discours très dense, le Président a salué l’engagement de la CIT à mettre fin à la violence et au harcèlement au travail. «Ces actes quotidiens d’agression à l’encontre des femmes sont un scandale à l’échelle mondiale, ils ne connaissent pas de frontières.» Il a plaidé pour une réponse mondiale qui commence sur chaque lieu de travail.

Il a également abordé plusieurs sujets dans lesquels l’OIT est profondément impliquée, y compris la protection sociale, l’écart salarial entre hommes et femmes et l’avenir du travail.

Présentant le Président Higgins, le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, l’a décrit comment «un ardent défenseur de la justice sociale».

«Nous avons pu constater – et nous l’avons fait à de nombreuses reprises – votre énergie sans bornes pour mettre ces convictions au service de la paix et de la démocratie, en Irlande et ailleurs – du Nicaragua au Chili, du Cambodge à l’Irak et à la Somalie, et plus récemment en Colombie et en Syrie.»

Plus tôt dans la journée, M. Ryder avait dit aux délégués que les images choquantes diffusées depuis les champs de bataille ou les catastrophes naturelles «ne doivent pas nous immuniser contre les coûts humains qu’ils comportent mais plutôt, je pense, nous pousser à faire preuve de solidarité et à agir. C’est pourquoi l’OIT est, et doit être, présente dans ce type de situations… et c’est pour cela que nous sommes réunis aujourd’hui: en raison de la demande très directe de millions de femmes et d’hommes vivant dans des pays fragiles et affectés par les conflits et les catastrophes et de leur plaidoyer, maintes fois entendu, en faveur de l’emploi, de la nourriture, de la liberté et de la dignité, et de l’éducation pour les enfants.»